mercredi 9 décembre 2009

Distance génétique et choix sexuel (chez le mandrill)

Le mandrill (Mandrillus sphinx) est un primate des forêts tropicales africaines, proche du babouin. Les mâles sont plus colorés que les femelles, avec une peau rouge, bleue et pourpre sur la face. Le dimorphisme assez marqué concerne aussi le poids (jusqu’à 35 kg pour un mâle, environ le tiers pour la femelle). Les mandrills sont des primates sociaux vivant dans des groupes parfois largos (jusqu’à 800 individus). Ils ont un régime sexuel polygame. Ces deux dernières caractéristiques les rapprochent de leurs cousins humains.

Une équipe internationale des universités de Durham, Cambridge et Montpellier, dirigée par Jo Setchell, a étudié la proximité génétique des partenaires sexuels, à travers des microsatellites neutres et les gènes du complexe majeur d’histccompatbilité (le système immunitaire). Leur objectif était de vérifier chez le mandrill une observation déjà faite dans de nombreuses autres espèces, dont l’homme : la tendance des individus à choisir un partenaire reproductif dont certains gènes sont différents des siens. Et c’est effectivement le cas chez les mandrills étudiés, qui appartenaient une population gabonaise vivant en régime semi-ouvert.

Cette sélectivité fait sens : des gènes complémentaires (hétérozygotes) dans le système immunitaire augmentent la résistance aux maladies de la descendance. Inversement, une endogamie trop stricte peut produire un fardeau génétique en accroissant la probabilité d’assortir des gènes récessifs liés à des pathologies. Dans les populations qui connaissent peu de migrations, il vaut donc mieux choisir un partenaire sexuel éloigné sur certains sites du génome. Mais comment s’opère cette reconnaissance sexuelle des gènes ? Au moins deux hypothèses sont ouvertes : par l’odorat (sélection depuis le phénotype par odeur corporelle) ou par des barrières de fertilisation chez la femelle (sélection directe du génotype par reconnaissance moléculaire et cellulaire).

Référence : Setchell JM et al (2009), Opposites attract: MHC-associated mate choice in a polygynous primate, J Evol Biol, e-pub, doi : 10.1111/j.1420-9101.2009.01880.x

mercredi 2 décembre 2009

Pilule pour hommes en vue

Une équipe de chercheurs vient de mettre en lumière sur un modèle murin un mécanisme relativement simple de contrôle de la fertilité masculine. Les biologistes ont mis en évidence le rôle clé des récepteurs à androgènes situés sur les cellules myoïdes, aussi appelées cellules tubulaires car elles se situent sur les tubes séminifères du testicule. Lorsque le récepteur est désactivé, la production de sperme et le résultat est l’infertilité provisoire des mâles. Ces travaux ouvrent la voie au traitement de certaines stérilités masculines, mais aussi à des pilules contraceptives ciblées sur ces récepteurs androgènes.

Référence : Welsh M et al (2009), Androgen action via testicular peritubular myoid cells is essential for male fertility, FASEB J., 23: 4218-4230, doi : 10.1096/fj.09-138412