jeudi 12 novembre 2009

Ratio 2D:4D en Chine et chez les primates

Lorsque l’on est un homme, la probabilité est forte que son annulaire (4D) soit plus long que son index (2D). Et inversement si l’on est une femme. Dans la littérature scientifique, on parle de ratio 2D : 4D, c’est-à-dire de la longueur d’index divisée par la longueur d’annulaire. Ce ratio est un trait montrant un net dimorphisme sexuel, avec des valeurs plus faibles en moyenne chez les hommes que chez les femmes (inférieures à 1 chez l’un, égal ou supérieur à 1 chez l’autre).

Le sujet peut sembler futile, il a pourtant donné naissance à des centaines de travaux. Car ce ratio digital est corrélé positivement ou négativement à un grand nombre de traits, au-delà du simple hasard des associations statistiques. En vrac : les capacités visuospatiales, les aptitudes verbales, l’émotivité, l’agressivité, la capacité sportive chez les femmes, l’homosexualité chez les Caucasiens, le poids à la naissance, le nombre de spermatozoïdes par éjaculat, la dépression, l’autisme et le syndrome d’Asperger, l’hyperplasie congénitale, l’obésité, les pathologies cardiaques…

Deux recherches récentes illustrent cet intérêt. Dans la première, une équipe de chercheurs chinois et américains a étudié le ratio 2D : 4D chez une population de 118 hommes et 103 femmes, âgés de 18 à 31 ans, hétérosexuels et droitiers. Étaient également mesurés le taux de testostérone dans la salive et le degré de masculinité/féminité des attitudes et comportements. Si les hommes ont montré un ratio inférieur aux femmes, il n’a pas été possible en revanche de retrouver des corrélations significatives entre ce ratio t les autres facteurs analysés. Les scientifiques suggèrent que la définition de la masculinité (ou de la féminité) présente une importante diversité culturelle.

L’autre travail, mené par Emma Nelson (Université de Liverpool) et Susanne Shultz (Université d’Oxford), concerne des primates de l’Ancien et du Nouveau Monde. Les chercheuses montrent que le ratio 2D : 4D, supposé provenir d’une exposition précoce aux androgènes, varie selon les espèces, qu’il est plus bas dans les espèces à mâle dominant pratiquant la polygynie et plus élevé chez celles pratiquant des unions plus stables entre deux individus. Plus la compétition intrasexuelle (intermâle) est forte et plus le ratio est bas, indiquant un rôle des hormones masculines dans le développement. L’espèce humaine se situe entre les singes du Nouveau Monde à ratio bas et les primates de l’Ancien Monde les plus adeptes de la promiscuité.

Références : Yang CFJ et al (2009), Second to fourth digit ratios, sex differences, and behavior in Chinese men and women, Social Neuroscience, 4, 1, 49-59, doi : 10.1080/17470910801942876 ; Nelson E, S Shultz (2009), Finger length ratios (2D:4D) in anthropoids implicate reduced prenatal androgens in social bonding, Am J Phys Anthrop, e-pub, doi : 10.1002/ajpa.21157 

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