samedi 7 novembre 2009

Sexe, exploitation, évolution

David Buss, psychologue évolutionniste (Université du Texas), spécialiste des questions amoureuses et sexuelles, introduit dans la dernière livraison de Behavioral and Brain Sciences la question de l’exploitation et des émotions qui lui sont attachées. L’exploitation (de la femme par l’homme) est un thème classique de la littérature féministe moderne. Il intéresse aussi l’approche darwinienne.

Buss distingue trois catégories fondamentales de stratégie pour acquérir des ressources reproductivement utiles : l’acquisition individuelle (par le travail, la collecte, la chasse, etc.), l’acquisition coopérative (échange, altruisme, coalition, etc.) et l’exploitation. Cette dernière connaît divers degrés d’intensité : des formes très modérées consistent à ne pas rendre autant que l’on a reçu dans un échange fondé sur la réciprocité ; des formes extrêmes résident dans la guerre pour s’approprier les ressources (et les partenaires sexuels potentiels) d’un groupe adverse. Le chercheur observe qu’en dehors de certains travaux sur la tromperie / tricherie et sa détection dans les sciences cognitives, très peu de recherches ont été consacrées à cette notion d’exploitation et d’exploitabilité dans l’évolution, ainsi qu’aux mécanismes de défense développés pour repérer les exploiteurs ou se protéger d’eux.

Amour et sexualité occupent une place intéressante dans les stratégies interpersonnelles d’exploitation, et c’est ainsi que le problème est parfois posé dans la culture populaire (depuis l’homme profitant gratuitement du travail à domicile de sa partenaire ou brutalement de la fertilité d’une femme sexuellement agressée jusqu’à la femme exploitant les ressources issues d’un bon mariage ou de divorces plus fructueux encore). Pour Buss, des émotions comme la peur, la colère, la jalousie ont typiquement évolué pour éviter que la confiance ne soit trompée, notamment la confiance induite par le sentiment amoureux.

Référence : Buss DM (2009), The role of emotions in adaptations for exploitation, Behavioral and Brain Sciences (2009), 32, 391-392, doi: 10.1017/S0140525X09991087

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