dimanche 24 janvier 2010

Orgasme féminin : mythes, faits, controverses

Résumé : Brusquement passée des ténèbres du continent noir où l’avait cantonné un siècle de psychanalyse, à l’aveuglante clarté de la médecine basée sur les preuves, la sexualité féminine n’en a pas pour autant livré tous ses secrets. L’orgasme des femmes, qui n’en finit pas de susciter débats et controverses depuis le xixe siècle en est une excellente illustration. Nombre de zones d’ombre persistent encore de nos jours, en particulier au niveau de l’existence du point G., qui a fait l’objet depuis les années 1980, d’un important phénomène médiatique rendant très difficile une lecture scientifique des faits s’y attachant. Il est quasiment possible de lire l’histoire récente des femmes au travers des grands débats d’idées qui nous agitent depuis près de deux siècles sur la nature de leur jouissance, vaginale ou clitoridienne. Au primat de l’orgasme vaginal de la fin du xixe siècle et du début du suivant, a succédé la dictature du clitoris des combats féministes, marquant l’émancipation sociale et sexuelle des femmes de la seconde moitié du xxe siècle. Mais les études les plus récentes, utilisant des moyens d’investigations modernes, font apparaître, derrière la classique opposition entre orgasme vaginal contre clitoridien, le concept d’une véritable unité anatomofonctionnelle liant clitoris, vulve, vagin, urètre et anus, sous la dépendance d’un même axe neurophysiologique. Le débat sur la sexualité féminine et la nature de l’orgasme au féminin est cependant toujours ouvert, après avoir mobilisé un demi-siècle de féminisme, et même si l’heure n’est plus à la guerre des sexes, il est encore très difficile de faire la part des choses entre évidences scientifiques et fausses croyances sur la sexualité féminine alimentant de trop nombreuses idées reçues.

Référence : Colson MH (2010), L’orgasme des femmes, mythes, défis et controverses, Sexologies, epub, doi:10.1016/j.sexol.2009.11.003.

Point G : aucune héritabilité

Le débat sur l’existence du point G continue de faire rage parmi les spécialistes. Bien qu’une certaine proportion de femmes rapporte l’existence de cette zone très sensible de la paroi antérieure du vagin, il n’existe pas de consensus sur sa base anatomique et biochimique. Les chercheurs du laboratoire du Timothy Spector (Kings’College, Londres) ont entrepris d’examiner l’héritabilité de ce point G, c’est-à-dire l’existence d’une base héréditaire dans les différences entre individus rapportant ou non son existence. À cet effet, 1804 jumelles âgées de 22 à 83 ans ont été interrogées. 56 % d’entre elles ont affirmé avoir un point G, cette prévalence baissant avec l’âge. Mais aucune influence génétique n’a pu être isolée. Conclusion des chercheurs : « Une des raisons pour cette absence d’héritabilité est que les femmes diffèrent dans leur capacité à détecter leur propre point G. Néanmoins, nous postulons que la raison de ce manque de variation génétique – en contraste avec tous les autres traits anatomiques et physiologiques – est qu’il n’existe aucune base physique au point G ».

Références : Burri AV et al (2010), Genetic and environmental influences on self-reported G-spots in xomen: a twin study, J Sex Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01671.x

Vélo et impuissance

Le lien entre vélo et impuissance est-il une légende urbaine ? Non. Frank Sommer et ses collègues ont passé en revue la littérature scientifique et médicale à ce sujet : leur travail confirme le risque accru de dysfonction érectile en cas de pratique régulière de la bicyclette. La compression périnéale entraîne probablement des troubles vasculaires, endothéliaux et neurogéniques. Référence : Frank Sommer et al. (2010), Bicycle riding and erectile dysfunction: a review, J Sex Med, epub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01664.x)

jeudi 21 janvier 2010

L’odeur des femmes et l’excitabilité masculine

Que l’odeur ne soit pas étrangère à la séduction, c’est ce dont témoigne trivialement le marché mondial de la parfumerie. Les femmes sont-elles cependant avisées de rechercher le secret du succès amoureux dans les dernières sophistications des créateurs ? Une étude de Jon K. Maner et de son étudiant Saul L. Miller (Université de Floride) incite à penser le contraire.

Dans cette expérience en deux temps, les chercheurs ont demandé à des femmes (4 et 11) ne prenant pas de contraceptifs oraux, ne mettant pas de parfum et n’utilisant pas de cosmétiques synthétiques de porter un T-shirt pendant trois nuits consécutives. Des hommes (37 et 68) devaient ensuite respirer l’odeur de ces T-shirts et les classer selon leur caractère agréable. Le taux de testostérone salivaire de ces hommes a été mesuré avant et après qu’ils aient reniflé le vêtement. Des T-shirts de contrôle, n’ayant jamais été portés par quiconque, ont aussi été utilisés.

Résultat : les hommes ont préféré l’odeur des T-shirts portés par les femmes à celle des T-shirts vierges de tout fluide humain. Au sein des T-shirts portés par les femmes, ce sont ceux portés pendant la période fertile (ovulation) qui ont eu le plus de succès. Le taux de testostérone a suivi l’appréciation subjective : minimum pour un T-shirt jamais porté par une femme, maximum pour les T-shirts des femmes fertiles.

Il existe donc une réponse biologique, sans doute inconsciente, à l’odeur des femmes fertiles.

Référence : Miller, S.L., J.K. Maner (2010). Scent of a woman: Men's testosterone responses to olfactory ovulation cues, Psychological Science, e-pub., doi: 10.11770956797609357733  (Téléchargeable sur la page de Saul L. Miller.)

Paraphilies : les deux-tiers des hommes concernés ?

On désigne par « paraphilies » un certain nombre de comportements sexuels jugés comme pathologiques, parce qu’ils se manifestent par une souffrance ou une détresse, chez le sujet ou chez le tiers. Pédophilie, zoophilie, voyeurisme, sado-masochisme sont quelques-unes des paraphilies les plus célèbres, mais il en existe bien d’autres.

Le caractère pathologique des paraphilies est cependant contesté pour nombre d’entre elles. Quoique fort minoritaires dans les pratiques, elles ne provoqueraient ni souffrance ni détresse particulière. Sans prétendre trancher, une équipe de chercheurs berlinois a étudié la présence des thématiques de paraphilies dans les motifs d’excitation de 367 hommes volontaires, âgés de 40 à 79 ans. Outre l’enquête sur leurs fantasmes, les sujets ont également et anonymement rempli deux autres questionnaires relatifs à leur santé et leur style de vie.

Résultats : 62,4 % des hommes ont rapporté une paraphilie comme motif d’excitation. Dans 1,7 % des cas seulement elle était associée à une détresse. Parmi les facteurs associés à la probabilité de développer (en fantasme ou en comportement) une paraphilie : le fait de vivre seul, de se masturber au moins une fois par semaine, d’avoir un faible score dans l’appréciation subjective de sa santé. Parmi les paraphilies, 8,5 % des hommes ont rapporté des fantasmes pédophiles, et 3,8 % une pratique.

Références : Ahlers CJ et al (2009), How unusual are the contents of paraphilias? Paraphilia-associated sexual arousal patterns in a community-based sample of men, J Sex Med, e-pub doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01597.x