samedi 31 octobre 2009

Halloween : sans danger particulier pour les enfants

Aux États-Unis, où la fête d’Halloween est plus populaire que sur le Vieux Continent, plusieurs municipalités, comtés et États ont pris sous pression conservatrice des dispositions pour écarter des activités festives les personnes reconnues coupables de crimes ou délits sexuels. Quatre chercheurs ont examiné si cette disposition répond à un risque d’agression sexuelle sur enfant plus prononcé à cette occasion.

67.045 agressions sexuelles non familiales sur enfant de moins de 12 ans, commises entre 1997 et 2005, ont été passées en revue. La période d’Halloween ne montre aucune anomalie statistique compte tenu de la saison et de la période de la semaine considérées. Le principal risque concerne plutôt les accidents de la route. Avec un certain bon sens, les auteurs concluent qu’il n’est pas forcément utile de légiférer contre un problème imaginaire.

Référence : Chaffin M et al (2009), How safe are trick-or-treaters?, Sexual Abuse: A Journal of Research and Treatment, 21, 3, 363-374, doi : 10.1177/1079063209340143

Après un viol : résilience ou non ?

Aux États-Unis, on estime que 13 à 26 % des femmes ont subi un rapport sexuel contraint. Mais il existe des différences importantes dans les conséquences psychologiques du viol. Environ la moitié des victimes développe un syndrome de stress post-traumatique (SSPT), tandis que l’autre ne manifeste aucun trouble psychologique décelable. Une équipe de chercheurs américains a utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle afin d’examiner 42 femmes, 14 ayant subi un viol avec SSPT, 14 ayant subi un viol sans SSPT, 14 n’ayant pas subi de viol et ne présentant pas de pathologie. Les volontaires ont été exposées à des stimuli induisant des émotions négatives. La différence la plus notable a résidé dans l’activation du cortex préfrontal : les femmes ayant subi un viol mais ne manifestant pas de trouble ultérieur semblent avoir une capacité supérieure aux autres dans cette région cérébrale. Cela suggère le développement de stratégies cognitives (conscientes ou inconscientes) susceptibles de dépasser un événement traumatisant.

Référence : New AS et al (2009), A functional magnetic resonance imaging study of deliberate emotion regulation in resilience and posttraumatic stress disorder, Biological Psychiatry, 66, 7, 656-664, doi : 10.1016/j.biopsych.2009.05.020

vendredi 30 octobre 2009

Les grands-mères sont-elles injustes ? Longévité, ménopause, investissement grand-parental


L’espérance de vie des femmes se prolonge bien au-delà de la ménopause, et elle est aujourd’hui même supérieure à celle des hommes. Les biologistes évolutionnistes s’intéressent à ce trait, qui n’est pas spécialement prédit par la théorie : pendant les 20 à 50 ans où la femme est devenue infertile, elle ne peut par définition transmettre ses gènes ; et l’on s’attendrait plutôt à une sélection nulle ou négative pour la longévité. Ce qui n’est pas le cas. Parmi les nombreuses hypothèses avancées pour expliquer la survie après la ménopause, la plus débattue est sans doute « l’effet grand-mère ». Elle s’expose ainsi : les grands-mères investissent temps, énergie et ressource pour s’occuper de leurs petits-enfants, ce qui augmente la probabilité de survie de deux-ci, donc en dernier ressort la transmission génétique.

Mais cette hypothèse, comme bien d’autres en théorie de l’évolution, est difficile à tester. L’équipe de Leslie Knapp (Université de Cambridge) a trouvé une idée intéressante : si l’investissement des grands-mères est (inconsciemment bien sûr) lié à la bonne transmission des gènes, on devrait peut-être observer un biais dans la survie des petits-enfants issus de leur fille plutôt que de leur fils. En raison du chromosome X, les grands-mères ont en effet un nombre variable de gènes en commun avec les lignées féminines et les lignées masculines. Le chromosome X contient 1529 gènes, 4,4 % de l’ensemble de l’ADN mais environ 8 % du génome humain. Selon que son X se transmet ou non, une grand-mère partage de 23 à 31 % de ses gènes avec son petit-enfant (en moyenne 25 %). Le lien génétique le plus fort se constitue entre la grand-mère paternelle et sa petite-fille (l’un des X de celle-ci provient nécessairement du père), le plus faible avec son petit-fils (dont le X unique peut provenir de la mère, et donc être non-apparenté à la grand-mère).

Pour valider ou invalider cette conjecture, les chercheurs ont analysé les données historiques de sept pays, aussi différents que l’Angleterre, le Japon ou l’Éthiopie, remontant parfois jusqu’au XVIIe siècle. Résultat : ils montrent qu’en moyenne et dans les sept pays, la probabilité de survie des petits-enfants est conforme à la probabilité de proximité génétique d’avec la lignée grand-maternelle (c’est-à-dire : investissement maximal pour une grand-mère paternelle et sa petite-fille, minimum pour une grand-mère paternelle et son petit-fils, intermédiaire pour les autres cas).

Les traditionnelles disputes des parents sur les parti-pris de leur belle-mère auraient-elles trouvé leur explication?

Référence : Fox M et al (2009), Grandma plays favourites: X-chromosome relatedness and sex-specific childhood mortality, Proc Roy Soc B Biol Sci, e-pub, doi: 10.1098/rspb.2009.1660

jeudi 29 octobre 2009

Fellation chez les chauve-souris


Cynopterus sphinx est une chauve-souris frugivore, répandue en Inde et dans le Sud-Est asiatique. Appelés aussi chauve-souris à petit nez, elles vivent suspendues, tantôt solitaires tantôt en groupes de deux ou plus. Dans ce dernier cas, il est fréquent qu’un mâle vive avec plusieurs femelles dans une niche de feuilles. Ces chauve-souris présentent une particularité : elles pratiquent la fellation hétérosexuelle. Chez Cynopterus sphinx, la femelle lèche souvent le pénis du mâle dans la phase de copulation dorsoventrale. Une équipe de chercheurs chinois et anglais s’est intéressée à ce comportement sexuel relativement atypique dans le monde animal. Ces chauve-souris à petit nez adoptent en fait une position particulière : lorsque le pénis a déjà pénétré la femelle, celle-ci lèche sa base (jamais le gland). Il existe une corrélation positive entre la durée de la fellation et celle de la copulation. On observe sur le graphique ci-joint la comparaison de durée des actes sexuels (avec et sans fellation, donc). Par ailleurs, le mâle ayant bénéficié d'une fellation consacre plus de temps aux toilettes (grooming) postcopulatoires.

On a documenté des cas de fellation chez le bonobo (Pan paniscus), mais il s’agit surtout d’un comportement de jeu entre jeunes mâles. La fellation a également été observée chez l’orang-outang (Pongo Pygmeus), l’acte étant interrompu et la femelle caressant le pénis avec sa main et sa bouche avant de le réintroduire. Une autre espèce de chauve-souris, la chauve-souris frugivore de Livingstone (Pteropus livingstonii), est aussi adepte des pratiques buccale. Les chercheurs font plusieurs hypothèses (non mutuellement exclusives) pour expliquer l’apparition de la fellation : maintien de l’érection, lubrification facilitant l’acte, fertilisation plus probable lors d’un acte sexuel plus long, propriétés bactéricides de la salive, détection d’indices chimiques informant sur la compatibilité immunitaire avec le partenaire.

Référence : Tan M et al (2009), Fellatio by fruit bats prolongs copulation time, PLOS One, 4, 10,  e7595. doi:10.1371/journal.pone.0007595

mercredi 28 octobre 2009

La femme du futur ? Plus petite, plus dodue, plus fertile

Une idée reçue énonce que l’évolution humaine a cessé. Ce qui n’a pas de sens : tant qu’il existe un différentiel de survie et de reproduction entre les femmes, l’évolution se poursuit. Stephen Stearns (Université Yale) et ses collègues s’en sont assurés en analysant les données de la célèbre cohorte de Framingham, une des plus anciennes en épidémiologie contemporaine. Débutée en 1948 pour analyser les déterminants des problèmes cardiovasculaires, cette étude analyse le parcours de vie et les données médicales de plus de 14.000 habitants de la ville de Framingham, dans la Massachusetts. Parmi eux, les chercheurs ont isolé 2238 femmes ayant aujourd’hui atteint la ménopause, dont on peut étudier la fertilité finale. Selon eux, il en résulte que les femmes un peu plus grosses et un peu plus petites que la moyenne tendent à avoir plus d’enfants que les autres. Il en va de même pour les femmes ayant moins de cholestérol et une pression sanguine plus faible. Ainsi, sans surprise, que les femmes ayant connu le plus tôt leur première grossesse ou le plus tard leur ménopause. Si cette tendance devait se poursuivre sur 10 générations, la moyenne des femmes en 2409 mesurerait 2 centimètres de moins, pèserait 1 kg de plus, aurait leur premier enfant 5 mois plus tôt et leur ménopause 10 mois plus tard. Si les traits en questions dépendent de facteurs génétiques, bien sûr, mais c’est le cas selon les chercheurs qui ont par ailleurs contrôlé les différences sociales et culturelles entre les femmes étudiées.

Référence : Byars S et al. (2009), Natural selection in a contemporary human population, PNAS, e-pub, doi: 10.1073.pnas.0906199106

lundi 26 octobre 2009

Addiction à la pornographie : un trouble à visée normative?

Dans la revue trimestrielle Sexologies, F. Voros (EHESS Paris) propose une analyse éclairante sur l’invention de l’addiction à la pornographie. L’auteur observe : «Au moment où un récit de soi de l’« accro au porno » apparaît dans l’espace public à travers des sites Internet et des émissions télévisées, et où cette catégorie intègre le langage ordinaire, l’idée selon laquelle la pornographie serait une drogue, et son usage intensif un état pathologique qu’il serait possible de distinguer d’un état normal, et donc de soigner, divise toujours les professionnels de la santé sexuelle. Si le nombre de publications traitant de la consommation «excessive» et «incontrôlée» de pornographie depuis les perspectives de l’«addiction sexuelle» ou de l’«addiction à Internet» a littéralement explosé outre-atlantique depuis les années 1990, ce nouveau langage médical suscite encore la suspicion de nombreux cliniciens, en France mais également aux États-Unis.»

L’addiction à la pornographie est ainsi une catégorie encore incertaine dont on peut retracer l’histoire : apparition des premières pratiques de prise en charge au sein de groupes de «dépendants à la sexualité» aux États-Unis à la fin des années 1970 ; développement d’une expertise médicale à partir des années 1980 au carrefour de plusieurs disciplines (psychiatrie, psychologie, sexologie, psychanalyse, neurobiologie) et domaines de savoir émergeants (addiction sexuelle, compulsion sexuelle, addiction à Internet) ; puis diffusion médiatique de la notion en France à partir des années 2000.

Comme le souligne l’auteur, l’addiction à la pornographie est sous-tendue par un discours implicitement normatif : «Au-delà des variations dans le discours des différents acteurs impliqués dans la lutte contre l’addiction à la pornographie, l’état de santé sexuelle auquel il est implicitement fait référence consiste en une sexualité relationnelle régulière (mais modérée), s’inscrivant dans une relation de couple durable n’impliquant aucun fantasme pervers (concentration sur l’acte en lui-même), et permettant une vie sociale «réussie». Un enchevêtrement de plusieurs régimes de normativité sexuelle est ainsi impliqué dans la production de cette nouvelle anomalie sexuelle : la norme de «bon fonctionnement sexuel», selon laquelle une sexualité relationnelle régulière, associée à une minimisation de l’autosexualité (perte de l’énergie sexuelle masculine), serait une source d’équilibre psychologique et de performance corporelle ; l’idéal conjugal, selon lequel le seul plaisir sexuel épanouissant est celui qui participe de la construction d’une relation de couple durable ; et enfin la norme hétérosexuelle, puisque l’opposition entre des relations sexuelles «normales» et «saines» (coït hétérosexuel) et des fantasmes pornographiques «extrêmes» ou «pervers» (représentations de viols, d’actes pédophilies, zoophiles… mais aussi des sexualités gay, trans ou SM) ne fait sens qu’au sein d’une vision profondément hétérocentrée de la diversité des genres et des sexualités.»

Référence : Voros F (2009), L’invention de l’addiction à la pornographie, Sexologies, e-pub, doi:10.1016/j.sexol.2009.09.008

dimanche 25 octobre 2009

Contrastes et cosmétiques

Dans le journal Perception, Richard Russell, professeur de psychologie à l’Université de Gettysburg, suggère que les traits moyens des visages féminins et masculins diffèrent par le contraste que l’on observe dans la zone des yeux et de la bouche (par rapport à la peau environnante). Les visages les plus féminins sont les plus contrastés, et ils sont aussi perçus comme les plus attractifs. Cette perception intuitive contribuerait à expliquer l’usage des cosmétiques, qui accentuent bien sûr le contraste en question.

Référence : Russell R (2009), A sex difference in facial contrast and its exaggeration by cosmetics, Perception, 38, 8, 1211-1219, doi:10.1068/p6331

samedi 24 octobre 2009

Quand la mouche (femelle) travaille après l’amour

Les drosophiles (mouche du vinaigre, Drosophilia melanogaster) ont deux pics d’activité, à l’aube et au crépuscule. L’après-midi est habituellement consacré à ce que nous appellerions la « sieste », soit une période de relative quiétude. Ce rythme quotidien est cependant dimorphique, car le mâle est globalement plus indolent que la femelle, celle-ci passant plus de temps à la recherche de nourriture et de lieux pour déposer ses œufs. Mais la sexualité modifie encore ces habitudes, et le déséquilibre mâle-femelle, comme vient de le montrer d’équipe d’Elwyn Isaac.

Les chercheurs ont examiné des populations de mouches vierges et d’autres venant de copuler. Ils ont observé que les insectes vierges femelles ont des rythmes se rapprochant du mâle, avec une pause marquée l’après-midi. En revanche, la femelle en phase de copulation voit son temps de repos diurne limité de 70 %, et cela pendant 8 jours après l’acte sexuel. Pourquoi ? Il semble bien que le mâle est responsable de ce changement de rythme à travers le Sex Peptide (SP), une protéine présente dans le liquide séminal. En effet, des mâles dont la sécrétion de ce peptide a été supprimée ne provoquent pas de modification comportementale chez la femelle. L’une des conséquences fâcheuses pour la femelle est que le stress induit par le SP et le surcroît de travail dans la quête de nourriture et de nid impliquent une limitation de sa longévité. Les mouches ne connaissant pas vraiment la parité…

Référence : Isaac RE et al (2009), Drosophila male sex peptide inhibits siesta sleep and promotes locomotor activity in the post-mated female, Proc Roy Soc B, e-pub, 10.1098/rspb.2009.1236

jeudi 22 octobre 2009

Adolescence, attractivité et statut social

Après une analyse récente sur le visage et la voix, le développement du désir chez les adolescents fait l’objet d’une nouvelle étude expérimentale. Une équipe néerlandaise a travaillé sur une population de 1913 individus âgés de 13 à 18 ans. Les participants ont rempli un questionnaire sur les diverses caractéristiques souhaitées chez un partenaire potentiel de court terme. Ils ont également été placés dans une situation expérimentale de rencontre (dating) où les partenaires potentiels, d’un statut social plus ou moins élevé, devaient être notés comme plus ou moins attirants. Les garçons ont dans l’ensemble accordé plus d’importance à l’attractivité physique que les filles. Les deux sexes ne montrent pas différence sur le statut social dans le questionnaire, qui est dans l’ensemble peu valorisé par rapport aux choix des adultes. Néanmoins, dans l’expérience de rencontre, les garçons ayant d’abord jugé une fille attractive tendent à sélectionner secondairement sur le statut social. Et les filles considèrent le statut social comme aussi important que l’attractivité physique. Plus un individu se perçoit comme lui-même attractif (auto-évaluation subjective), plus il sera exigeant sur ce critère.

Références : Radboud TH et al (2009), Effects of attractiveness and social status on dating desire in heterosexual adolescents: An experimental study, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9561-z

mercredi 21 octobre 2009

Une exposition pédophile à la Tate Modern de Londres ?

Cette image bien connue représente l’actrice américaine Brooke Shields, photographiée par Gary Gross, popularisée par Richard Prince qui en a racheté le droit de tirage. Elle devait figurer dans l’exposition "Pop Life", qui se tient à la Tate Modern de Londres.

Mais une unité de police spécialisée dans la chasse aux images obscènes (Metropolitan Police Service Obscene Publication Unit) a considéré qu’exposer une telle photo représenterait un délit. Les organisateurs ont donc remplacé en urgence l’image par une autre, signé Richard Prince et représentant la même actrice, à ceci près qu’elle est désormais âgée… de 40 ans. Le catalogue même de l’exposition a été interdit à la vente au dernier moment, soit une perte de 348 000 euros.

La sensibilité extrême de l’époque à la pédophilie a donc des conséquences inattendues dans le monde de l’art. L'an dernier, la FIAC de Paris avait vu la saisie par la police d'une oeuvre supposée zoophile de l'artiste russe Oleg Kulik.

(Source : Le Monde. Image : DR)

mardi 20 octobre 2009

Evaluer une silhouette attirante : ratio taille-hanche ou indice de masse corporelle ?

Les études comportementales ont suggéré deux caractéristiques importantes dans le choix d’un partenaire féminin : la distribution de graisse, que représente le ratio taille-hanche, et la graisse totale, que mesure l’indice de masse corporelle. Qu’est-ce qui motive vraiment l’observateur quand il examine un corps ? Pour le savoir, une équipe de chercheurs anglais ont utilisé la technique de l’eye-tracking (oculométrie), qui permet de suivre avec précision les mouvements de l’œil dans l’espace attentionnel.

Trois groupes de 10 hommes et trois autres de 10 femmes ont évalué 46 photographies de corps féminins. À chaque groupe, on demandait respectivement de juger de l’attractivité, du ratio taille-hanche ou de la masse corporelle totale de la personne photographiée. Les chercheurs ont donc pu isoler les mouvements de vision spécifiques au jugement d’attractivité, pour examiner ensuite leurs convergences ou divergences avec les deux autres. Il en ressort que l’indice de masse corporelle et l’évaluation d’attractivité obéissent à des répartitions très semblables, alors que le ratio taille-hanche est fort différent.

Référence : Cornelissen PL et al. (2009), Patterns of eye movements when male and female observers judge female attractiveness, body fat and waist-to-hip ratio, Evol Hum Behav, 30, 6, 417-28, doi : 10.1016/j.evolhumbehav.2009.04.003

lundi 19 octobre 2009

Les critères d’attirance changent avec l’adolescence

Biologistes et psychologues d’inspiration darwinienne analysent les facteurs d’attractivité qui sous-tendent certains choix de partenaires. Parmi les indices les plus répandus figurent les formes du visage et les tons de la voix. Ces travaux sont menés chez l’adulte. Une équipe de chercheurs anglais s’est intéressé à l’émergence de ces préférences (moyennes) dans l’adolescence, avec un groupe de volontaires âgés de 11 à 15 ans. Ceux-ci devaient observer des photographies de visages plus ou moins moyens, féminins et symétriques. (On a montré que les visages « moyens » obtenus par fondu de plusieurs visages sont jugés plus attractifs que les autres, sans doute parce que la moyenne ainsi obtenue tend à lisser les traits rares et potentiellement inattirants). Ils devaient aussi juger plusieurs ton de voix.

Les adolescents ont jugé les visages moyens, féminins et symétriques plus attirants qu’ils ne l’auraient fait par un choix aléatoire. Ces choix varient cependant avec l’âge et le sexe. Il en va de même pour les voix. Les filles les plus âgées (mais pas les jeunes) tendent à préférer les voix masculines plus graves, les garçons les plus jeunes (mais pas les plus âgés) tendant de leur côté à préférer les voix féminines plus haut perchées.

Le contrôle par âge et degré de développement pubertaire montre que les critères sélectifs sont modifiés par l’entrée dans l’âge pubère. Ils rejoignent ainsi ceux des adultes lorsque les individus atteignent la maturité sexuelle et que la sélection du partenaire devient pertinente pour eux.

Référence : Saxton TK et al. (2009), Face and voice attractiveness judgments change during adolescence, Evol Hum Behav, 30, 6, 398-408, doi:10.1016/j.evolhumbehav.2009.06.004

dimanche 18 octobre 2009

Suivi des transsexuels après réassignation chirurgicale

Quatre chercheurs suédois ont examiné l’évolution de 42 patients transsexuels ayant connu une réassignation chirurgicale (25 M>F et 17 F>M). 26 d’entre eux (62 %) ont ressenti précocement le trouble de genre contre 16 (38 %) chez qui celui-ci s’est manifesté plus tardivement dans l’existence. 29 (69 %) se définissaient comme homosexuels, 13 (31 %) comme hétérosexuels (par rapport à leur sexe biologique avant opération).

Au moment de l’enquête, 32 patients avaient achevé la phase chirurgicale de changement de sexe, 5 étaient en cours de procédure et 5 avaient décidé d’abandonner l’intervention sur les organes génitaux. Aucun ne regrettait sa décision. Les médecins ont estimé l’issue globalement favorable dans 62 % des cas (contre 95 % selon l’auto-évaluation des patients sur questionnaire). 90 % des sujets ont une existence stable pour ce qui est de la vie professionnelle, de la vie amoureuse et de la sexualité. Mais 5 à 15 % expriment des difficultés avec les suites post-opératoires, le traitement hormonal ou une des autres étapes de la procédure. On observe aucune différence significative selon le sexe après opération (M>F ou F>M).

Les personnes ayant choisi tardivement la réassignation sexuelle diffèrent par plusieurs points : ce sont principalement des M>F (88 contre 42 %), ils sont plus âgés au moment de l’opération (42 contre 28 ans), ils se définissent plus volontiers comme non-homosexuels (56 contre 12%).

Référence : Johansson A et al (2009), A five-year follow-up study of Swedish adults with gender identity disorder, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9551-1

samedi 17 octobre 2009

Beauté et contexte : l'implantation nasale selon les Brésiliens

Lors du congrès de l’Association américaine d’otorhinolaryngologie, des chercheurs ont présenté une étude sur les différences culturelles en matière d’évaluation de la beauté du visage. Le matériau pour l’analyse des préférences rassemblait les observations de professionnels de la chirurgie esthétique, de sculpteurs et artistes, et des citoyens américains (Etats-Unis) et brésiliens. Ces groupes ont visionné des photographies travaillées par ordinateur de six visages féminins, âgés de 18 à 30 ans, variant par la position relative de la base du nez (au niveau de la pupille et de la paupière). Les Brésiliens accordent ainsi leur préférence à une position haute (53 %) ou moyenne (36 %), une position basse faisant l’objet d’un rejet assez partagé (73 %). Ces proportions ne se retrouvent pas dans les jugements nord-américains. Si certains traits faciaux et corporels sont de nature transculturelle (appréciation de la symétrie ou d’un certain ratio taille-hanche, par exemple), d’autres sont en revanche bien plus dépendants des contextes sociaux, culturels ou historiques.

Représentations des organes génitaux et pratiques sexuelles

Debby Herbenick, directrice associée du Centre de promotion de la santé sexuelle de l’Université d’Indiana, a mis au point une échelle de mesure de l’attitude vis-à-vis des organes génitaux féminins. «Notre culture représente souvent les organes génitaux féminins comme sales, ayant besoin d’être lavés ou toilettés. Certaines femmes peuvent être plus exposés à ces messages négatifs, ou se montrer plus susceptibles à leur impact», observe-t-elle. Son étude a analysé les attitudes de 362 femmes et 241 hommes, en majorité d’origine caucasienne, âgés de 18 à 23 ans. «Les femmes sont souvent plus critiques à l’égard de leurs organes géniaux, ou de ceux d’autres femmes, que ne le sont les hommes.» L’étude montre également que les femmes ayant une image positive de leur sexe sont aussi celles qui recherchent plus volontiers le plaisir, atteignent plus aisément l’orgasme, et adoptent des pratiques sans risque. L’image du corps et le plaisir du sexe semblent ainsi étroitement associés.

Référence : Herbenick DL (2009), The development and validation of a scale to measure attitudes toward women's genitals, International Journal of Sexual Health, 21, 3 153-166, doi : 10.1080/19317610903149692

vendredi 16 octobre 2009

Fabrique du mâle : l'estrogène compte aussi

Le comportement des mâles est souvent rapporté à la testostérone, hormone sexuelle de différenciation. Mais une nouvelle étude publiée dans Cell rapporte que la testostérone ne raconte pas toute l’affaire et que l’estrogène, hormone « féminine », est également nécessaire lors de la constitution d’un organisme masculin, tout particulièrement de son cerveau.

«On sait depuis des décennies que l’estrogène peut jouer un rôle dans le fait que les mâles se comportent comme des mâles. Ce que nous avons fait, c’est mettre en lumière la logique par laquelle l’estrogène régule ainsi le comportement», explique l’un des investigateurs, Nirao Shah (Université de Californie, San Diego). La souris est le modèle animal ayant servi à l’expérience. En exposant des souriceaux femelles à un excès d’estrogène, il a été observé que celles-ci devenues adultes se comportent de manière plus masculine (en terme d’agressivité et de défense de territoire), même si elles restent en deçà des scores observés chez leurs congénères de l’autre sexe. L’examen anatomique et moléculaire révèle qu’une enzyme, appelée aromatase, est produite par les neurones convertissant la testostérone en estrogène. Or, les cerveaux mâles en comptent bien plus que les cerveaux femelles – c’est-à-dire que tôt au cours de leur développement, une partie de la testostérone est convertie en estrogène par l’aromatase.

On ne sait pas encore si le modèle murin est transposable au développement humain. De nombreux travaux antérieurs suggèrent que l’équilibre hormonal aux premiers instants de la vie intra- puis extra-utérine conditionne pour partie l’orientation sexuelle ultérieure des individus.

Référence : Wu MV et al (2009), Estrogen masculinizes neural pathways and sex-specific behaviors, Cell, 139, 1, 61-72, doi:10.1016/j.cell.2009.07.036

jeudi 15 octobre 2009

Sondage sur la sexualité des Français : âge des rapports et primauté des sens

Selon un sondage réalisé par Ifop pour le laboratoire Lilly, et publié le 13 octobre 2009, plus de 8 Français sur 10 estiment qu'il n'y a pas d'âge à partir duquel on cesse définitivement de faire l'amour. Cette proportion décroît avec l'âge : de 25% chez les moins de 25 ans, elle passe à 19% chez les 25 à 34 ans et à 16% chez les 35 à 49 ans avant de tomber à 9% chez les 50 à 64 ans. Elle remonte (20%) à partir de 65 ans. Par ailleurs, le toucher apparaît comme le sens le plus important lors d'un rapport sexuel (87%), aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La vue est aussi valorisée (39%), les hommes y étant deux fois plus sensibles (53%) que les femmes (27%). A l'inverse, l'odorat et l'ouïe jouent beaucoup plus pour les femmes que pour les hommes. Le goût arrive loin derrière pour les deux sexes. Les gestes qui éveillent le plus le désir sexuel sont les caresses sur le corps (97%) et le baiser langoureux (93%). Enfin la baisse du désir pour son partenaire apparaît à la fois comme «le plus grand tabou» dans le couple et le problème rencontré le plus fréquemment dans sa vie sexuelle.
Source : AFP, Ifop, Lilly.

Sida en Afrique : une «conduite sexuelle irresponsable» ?

Lors d'une conférence de presse sur le synode sur l'Afrique, réunissant 200 prélats au Vatican, le cardinal sud-africain Wilfrid Fox Napier a déclaré : «Quelle est la cause [du] développement considérable du virus en Afrique du Sud ? Généralement, c'est en raison d'une conduite sexuelle irresponsable (…)  Si c'est la cause, le meilleur moyen (pour y remédier) est de traiter la cause, ce qui veut dire amener les gens à changer leur conduite (…) Si vous êtes marié, vous devez pratiquer la fidélité (...) et si vous êtes célibataire, vous devez pratiquer la chasteté et vous abstenir de toute activité sexuelle». Les chercheurs considèrent que le cause du sida est de nature virale et que le préservatif est le meilleur moyen de prévenir sa transmission.
Source : AFP

mercredi 14 octobre 2009

Sexualité, bien-être et santé

Les femmes préménopausées et ménopausées qui s’estiment sexuellement satisfaites ont également un score plus élevé de bien-être psychologique et de vitalité. L’étude dirigée par Sonia Davidson (Université Monash, Australie) a concerné 295 femmes sexuellement actives (au moins deux rapports dans le mois écoulé). Les problèmes le plus souvent rencontrés par les femmes concernent respectivement le désir, l’intérêt et le plaisir sexuels. Contrairement à ce qui se passe pour les troubles masculins de dysfonction érectile, les problèmes sexuels des femmes ne peuvent être observés par la simple fréquence des rapports, beaucoup de femmes continuant d’être sexuellement active tout en expriment une insatisfaction liée à cette activité. L’équipe de chercheurs australiens a donc recruté de femmes âgées de 20 à 65 ans, réparties ensuite en quatre groupes : satisfaites et insatisfaites, pré- ou postménopausées. Sonia Davidson commente : «Nous avons montré que les femmes insatisfaites sexuellement ont un bien-être et une vitalité moindres que les autres. Le problème d’interprétation de ce résultat est qu’il est impossible de déterminer si les femmes éprouvaient peut de bien-être parce qu’elles étaient sexuellement insatisfaites ou si l’inverse est vrai, c’est-à-dire qu’un bien-être déjà entamé se traduit secondairement par des troubles de l’activité sexuelle». Plus de 90 % des femmes ayant participé à l’enquête ont une activité sexuelle impliquant un partenaire, et ce dernier prend l’initiative dans la moitié des cas.

Dans le même numéro du Journal of Sexual Medicine, quatre experts (gynécologue, endocrinologue, urologue et psychologue) débattent des liens entre sexualité et santé. Une pensée non-scientifique, souvent d’inspiration religieuse, a eu longtemps tendance à associer la sexualité avec le risque, la maladie ou la mort. Un nombre croissant d’études suggère pourtant une corrélation entre la santé générale et l’activité sexuelle, sauf bien sûr en ce qui concerne les maladies sexuellement transmissibles. Les experts débattent de ce sujet qui manque à ce jour d’études épidémiologiques systématiques, sauf pour certains domaines comme le cancer de la prostate.

Références :
Davidson SL et al (2009), The relationship between self-reported sexual satisfaction and general well-being in women, Journal of Sexual Medicine, 6, 2690-97, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01406.x
Jannini EA et al (2009), Is sex just fun? How sexual activity improves health, Journal of Sexual Medicine, 6, 2640–48, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01477.x

Lancement de French Lover TV

[Nota : nous reproduisons les communiqués de presse reçus et ayant trait à l’évolution des sexualités. Ils sont diffusés à titre informatif, sans appareil critique, dans la section « communiqués » de ce site.]

Communiqué de presse : Savoir « aimer » est l´occasion de découvrir, ou de mieux connaître, ce sujet complexe qu’est le sexe et d´apporter des solutions concrètes à toutes les interrogations qui vous taraudent, même celles auxquelles vous n´aviez jamais pensé avant! Frenchlover TV est la 1ere chaine d’éducation sexuelle pour adultes qui vous accompagne dans votre apprentissage du plaisir avec de nombreux programmes interactifs. Frenchlover TV crée ses programmes en s’inspirant de la vie de tous les jours, et fait tout son possible pour diffuser du sexe vrai et réduire le fossé entre la pornographie classique et votre réalité. Vous bénéficierez d’images explicites, de conseils, d’explications précises et détaillées dispensés sur un ton ludique par une équipe de professionnels pour vous permettre de vivre une sexualité épanouissante et sans tabou. Frenchlover TV est une chaine de télévision pour adultes, disponible sur satellite, câble, et IPTV en version hardcore et softcore. Notre offre comprend également des heures de programme, de la VOD ainsi qu’un site internet, www.frenchlover.tv.

Notre département production
Chez Frenchlover TV nous tenons à nous entourer des meilleurs professionnels et à diffuser des programmes originaux et de qualité. Ainsi, en avril 2008, Ovidie, celle que les médias appellent «  l’intello » du milieu pornographique qui est aujourd’hui réalisatrice de films pour adultes et auteur de nombreux guides sur la sexualité a pris la tête de notre département production.. Sa créativité, son expérience et sa volonté d’améliorer l’éducation sexuelle des couples adultes sont des labels de qualité pour l’ensemble de nos programmes.

Des programmes originaux, ludiques et pratiques
- Sexo Tips : Des conseils pour vous aider dans votre apprentissage du plaisir sexuel. Nous avons tous des choses à apprendre en matière d´érotisme. Point G, bisexualité, infidélité, plaisir anal féminin et masculin,     fellation, strip tease... tant de sujets à aborder le temps d´une leçon coquine durant laquelle nous vous fournirons des informations détaillées et ludiques, des conseils précis accompagnés d’une démonstration live  ……pour vivre une sexualité riche et épanouissante.
- Sexy docs : Des reportages sur le monde du sexe, les dernières tendances. Ovidie revêt pour vous la casquette de sex-reporter afin de vous ramener des images de ses dernières trouvailles, des sujets originaux pour vous faire découvrir de nouveaux aspects du sexe…( Le marathon de la masturbation, les cosmétiques intimes…)
- Sex Toys Tips : Pour aider à faire son choix dans la profusion des nouveaux modèles. Face à la déferlante des nouveaux modèles de sex toys, comment faire son choix ? Nous avons testé pour vous des sextoys que nous avons sélectionnés pour leur originalité.
- Des films avec de véritables scénarios imaginés pour satisfaire vos désirs, disponibles en version soft et hard. Frenchlover TV décline ces programmes en version hardcore et softcore pour s’adapter aux différentes législations ainsi qu’aux envies de chacun. Les émissions diverses et variées vous permettront de vous retrouver dans cette chaîne unique et innovante.

Nos valeurs
Dans le cadre d’une démarche éthique, FLTV s’engage à respecter la personne humaine dans la production et la diffusion de ses programmes. Frenchlover TV respecte une charte sécurité pour les acteurs (port obligatoire du préservatif, tests HIV obligatoires…). FLTV est un vous  montre du sexe exemplaire en matière de sécurité et vous enseigne comment le pratiquer. Frenchlover TV pense qu’il est possible de faire des productions pour adultes tout en respectant la personne humaine, notamment celle de la femme.

mardi 13 octobre 2009

Hijab, intelligence et beauté : influence de la religion sur le regard masculin

Deux chercheurs (Yusr Mahmud et Vien Swami) ont analysé l’effet du port du hijab sur la perception de la beauté et de l’attractivité féminines par les hommes. 57 volontaires musulmans et 41 non-musulmans devaient noter des photographies de femmes, pour la moitié d’entre elles voilées. Une analyse globale de variance montre que les femmes voilées sont notées plus négativement que les autres pour les deux critères analysés. Pour l’attractivité, la religion des hommes ne produit pas de variation significative, bien que les non-musulmans tendent à mieux juger les femmes non voilées. Pour l’intelligence, ces hommes non-musulmans ont eu tendance à donner de meilleurs scores aux deux catégories de femmes que les hommes musulmans. Les scores attribués pour les critères de beauté et d’intelligence aux femmes portant le hijab étaient proportionnés au degré de religiosité (musulmane) rapporté par les hommes.

Référence : Mahmud V, V Swami (2009), The influence of the hijab (Islamic head-cover) on perceptions of women's attractiveness and intelligence, Body Image, e-pub, doi:10.1016/j.bodyim.2009.09.003

Nouvelle revue en ligne : Genre, Sexualité & Société

Genre, sexualité & société est une revue francophone à comité de lecture, consacrée à la sexualité et aux questions de genre. Créée en 2009 par un groupe de jeunes chercheur-e-s en sciences humaines et sociales, la revue Genre, sexualité & société se revendique comme un espace de dialogues et d’échanges, ouverte à différentes approches disciplinaires. Genre, sexualité & société est soutenue par l’Institut de Démographie de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne (IDUP), l’Iris – Institut de recherches interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (CNRS-Inserm-EHESS-Université Paris 13), ainsi que par la Maison des Sciences Humaines de Paris-Nord (MSH-PN). Consacrée, sans exclusive, aux problématiques du genre et de la sexualité, elle se définit héritière des débats épistémologiques féministes, antinaturalistes et minoritaires.

lundi 12 octobre 2009

Père absent, enfant précoce : oui, mais pour quelles raisons ?

On a observé que les enfants dont le père biologique a quitté précocement le foyer familial ont une sexualité plus précoce que la moyenne. Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer le phénomène : stress durant l’enfance qui tend à accélérer le développement, vie romantique et sexuelle plus mouvementée de la mère qui donne l’exemple, difficulté d’un parent isolé à surveiller son enfant. Toutes ces explications ont en commun de faire appel à l’environnement de l’enfant et de l’adolescent. Mais une étude menée par les chercheurs de quatre universités américaines, dirigés par Jane Mendle (Département de psychologie de l’Université de l’Oregon), vient de suggérer un nouveau facteur explicatif : «Notre travail a conclu que l’association entre l’absence du père et la sexualité de l’enfant s’explique mieux par des influences génétiques que par des théories environnementales seules», résume Jane Mendle.

Les chercheurs ont analysé le parcours de vie de 1382 cousins (691 de chaque sexe) âgés de 14 à 21 ans, grâce aux données détaillées du National Longitudinal Survey of Youth, une enquête longitudinale. Pourquoi des cousins ? En comparant uniquement les enfants de deux sœurs biologiques, avec pour témoin un groupe contrôle de la population générale, les chercheurs peuvent utiliser des outils d’analyse statistique de génétique comportementale des populations, faisant intervenir un coefficient de parenté génétique dans l’échantillon choisi (les sœurs partagent en moyenne 50% de leurs gènes, les cousins 12,5%). Dans leur modèle, les chercheurs ont ajouté quelques raffinements : père toujours ou partiellement absent, étude de fratries où le père a été absent pour un membre et non l’autre. Cette démarche les a amenés à conclure que les facteurs de milieu seuls n’offrent pas une explication suffisante à la précocité sexuelle de l’adolescent, la vulnérabilité génétique à ces facteurs étant un élément important de différenciation des comportements.

Référence : Mendle J et al (2009), Associations between father absence and age of first sexual intercourse, Child Development, 80, 5, 1463-1480, doi : 10.1111/j.1467-8624.2009.01345.x

dimanche 11 octobre 2009

Profil de victimes sexuelles

Les résultats d’une étude de victimisation sexuelle menée entre janvier 2005 et décembre 2006 au Danemark, par Ask Elklit et Mark Shevlin, viennent d’être publiés. Les chercheurs ont le parcours de vie de 214 femmes s’étant rendu au Centre des victimes de viol de l’hopital universitaire d’Aarhus. Un groupe de contrôle (4343 femmes) a été constitué selon des critères d’âge et de localisation géographique. Elklit et Shevlin observent que fait de vivre seule avec un enfant augmente la probabilité d’être victime de viol. Ce résultat est consistant avec la littérature qui avait démontré que les mères célibataires sont les plus exposées aux violences interpersonnelles, ainsi qu’à divers préjudices socio-économiques et psychologiques.

Référence : Elklit A, M Shevlin (2009), Family structure as a risk factor for women’s sexual victimization: A study using the Danish registry system, Archives of Sexual Behavior, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9555-x

Consanguinité : un humain sur dix concerné

L’inceste est un sujet qui a longtemps passionné anthropologues et ethnologues, notamment après que Claude Lévi-Strauss a fait de sa prohibition une articulation essentielle du rapport nature-culture chez l’homme. On s’est aperçu que l’inceste, généralement évité dans le monde animal autant que dans le monde humain, pouvait en revanche être accepté comme pratique sociale, notamment dans certaines castes dominantes.

Plus généralement, les biologistes et particulièrement les généticiens s’intéressent à la consanguinité dans l’évolution humaine. Notre espèce, née d’une toute petite population, semble avoir connu plusieurs goulots démographiques dans son histoire, ce qui implique nécessairement une reproduction avec des parents relativement proche en termes génétiques. Dans la dernière livraison en ligne des PNAS, A.H. Bittles et ML Black reviennent sur cette question. Aujourd’hui, les couples formés par des cousins au second degré ou des individus plus proches encore formeraient environ 10,4 % de la population globale, ce qui est loin d’être négligeable. Les taux les plus forts de consanguinité sont observés en Afrique du Nord, en Afrique sub-saharienne, dans le Moyen-Orient, en Asie centrale et du Sud. Bien que les individus eux-mêmes ne se perçoivent pas nécessairement comme apparentés, les tests génétiques peuvent révéler des liaisons très homozygotes, dues tantôt à l’isolement géographique, tantôt à des frontières culturelles anciennement établies (liens entre clans, villages, castes, etc.).

La consanguinité a notamment pour effet négatif que les gènes récessifs liés à des maladies ont plus de chance de s’exprimer dans une population, c’est-à-dire d’être reçus en double exemplaire (condition de leur expression) par la descendance. De fait, on observe une mortalité des enfants issus de cousins légèrement supérieure (3,5 %) à la moyenne. Mais des facteurs sociaux, économiques et démographiques affectent également ce résultat. Pour Bittles et Black, la proportion des unions consanguines devrait lentement décroître, en raison notamment de la réduction de la taille moyenne des familles, des progrès de l’éducation des femmes, de l’urbanisation et des nouvelles mobilités migratoires.

Référence : Bittles AH, Black ML (2009), Consanguinity, human evolution, and complex diseases, PNAS, epub, doi: 10.1073/pnas.0906079106

samedi 10 octobre 2009

Comportement sexuel à risque, gènes et personnalité

Une équipe de chercheurs australiens et américain s’est intéressée aux comportements sexuels à risque (multiples partenaires sans préservatifs), en se posant deux questions : sont-ils en partie innés (soumis à une héritabilité génétique) et à quels traits de personnalité sont-ils associés ? Pour ce faire, 4904 vrais (homozygotes) et faux (hétérozygotes) jumeaux ont rempli des questionnaires standardisés sur leurs pratiques sexuelles, leur comportement et leur personnalité. Les chercheurs observent que le comportement sexuel à risque est principalement associé à l’impulsivité (r = 27), à l’extraversion (.24), ay psychoticisme (.20) et au neuroticisme (.09). Par ailleurs, il semble que cette association possède une base génétique dominante. On observe toutefois que les corrélations sont faibles, même si elles sont significatives, de sorte que la prise de risque dans le domaine sexuel ne se résume ni aux traits de personnalité étudiés, ni aux gènes qui concourent à leur émergence.

Référence : Zietsch BP et al (2009), Genetic and environmental influences on risky sexual behaviour and its relationship with personality, Behavior Genetics, e-pub, doi : 10.1007/s10519-009-9300-1

vendredi 9 octobre 2009

Quand la pilule change les lois de l’attraction

La pilule contraceptive a donné aux femmes un contrôle inédit de leur fertilité inédit dans l’histoire et dans l’évolution. Mais son rôle se limite-t-il à cette autonomie sexuelle ? Un nombre croissant de recherches suggèrent que la pilule affecte également la sélection des partenaires mâles, et deux chercheurs de l’Université de Sheffield (Royaume-Uni), Alexandra Alvergne et Virpi Lummaa, viennent de passer en revue ces travaux.

Les femmes ne sont fertiles que dans une brève période entourant l’ovulation. Dans des conditions naturelles, c’est-à-dire notamment sans contraception ni cosmétique, on a montré que cette période fertile se traduit par des modifications physiologiques, comportementales, cognitives et perceptives. Non seulement chez la femme fertile, mais chez les hommes amenés à la fréquenter. Ainsi, en période fertile, les femmes expriment en moyenne une préférence plus prononcée pour les hommes aux traits plus masculins (forme du visage et du corps, pilosité, gravité de la voix, etc.) et à la position plus dominante. Chez les hommes, on observe diverses modifications comme une jalousie plus prononcée et un accès de « compétitivité » sexuelle. Ces manifestations ne sont bien sûr pas systématiques (observables chez tous les hommes et les femmes), mais statistiques (observables en tendance, dans une population d’hommes et de femmes).

De telles modifications sont liées aux variations des hormones (et éventuellement des phéromones). Or, la pilule contraceptive vient bien sûr modifier le fonctionnement habituel du système endocrinien. Et de fait, plusieurs études ont montré que le comportement des femmes prenant un contraceptif oral diffère de celui des femmes n’en prenant pas. Un point particulièrement intéressant concerne la reconnaissance génétique. Les femmes en phase fertile ont naturellement tendance à préférer des partenaires génétiquement plus éloignés d’elles (notamment les gènes du système HLA), un phénomène qui s’observe aussi dans le monde animal. Il se pourrait que cette préférence disparaisse avec la pilule, ce qui ne serait pas totalement sans conséquence sur la fertilité finale des individus et la survie en bonne santé de leur descendance. «La question ultime faisant sens pour l'évolution est de savoir si l’usage des contraceptifs au moment du choix du partenaire peut avoir des conséquences à long terme sur la capacité des couples à se reproduire», soulignent les auteurs.

Référence : Alvergne A., V Lumma (2009), Does the contraceptive pill alter mate choice in humans?, Trends in Ecology & Evolution, e-pub, doi:10.1016/j.tree.2009.08.003

mercredi 7 octobre 2009

Attractivité et aventure d’un soir : différences hommes-femmes

Les enquêtes ont montré de longue date que les hommes sont en moyenne plus intéressés par les aventures sans lendemain que les femmes. Achim Schützwohl et son équipe en apportent une nouvelle démonstration par une étude mobilisant des étudiants de trois pays (Etats-Unis, Italie, Allemagne), 427 hommes et 433 femmes. Les volontaires devaient imaginer qu’ils étaient approchés par une personne de sexe opposée décrite comme «plutôt peu attirante», «modérément attirante», «exceptionnellement attirante». Ils devaient ensuite envisager que cette personne leur offre trois actions (sortir ensemble, aller ensemble dans un appartement, coucher ensemble) et hiérarchiser leur préférence.

Quel que soit le niveau d’attractivité du partenaire imaginaire, les hommes sont plus portés à s’engager dans l’une des trois actions que les femmes. Des différences culturelles sont observées : les Allemands mâles sont les moins portés à imaginer qu’ils couchent avec la personne, les Italiens les plus à même de faire cette hypothèse.  Pour les hommes, on n’observe pas de différence significative entre une femme modérément et une femme exceptionnellement attirante. Les femmes marquent cette différence et distinguent plutôt les hommes exceptionnellement attirants des deux autres catégories.

Référence : Schützwohl A et al (2009), How willing are you to accept sexual requests from slightly unattractive to exceptionally attractive imagined requestors?, Human Nature, 1045-6767, doi : 10.1007/s12110-009-9067-3

Polémique (à retardement) sur Frédéric Mitterrand et le tourisme sexuel

Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, a été pris à partie le 5 octobre 2009 par Marine Le Pen (Front national) lors d’un débat sur France 2 sur le thème : «Crimes sexuels : comment empêcher la récidive ?». Le porte-parole du Parti socialiste, benoît Hamon, a relayé ces propos et jugé «choquant» le fait «qu’un homme puisse justifier, à l’abri d’un récit littéraire, le tourisme sexuel». Il ajoute : «Au moment où la France s’est engagée avec la Thaïlande pour lutter contre ce fléau qu’est le tourisme sexuel, voilà un ministre du gouvernement qui explique qu’il est lui-même consommateur».
Les passages incriminés dans l’autobiographie de Frédéric Mitterrand (La mauvaise vie, Robert Laffont, 2005) sont les suivants : «J’ai pris le pli de payer pour des garçons [...] Évidemment, j’ai lu ce qu’on a pu écrire sur le commerce des garçons d’ici .[...] Je sais ce qu’il y a de vrai. La misère ambiante, le maquereautage généralisé, les montagnes de dollars que ça rapporte quand les gosses n’en retirent que des miettes, la drogue qui fait des ravages, les maladies, les détails sordides de tout ce trafic. Mais cela ne m’empêche pas d’y retourner. Tous ces rituels de foire aux éphèbes, de marché aux esclaves m’excitent énormément […] On ne pourrait juger qu’un tel spectacle abominable d’un point de vue moral, mais il me plaît au-delà du raisonnable […] La profusion de jeunes garçons très attrayants et immédiatement disponibles me met dans un état de désir que je n’ai plus besoin de réfréner ou d’occulter. L’argent et le sexe, je suis au cœur de mon système, celui qui fonctionne enfin car je sais qu’on ne me refusera pas.»

mardi 6 octobre 2009

Calories et séduction

En moyenne, les femmes ne se comportent pas de la même manière à table selon qu’elles mangent ou non avec des hommes. Telle est la conclusion de l’étude que vient de faire paraître une équipe du Département psychologie, neurosciences et comportement de l’Université McMaster (Canada). Les chercheurs ont observé en situation naturelle (comportement spontané) 469 individus, répartis en 198 groupes prenant des déjeuners ou des dîners dans trois cafétérias universitaires. Ils ont calculé le contenu calorique de chacun de ces repas. Dans les repas à deux, les femmes ont en moyenne choisi des repas moins caloriques quand elles avaient un homme plutôt qu’une femme comme vis-à-vis. Dans l’ensemble, la taille du groupe n’est pas un prédicteur de la ration calorique consommée, mais le nombre de calories des repas féminins est négativement corrélé au nombre d’hommes présents à table. On n’observe pas de variations chez les hommes selon le nombre ou le sexe de leurs compagnons de table. Observation de Meredith Young, premier auteur du papier : «Il est possible que de petites portions de nourriture signalent l’attractivité, et que les femmes se conforment, consciemment ou non, à ce signal pour être perçues comme plus désirables».

Référence : Young ME et al (2009), Food for thought. What you eat depends on your sex and eating companions, Appetite, 53, 2, 268-71, doi:10.1016/j.appet.2009.07.021

lundi 5 octobre 2009

Pornographie pédophile et passage à l’acte: pas de lien significatif

Il n’existe pas de liens significatifs entre la consommation de pornographie pédophile et le passage à l’acte, selon une étude dirigée par Frank Urbaniok (département de justice, canton de Zurich, France). Les chercheurs ont analysé le parcours de 231 individus ayant été interpellés et condamnés en 2002 pour consommation de vidéos pédophiles sur Internet. Il en ressort que 1 % seulement ont commis des actes pédophiles dans les six années suivantes. Pour 99 % des condamnés, «la motivation de consommer de la pornographie infantile diffère de la motivation pour une agression physique sur mineurs. De surcroît, le taux de récidive pour les 1 % d’agresseurs était plutôt bas», note F. Urbaniok. L’étude révèle également certains points relevés dans des études antérieures : les amateurs de vidéos pédophiles sont plus éduqués que la moyenne de la population ; ils consomment fréquemment d’autres matériels pornographiques hors-norme (zoophilie, scatophilie, mises en scène de brutalités).

Référence : Endrass J. et al. (2009), The consumption of Internet child pornography and violent and sex offending, BMC Psychiatry, 9, 43, doi:10.1186/1471-244X-9-43

dimanche 4 octobre 2009

Evolution des stratégies éjaculatoires

Dans la dernière livraison de l’American Naturalist, une équipe de l’Université d’oxford et de l’University College de Londres propose un modèle mathématique de l’éjaculation. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, on a observé que les mâles de rang dominant ou ceux ayant le plus de succès en raison de leurs caractères sexuels secondaires ne sont pas  dont les éjaculats sont de meilleure qualité, en terme de concentration et de motilité des spermatozoïdes. Pour les auteurs de l’étude, ce médiocre sperme correspond à une stratégie reproductive sélectionnée par l’évolution. Si un organisme mâle a du succès, c’est-à-dire concrètement un grand nombre de partenaires, il n’a aucun intérêt à concentrer la probabilité de fertilisation sur un seul éjaculat de grande qualité. L’inverse est vrai pour des mâles n’étant pas en position de force dans l’accès aux partenaires femelles.

Samuel Tazzyman, premier auteur du papier, observe : «Nous ne savons pas si ce travail s’applique aux humains et autres primates. L’attractivité humaine est complexe et influencée par de nombreux facteurs incluant notamment les préférences culturelles. Malgré cela, le volume de l’éjaculat et la qualité du sperme on probablement été modulés par des forces similaires – attractivité et nombre de partenaires – à celles que l’on observe dans le reste du vivant».

Référence : Tazzyman SJ et al. (2009), The evolution of continuous variation in ejaculate expenditure strategy, American Naturalist, 174, E71–E82, doi : 10.1086/603612

vendredi 2 octobre 2009

Religiosité et grossesse adolescente

Joseph et Jillian Strayhorn ont compilé l’ensemble des adonnées accessibles aux Etats-Unis concernant le taux de fertilité et le taux d’avortement (CDC), les croyances religieuses (Religious landscape Survey) et les revenus (Bureau of Census), agrégées au niveau de chaque Etat. Il en résulte une corrélation négative entre revenus et avortement (-0,63) ainsi qu’entre revenus et religiosité (-0,66). La religiosité est, du point de vue statistique, le meilleur prédicteur d’un taux élevé de grossesse chez les adolescentes (0,73). Cette association reste solide lorsqu’on la corrige du facteur revenu (0,53) ou avortement (0,68). L’explication la plus probable est que les membres des communautés les plus religieuses utilisent moins de moyens contraceptifs que la moyenne de la population générale.

Référence : Strayhorn JM, Strayhorn JC (2009), Religiosity and teen birth rate in the United States, Reproductive Health, 2009, 6,14, doi:10.1186/1742-4755-6-14

jeudi 1 octobre 2009

La nature homosexuelle… et son interprétation


Après un passage en revue de la (longue) littérature sur le sujet, Nathan Bailey et Marlene Zuk (Université de Californie, Riverside) concluent que les comportements homosexuels sont omniprésents dans la nature, et observés dans presque tous les groupes animaux. Mais encore faut-il s’entendre sur ce que l’on désigne par là, car les phénomènes décrits sont très divers. «Par exemple, note Bailey, le mâle drosophile peut courtiser d’autres mâles car il lui manque le gène permettant de discriminer parmi les partenaires. Mais c’est très différent du tursiops (grand dauphin) mâle, qui s’engage dans des interactions homosexuelles facilitant les liens du groupe, ou de la femelle de l’Albatros de Laysan, qui peut vivre en couple sa vie durant avec une autre femelle et coopérer pour élever les jeunes».


Les comportements homosexuels chez les animaux regroupent la séduction (cour), la copulation et l’éducation. Dans la mesure où ils sont répandus, les biologistes supposent qu’ils apportent des avantages sélectifs, malgré le paradoxe de la non-reproduction entre individus du même sexe. Bailey et Zuk exposent les nombreuses hypothèses darwiniennes qui ont été émises à ce sujet. S’il existe des études d’héritabilité des orientations sexuelles chez l’espèce humaine, et des analyses moléculaires de l’homosexualité chez les drosophiles, la question reste largement à défricher. «Les biologistes doivent se poser la question : Quelles sont les conséquences évolutives de ces comportements ? Sont-ils importants dans l’évolution des comportements reproductifs où ne représentent-ils qu’un ‘bruit de fond’ ?».

Référence : Bailey NW, Zuk M (2009), Same-sex sexual behavior and evolution, Trends in Ecology & Evolution, 24, 8, 439-446, doi:10.1016/j.tree.2009.03.014

Illustration : couple femelle d'Albatros de Laysan. © Eric VanderWerf.