mercredi 9 décembre 2009

Distance génétique et choix sexuel (chez le mandrill)

Le mandrill (Mandrillus sphinx) est un primate des forêts tropicales africaines, proche du babouin. Les mâles sont plus colorés que les femelles, avec une peau rouge, bleue et pourpre sur la face. Le dimorphisme assez marqué concerne aussi le poids (jusqu’à 35 kg pour un mâle, environ le tiers pour la femelle). Les mandrills sont des primates sociaux vivant dans des groupes parfois largos (jusqu’à 800 individus). Ils ont un régime sexuel polygame. Ces deux dernières caractéristiques les rapprochent de leurs cousins humains.

Une équipe internationale des universités de Durham, Cambridge et Montpellier, dirigée par Jo Setchell, a étudié la proximité génétique des partenaires sexuels, à travers des microsatellites neutres et les gènes du complexe majeur d’histccompatbilité (le système immunitaire). Leur objectif était de vérifier chez le mandrill une observation déjà faite dans de nombreuses autres espèces, dont l’homme : la tendance des individus à choisir un partenaire reproductif dont certains gènes sont différents des siens. Et c’est effectivement le cas chez les mandrills étudiés, qui appartenaient une population gabonaise vivant en régime semi-ouvert.

Cette sélectivité fait sens : des gènes complémentaires (hétérozygotes) dans le système immunitaire augmentent la résistance aux maladies de la descendance. Inversement, une endogamie trop stricte peut produire un fardeau génétique en accroissant la probabilité d’assortir des gènes récessifs liés à des pathologies. Dans les populations qui connaissent peu de migrations, il vaut donc mieux choisir un partenaire sexuel éloigné sur certains sites du génome. Mais comment s’opère cette reconnaissance sexuelle des gènes ? Au moins deux hypothèses sont ouvertes : par l’odorat (sélection depuis le phénotype par odeur corporelle) ou par des barrières de fertilisation chez la femelle (sélection directe du génotype par reconnaissance moléculaire et cellulaire).

Référence : Setchell JM et al (2009), Opposites attract: MHC-associated mate choice in a polygynous primate, J Evol Biol, e-pub, doi : 10.1111/j.1420-9101.2009.01880.x

mercredi 2 décembre 2009

Pilule pour hommes en vue

Une équipe de chercheurs vient de mettre en lumière sur un modèle murin un mécanisme relativement simple de contrôle de la fertilité masculine. Les biologistes ont mis en évidence le rôle clé des récepteurs à androgènes situés sur les cellules myoïdes, aussi appelées cellules tubulaires car elles se situent sur les tubes séminifères du testicule. Lorsque le récepteur est désactivé, la production de sperme et le résultat est l’infertilité provisoire des mâles. Ces travaux ouvrent la voie au traitement de certaines stérilités masculines, mais aussi à des pilules contraceptives ciblées sur ces récepteurs androgènes.

Référence : Welsh M et al (2009), Androgen action via testicular peritubular myoid cells is essential for male fertility, FASEB J., 23: 4218-4230, doi : 10.1096/fj.09-138412

lundi 30 novembre 2009

Les mâles ont-ils plus de personnalité que les femelles ?

C’est l’avis de Wiebke Schuett, Tom Tregenza et Sasha R.X. Dall, trois chercheurs de l’Université d’Exeter (Royaume Uni) qui publient une synthèse de la littérature parue à ce sujet depuis quarante ans. Par personnalité, il faut cependant entendre (de manière assez neutre) un schéma de comportement prédictible et prononcé au sein de la variance observée pour l'un ou l'autre sexe. Des passereaux aux humains, on observe que les mâles sont par exemple plus agressifs et plus portés à prendre des risques. Les femelles offrent des variations plus importantes pour ce qui relève des comportements territoriaux, sociaux ou reproductifs, c’est-à-dire en moyenne des comportements moins tranchés et moins prédictibles. Elles sont en revanche plus constantes… dans la sélection sexuelle des mâles porteurs des traits de personnalité en question. Ceux-ci pourraient donc être des signaux de fitness (recherche de nourriture, protection du territoire et des descendants, etc.) ayant émergé par la plus grande sélectivité des femelles.

Référence : Schuett W et al (2009), Sexual selection and animal personality, Biological Reviews, e-pub, doi : 10.1111/j.1469-185X.2009.00101.x

dimanche 29 novembre 2009

PSD502, futur remède contre l’éjaculation précoce ?

Si l’on en croit les présentations de Sciele Pharma au congrès annuel de la société américaine de médecine sexuelle, le PSD502 tient ses promesses contre l’éjaculation précoce et pourrait devenir le premier médicament mis sur le marché pour cette indication spécifique. Ce spray, à base de lidocaïne et prilocaïne, agit sur les cellules non-kératinisées du gland. L’essai randomisé mené sur 256 patients des États-Unis, du Canada et de Pologne montre un temps moyen d’intromission de 2,6 minutes avant éjaculation pour les personnes ayant reçu le PSD502, contre 0,8 minute pour ceux qui avaient reçu un placebo. L’éjaculation précoce est aujourd’hui définie comme une dysfonction sexuelle masculine caractérisée par une éjaculation survenant avant ou dans la minute suivant la pénétration du pénis lors de l’acte sexuel, et cela dans tous ou presque tous les actes. Elle se traduit par divers désagréments psychologiques (frustration, détresse, gêne, refus de l’intimité sexuelle).

samedi 28 novembre 2009

Sélection sexuelle des gènes ancestraux dans les populations latino-américaines

Les unions à visée reproductive ne se font pas au hasard dans les populations humaines, et les chercheurs se penchent de longue date sur les facteurs discriminants dans les choix du partenaire. Ce peut être l’âge, l’éducation, l’activité ou le niveau socio-économique, la taille, le poids, l’appartenance religieuse ou ethnique. On parla d’assortative mating (appariement assorti) quand des partenaires tendent à se sélectionner selon des traits partagés plutôt que dissemblables. Un groupe de chercheurs nors-américains, mexicains et portoricains a étudié les mariages au Mexique, à Porto-Rico et aux Etats-Unis, dans des zones à populations très mélangées dont les ancêtres sont d’origine africaine, européenne ou amérindienne. Ils ont utilisé 104 marqueurs génétiques ancestraux indiquant la provenance des individus. Il ressort de leur étude que les mariages actuels connaissent encore un biais de sélection en faveur de partenaires possédant les mêmes gènes ancestraux.

Référence : Risch N et al (2009), Ancestry-related assortative mating in Latino populations, Genome Biology, 10:R132, doi:10.1186/gb-2009-10-11-r132

vendredi 27 novembre 2009

L’hypersexualité est-elle un trouble ?

Jadis appelée nymphomanie chez les femmes et satyriasis chez les hommes, l’hypersexualité se définit comme un besoin compulsif de rechercher le plaisir sexuel. Elle n’est pas reconnue comme trouble psychiatrique / comportemental, mais dans le cadre de la révision du manuel diagnostique de santé mentale (DSM-V, 2012), certains plaident en faveur de cette évolution. C’est le cas de Martin P. Kafka, qui a déjà produit plusieurs travaux à ce sujet et publie une synthèse dans les Archives of Sexual Behavior. Selon Kafka, on pourrait comparer le comportement sexuel au comportement alimentaire (tous deux procurant du plaisir lié à un acte) : de même qu’il existe des anorexiques et des boulimiques, on trouve dans toute population des hyposexués et des hypersexués. La dimension de trouble apparaît quand le sujet hypersexuel ressent une détresse personnelle (incapacité à satisfaire sa libido et à nouer des relations équilibrées avec ses partenaires), quand il adopte des comportements à risque (multiplication impulsive des partenaires et augmentation conséquente du risque de contamination par MST) ou quand il provoque des problèmes sociaux et légaux (certains violeurs entreraient dans le cadre de cette hypersexualité). Kafka a d’ailleurs publié des études sur la castration chimique, sujet très débattu en France, travaux suggérant qu’un traitement sur certaines monoamines de l’humeur serait plus efficace que l’action sur les androgènes.

Référence : Kafka MP (2009), Hypersexual disorder: A proposed diagnosis for DSM-V, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9574-7

jeudi 26 novembre 2009

Santé générale et sexuelle chez les Européens vieillissants

Selon une étude menée dans huit pays sur 3369 hommes, âgés de 40 à 79 ans (âge moyen 60 ± 1 an), plus de 50 % des hommes mûrs rapportent un souci de santé. Concernant la santé générale, arrivent en tête l’hypertension (29 %), l’obésité (24 %) et les maladies cardiovasculaires (16 %). Environ 30 % des hommes de plus de 40 ans confessent des troubles de l’érection, et ils sont 6 % à rapporter un déficit grave d’orgasme. L’âge est le principal facteur de risque pour ces deux troubles. Seulement 38 % des hommes souffrant d’une dysfonction érectile s’en plaignent, principalement entre 50 et 59 ans. Les pays en transition d’Europe orientale (Pologne, Estonie) sont plus frappés que les pays d’Europe occidentale.

Référence : Corona G. et al (2009), Age-related changes in general and sexual health in middle-aged and older men: Results from the European Male Ageing Study (EMAS), J Sex Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01601.x

mercredi 25 novembre 2009

Religion et comportement sexuel

Le sexe et la religion sont deux domaines qui intéressent les chercheurs, particulièrement d’inspiration darwinienne. Et il en va de même pour leurs interactions. Deux travaux récemment parus apportent quelques informations à ce sujet.

Dans le premier, le sociologue Alfred DeMaris s’intéresse aux déterminants du sexe extraconjugal. Ils se fondent sur une étude longitudinale, commencée 20 plus tôt auprès de 1270 volontaires maris répondant régulièrement à des questionnaires. Parmi les facteurs qui augmentent le risque de tromperie, on trouve les tentatives de séparation, la violence domestique, le moindre temps passé à des activités communes avec le partenaire. Et parmi les facteurs qui diminuent le risque, la religiosité des individus.

C’est ce rôle de modérateur de la religion qu’une autre étude, menée par David M. Njus et Cynthia M.H. Bane, a tenté d’approfondir. Le point de départ est la théorie des stratégies sexuelles du psychologue évolutionniste David Buss, selon laquelle les hommes auront en moyenne plus facilement tendance que les femmes à rechercher des aventures de court terme. Les deux chercheurs font l’hypothèse que la religion va influer sur ces stratégies sexuelles, et particulièrement sur celle des mâles, dans la mesure où les femmes engagent plus aisément dans une relation durable. Deux études ont été menées sur 1219 et 2234 étudiants en université (âge moyen 19,1 ans), dont les chercheurs ont étudié la religiosité générale et, selon le Revised Religious Life Inventory, ses trois composantes distinctes : religiosité intrinsèque (la religion valable en elle-même), religiosité extrinsèque (religion comme moyen au service d’une fin), religiosité de quête (religion comme questionnement sur le sens de l’existence). Il en ressort que le degré de religiosité générale a une influence modératrice sur le nombre de partenaires sexuels à court terme et les différences hommes-femmes. Mais que seule la religiosité intrinsèque possède cet effet.

Références : DeMaris A (2009), Distal and proximal influences on the risk of extramarital sex: A prospective study of longer duration marriages, J Sex Research, 46, 6 597-607 ; Njus DM, CMH Bane (2009), Religious identification as a moderator of evolved sexual strategies of men and women, J Sex Research, 46, 6, 546-557.

mardi 24 novembre 2009

Variabilité génétique de la réponse des mâles aux partenaires

Le fait d’être exposé à un partenaire potentiel provoque chez le mâle de nombreuses espèces une élévation du taux de testostérone et des concentrations de glucocorticoïdes. Des études ont montré que le mâle humain ne déroge pas à la règle, avec toutefois d’importantes variations individuelles. Une équipe de chercheurs du département de psychologie de l’Université de Californie (Santa Barbara) s’est intéressée aux bases biologiques de ces différences. Leur travail a d’abord montré, dans la continuité des recherches précédentes, que l’on observe une élévation des concentrations de testostérone et de cortisol dans la salive d’hommes ayant discuté avec une jeune femme attirante, alors que ces deux molécules ne changent pas (ou décroissent légèrement) lors d’une discussion avec un autre homme (les volontaires de cette recherche étant hétérosexuels). La production de testostérone semble associée d’une part à un moindre taux basal de cortisol, d’autre part à une séquence répétée (CAG) dans le gène du récepteur aux androgènes. Cette dernière observation montre qu’un polymorphisme génétique peut prédire certains patterns psychologiques dans les interactions sociales et sexuelles.

Référence : Roney JR et al (2009), Androgen receptor gene sequence and basal cortisol concentrations predict men's hormonal responses to potential mates, Proc Roy Soc B Biol Sci, e-pub (2010, 2777, 57-63), doi: 10.1098/rspb.2009.1538


lundi 23 novembre 2009

Playboy et les stéréotypes du sexe féminin

Vanessa R. Schick et deux collègues (Université de l’Indiana, Université de Washington) ont passé en revue 647 posters centraux de femmes nues publiés dans Playboy entre 1953 et 2007, et 185 autres images du même magazine (montrant toujours des femmes nues) parues en 2007 et 2008. Leur objectif : se faire une idée plus précise de l’image du sexe féminin dans les médias de masse l’exposant. Les chercheurs ont ainsi examiné en détail l’apparence génitale (visibilité du mont de Vénus et des grandes lèvres, couleur et forme des petites lèvres, style de la pilosité pubienne) et l’apparence générale (taille, hanche, buste, indice de masse corporelle) des modèles. Leur conclusion : les médias perpétuent l’image de la poupée Barbie avec une taille fille, une poitrine proéminente, un organe génital à poil rare ou inexistant rappelant celui d’une jeune fille prépubère.

Référence : Schick VR et al (2009), Evulvalution: The portrayal of women's external genitalia and physique across time and the current Barbie doll ideals, J Sex research, e-pub, doi : 10.1080/00224490903308404

samedi 21 novembre 2009

Flibansérine : un Viagra pour femme ?

La flibansérine, une molécule initialement développée comme antidépresseur, semble avoir un effet notable sur le désir féminin. C’est ce qu’a rapporté le 16 novembre dernier Elaine E Jolly (Université d’Ottawa) au congrès de la Société européenne de médecine sexuelle, qui se tenait à Lyon. Le Pr Jolly a livré les premiers résultats de quatre essais cliniques de la flibansérine menés en Europe, aux États-Unis et au Canada, sur un total de 1946 femmes âgées de plus de 18 ans et non ménopausées. Pendant 24 semaines (dont 16 de traitement effectif), ces femmes ont reçu soit un placebo, soit la flibansérine, cette dernière étant administrée en deux doses de 25 mg, deux doses de 50 mg ou une dose de 100 mg. Seuls les traitements totalisant 100 mg/jour ont été effectifs.

Les femmes ayant suivi le traitement ont été questionnées pendant les 24 semaines sur six variables : nombre d’actes sexuels ayant procuré du plaisir, évaluation du désir (par journal électronique quotidien), indice de fonctionnement sexuel (FSFI) dans le domaine du désir, FSFI total, échelle de détresse sexuelle révisée (FSDR-R), dont l’item 13 centré sur le désir. Ces différents tests ont connu une amélioration significative chez les femmes absorbant la flibansérine par rapport à celles qui prenaient un placebo. Le nombre mensuel moyen de rapports sexuels satisfaisants est par exemple passé de 2,8 à 4,5 au cours du traitement (le placebo ayant tout de même fait monter le chiffre à 3,7).

Certains commentateurs sont cependant sceptiques. Le résultat, s’il est statistiquement significatif, n’est pas forcément pertinent du point de vue clinique. Et le trouble du désir sexuel hypoactif, qui frapperait 10 à 25 % des femmes selon leur âge et leur condition, est contesté par une partie des cliniciens du sexe, qui n’y voient pas nécessairement un trouble.

vendredi 20 novembre 2009

Sélection sexuelle sarde (au siècle passé)

Un groupe de chercheurs italiens des universités de Parme et Sassari a étudié la configuration des mariages dans la ville d’Alghero (Sardaigne), entre 1856 et 1925. Les informations médicales d’origine militaire et les registres d’état-civil leur ont permis d’analyser les conditions d’accès au mariage des hommes selon leurs caractéristiques physiques et sanitaires. Les individus de petite taille et de mauvaise santé à l’âge de 20 ans étaient l’objet d’une sélection négative pour le mariage, alors même que la plupart des unions étaient encore arrangées dans la société sarde de cette époque. Plus le niveau socio-économique est élevé (et le mariage organisé par les familles), plus la sélection est forte sur les deux traits dans la population masculine.

Référence : manfredini M et al (2009), Spouse selection by health status and physical traits. Sardinia, 1856-1925, Am J Phys Anthropol, e-pub, doi : 10.1002/ajpa.21150

jeudi 19 novembre 2009

Sexualité des athlètes féminines turques

Des chercheurs turcs ont comparé divers paramètres chez un groupe de femmes athlètes (25) et un autre de femmes sédentaires en bonne santé (25). Parmi les contrôles effectués, une mesure du flux de sang clitoridien par ultrason Doppler, le questionnaire FSFI (Female Sexual Function Index) sur l’activité sexuelle. Les cinquante femmes avaient le même âge moyen, le même âge pour les premières règles, le même âge de mariage et un indice de masse corporelle comparable. En dehors du domaine du désir, comparable, les autres scores du FSFI ont montré des divergences significatives, avec une fonction sexuelle de meilleure qualité pour les femmes athlètes. Il en va de même pour le flux sanguin au niveau du clitoris.

Référence : Karatas OF et al (2009), The evaluation of clitoral blood flow and sexual function in elite female athletes, J Sexual Medicine, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01569.x

mercredi 18 novembre 2009

Nombre de partenaires sexuels : les femmes mentent-elles aux enquêteurs?

Depuis les années 1950, de grandes enquêtes ont été menées sur la vie sexuelle de nos contemporains. Leurs résultats de ces enquêtes donnent en général des portraits assez exacts du comportement sexuel des hommes et des femmes. Par exemple, lorsque l’on demande le nombre de partenaires dans l’année écoulée, la fréquence et la durée moyenne des actes sexuels, l’acceptation du sexe anal ou oral, on obtient des réponses cohérentes dans les échantillons. Mais un domaine pose problème : le nombre total de partenaires sexuels au cours de l’existence. Dans toutes les enquêtes, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes – assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de quarante ans et plus. Or, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d’un sexe à l’autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente - c’est-à-dire, par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d’individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires. Mais quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même.

Plusieurs explications ont été avancées. La plus convaincante (car la plus fréquemment observée, par différentes méthodes) est que les femmes ont tendance à sous-estimer leur nombre de partenaires, et non les hommes à le surestimer. Un nouveau travail de Camil Castelo-Branco et ses collègues vient appuyer cette perspectives. Les chercheurs ont analysé les réponses de 2332 femmes à une enquête relative au lien entre sexualité et santé après la ménopause. Ces femmes, âgées de 45 à 64 ans, ont répondu tantôt par une interview directe, tantôt par un questionnaire anonyme. Or, on constate des différences substantielles. Le pourcentage de femmes reconnaissant avoir des partenaires occasionnels ou non-conventionnels est deux fois plus élevé dans la réponse anonyme que dans celle au praticien. La concordance la plus levée (88,07%) se retrouve pour les femmes ne reportant aucune relation sexuelle, mais elle est nettement moindre dans les autres cas.

Référence : Castelo-Branco C et al (2009), Do patients lie? An open interview vs. a blind questionnaire on sexuality, J Sexual Medicine, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01575.x

mardi 17 novembre 2009

Des jambes et des seins

Les chercheurs s’intéressent de longue date à diverses caractéristiques physiques orientant les préférences hétérosexuelles ou homosexuelles. Une équipe internationale menée par David A Frederick s’est intéressée au ratio jambe-corps – les mâles étant censés être attirés par de longues jambes chez leur partenaire potentiel. Trois échantillons (207, 940, 114 personnes respectivement) ont été composés au Royaume-Uni et aux États-Unis. Les chercheurs leur ont soumis des photographies de corps féminin dont le ratio jambe-corps avait été modifié, et les volontaires notaient l’attractivité physique de chaque modèle. Il ressort en fait qu’un ratio moyen est jugé le plus attractif. Les chercheurs soulignent que la manipulation informatique des images permet des mesures plus précises.

Ce genre de travaux laisse toujours ouverte l’interprétation de ses résultats : s’agit-il d’une préférence socialement conditionnée ou biologiquement déterminée ? Les deux hypothèses ne s’excluent évidemment pas puisqu’une préférence biologique moyenne aura tendance à produire une préférence sociale moyenne.

Dans ce registre de ce qu’il nomme la « mystique Barbie », le même David A. Frederick avait publié une autre étude, cette fois sur la taille et la forme des seins. Un impressionnant échantillon de 52.227 hommes et femmes hétérosexuels, âgés de 18 à 65 ans, a répondu à un questionnaire en ligne de satisfaction. 70 % des femmes se sont déclarées insatisfaites de leurs seins, mais 56 % des hommes n’avaient pourtant rien à redire à la poitrine de leur compagne. Plus les femmes sont jeunes et minces, plus elles sont concernées par la taille de leurs seins ; plus elles sont âgées et plus la forme prend de l’importance. Parmi les effets secondaires d’une image négative de ses seins : moindre satisfaction de son corps en général, hésitation à se mettre en maillot de bain, plus de difficulté à se déshabiller devant son partenaire et à lui montrer sa poitrine pendant l’acte sexuel. La chirurgie esthétique mammaire, qui a connu un boom impressionnant depuis deux décennies, ne devrait donc pas avoir trop de difficulté à trouver de nouvelles adeptes…

Références : Frederick DA et al (2009), The influence of leg-to-body ratio (LBR) on judgments of female physical attractiveness: Assessments of computer-generated images varying in LBR, Body Image, e-pub, doi:10.1016/j.bodyim.2009.09.001 ; Frederick DA et al (2008), The Barbie Mystique: Satisfaction with breast size and shape across the lifespan, Int J Sex Health, 20, 3, 200-211, doi : 10.1080/19317610802240170.

lundi 16 novembre 2009

Consommation précoce de pornographie et compulsivité sexuelle

Il est fréquent d’entendre dire que la consommation précoce de matériel pornographique a toute sorte de conséquences, généralement néfastes, sur le développement sexuel ultérieur de l’individu. Mais il est rare de trouver des arguments chiffrés à l’appui de cette hypothèse. Une équipe psychologues et sociologues de l’Université de Zagreb (Croatie) a analysé le lien entre l’usage du X chez l’adolescent ou pré-adolescent et l’impulsivité sexuelle chez l’adulte. Cette dernière était estimée par l’échelle de compulsivité de Kalichman et Rompa chez 1528 hommes et femmes hétérosexuels, âgés de 18 à 25 ans. Une compulsivité sexuelle élevée était associée chez cet échantillon à des prises de risque dans l’acte (principalement chez les femmes), à une faible intimité dans les relations de couple et à une faible satisfaction de sa vie sexuelle. Mais aucun lien significatif n’a été trouvé entre l’exposition précoce (14 ans) à du contenu pornographique et la compulsivité sexuelle, que ce soit chez les hommes ou les femmes.

Référence : Stulhofer A et al (2009), Is early exposure to pornography a risk factor for sexual compulsivity? Findings from an online survey among young heterosexual adults, Int J Sex health, 20, 4, 270-280, doi : 10.1080/19317610802411870

samedi 14 novembre 2009

Erreur d’emplacement de la cible érotique

Dans le cadre de la révision en cours du DSM-IV-TR (parution du DSM-V en 2012), Anne A Lawrence, psychologue à l’Université de Lethbridge, revient sur un modèle des paraphilies proposé au début des années 1990 par Ray Blanchard : l’erreur d’emplacement de la cible érotique (en anglais ETLE pour Erotic target location errors). Il s’agit d’une focalisation de l’excitabilité sexuelle sur des objets incongrus ou rares par rapport à la moyenne des pratiques humaines – les exemples les plus connus étant les fétichismes et le transvestisme. A.A. Lawrence propose que les « paraphilies » soient étiologiquement reclassées en trois catégories : préférences inusuelles de la cible érotique (par exemple pédophilie), préférences inusuelles de l’activité érotique (par exemple exhibitionnisme) et erreur d’emplacement de la cible érotique (par exemple fétichisme). Pour les sciences cognitives et comportementales, l’enjeu est de comprendre comment et pourquoi l’esprit humain en développement se détache des normes d’attractivités hétérosexuelles ou homosexuelles les plus courantes pour construire ainsi des schémas érotiques singuliers. Pour la psychiatrie et la médecine, les dimensions d’inconfort, de détresse ou de souffrance doivent être questionnées, car elles seules permettent de fixer la frontière entre ce qui est un trouble (ressenti comme tel par le sujet) et ce qui n’en est pas (quelle que soit la perception des autres, mais bien sûr en dehors des violences et contraintes exercées sur autrui).

Référence : Lawrence AA (2009), Erotic target location errors: An underappreciated paraphilic dimension, J Sex Research, 46, 2-3, 194-215, doi : 10.1080/00224490902747727

vendredi 13 novembre 2009

Spiritualité et sexualité : une influence sur les femmes

On associe couramment la religion à une pratique limitée ou codifiée du sexe. Mais qu’en est-il de la spiritualité ? Par ce trait, distinct de la religiosité, les psychologues désignent des sentiments comme le fait de sentir connecté au monde et en harmonie avec les autres, sans qu’un dieu ou une église soient nécessairement impliqués comme médiation. La spiritualité est mesurée par des questionnaires standardisés comme le Spiritual Transcendence Scale.

Jessica Burris et ses collègues (département de psychologie de l’Université du Kentucky) ont interrogé 353 jeunes adultes, âgés de 17 à 29 ans, dont 61 % de femmes. Il en ressort que la spiritualité est, pour les femmes mais non pour les hommes, un facteur prédictif du nombre de partenaires sexuels, de la fréquence des rapports sexuels et de la tendance à avoir des rapports sans préservatifs. La spiritualité explique mieux la variance de ces traits que d’autres caractéristiques mesurés comme l’impulsivité, la religiosité et l’usage d’alcool. Ce travail, s’il devait être confirmé sur des échantillons plus importants, peut bien sûr inspirer des réflexions darwiniennes sur l’émergence et la diffusion de la spiritualité dans l’évolution humaine.

Référence : Burris JL et al (2009), Relations among religiousness, spirituality, and sexual practices, J Sex Research, 46, 4, 282-289, doi : 10.1080/00224490802684582

jeudi 12 novembre 2009

Ratio 2D:4D en Chine et chez les primates

Lorsque l’on est un homme, la probabilité est forte que son annulaire (4D) soit plus long que son index (2D). Et inversement si l’on est une femme. Dans la littérature scientifique, on parle de ratio 2D : 4D, c’est-à-dire de la longueur d’index divisée par la longueur d’annulaire. Ce ratio est un trait montrant un net dimorphisme sexuel, avec des valeurs plus faibles en moyenne chez les hommes que chez les femmes (inférieures à 1 chez l’un, égal ou supérieur à 1 chez l’autre).

Le sujet peut sembler futile, il a pourtant donné naissance à des centaines de travaux. Car ce ratio digital est corrélé positivement ou négativement à un grand nombre de traits, au-delà du simple hasard des associations statistiques. En vrac : les capacités visuospatiales, les aptitudes verbales, l’émotivité, l’agressivité, la capacité sportive chez les femmes, l’homosexualité chez les Caucasiens, le poids à la naissance, le nombre de spermatozoïdes par éjaculat, la dépression, l’autisme et le syndrome d’Asperger, l’hyperplasie congénitale, l’obésité, les pathologies cardiaques…

Deux recherches récentes illustrent cet intérêt. Dans la première, une équipe de chercheurs chinois et américains a étudié le ratio 2D : 4D chez une population de 118 hommes et 103 femmes, âgés de 18 à 31 ans, hétérosexuels et droitiers. Étaient également mesurés le taux de testostérone dans la salive et le degré de masculinité/féminité des attitudes et comportements. Si les hommes ont montré un ratio inférieur aux femmes, il n’a pas été possible en revanche de retrouver des corrélations significatives entre ce ratio t les autres facteurs analysés. Les scientifiques suggèrent que la définition de la masculinité (ou de la féminité) présente une importante diversité culturelle.

L’autre travail, mené par Emma Nelson (Université de Liverpool) et Susanne Shultz (Université d’Oxford), concerne des primates de l’Ancien et du Nouveau Monde. Les chercheuses montrent que le ratio 2D : 4D, supposé provenir d’une exposition précoce aux androgènes, varie selon les espèces, qu’il est plus bas dans les espèces à mâle dominant pratiquant la polygynie et plus élevé chez celles pratiquant des unions plus stables entre deux individus. Plus la compétition intrasexuelle (intermâle) est forte et plus le ratio est bas, indiquant un rôle des hormones masculines dans le développement. L’espèce humaine se situe entre les singes du Nouveau Monde à ratio bas et les primates de l’Ancien Monde les plus adeptes de la promiscuité.

Références : Yang CFJ et al (2009), Second to fourth digit ratios, sex differences, and behavior in Chinese men and women, Social Neuroscience, 4, 1, 49-59, doi : 10.1080/17470910801942876 ; Nelson E, S Shultz (2009), Finger length ratios (2D:4D) in anthropoids implicate reduced prenatal androgens in social bonding, Am J Phys Anthrop, e-pub, doi : 10.1002/ajpa.21157 

mercredi 11 novembre 2009

Personnalité et cognition des sujets pédophiles

Autant la pédophilie bénéficie souvent d’une forte couverture médiatique, autant les recherches scientifiques et médicales sur les sujets pédophiles sont rares. Deux psychiatres allemands, Tillmann H.C. Kruger et Boris Schiffer, ont examiné 20 individus convaincus de pédophilie, neuf exclusivement attirés par les garçons et onze par les filles, en comparaison d’un groupe de contrôle de 28 sujets sains. Quatre tests cognitifs et deux tests de personnalité ont été menés. Les sujets pédophiles montrent des déficits neurocognitifs et des troubles de la personnalité dans la majorité de ces tests. Les deux psychiatres ont notamment observé une intelligence et un traitement de l’information inférieurs à la moyenne, des scores élevés en tendance sociopathe et paranoïaque, des manifestations de dysfonction et d’obsession sexuelles. Ces observations, bien que menées sur un faible nombre de sujets, convergent avec des travaux antérieurs et suggèrent que l’orientation pédophile procède d’un trouble précoce dans le développement neurocognitif de la personne. L’ensemble des facteurs génétiques, neurologiques et sociaux expliquant que les fonctions cérébrales du désir se focalisent sur des individus impubères, du même sexe ou de sexe opposé, reste à déterminer.

Référence : Kruger THC, B Schiffer (2009), Neurocognitive and personality factors in homo- and heterosexual pedophiles and controls, J Sexual Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01564.x

mardi 10 novembre 2009

Perversions féminines au XIXe siècle

Débauches, anomalies, inversions, perversions… à partir du XVIIIe siècle, la médecine a volontiers pathologisé l’ancienne catégorie morale et religieuse du vice. De plus en plus engagés dans une logique expérimentale, les médecins se livrent alors à des observations de cas cliniques, qui sont ensuite rattachés à des récits explicatifs. La vieille théorie humorale, héritée de l’Antiquité et encore en vogue au début du XIXe siècle, cédera peu à peu la place à des hypothèses nerveuses et psychologiques (influences de Charcot, Esquirol, Pinel…).

Nombre de ces travaux de la jeune sexologie ont été réédités et sont accessibles – on pense aux noms de Binet, Tarde, Charcot, Krafft-Ebing, Havelock Ellis, Hirschfeld. Mais ils ont pour point commun de rapporter exclusivement ou presque des cas masculins de ce que l’on nomme aujourd’hui les « paraphilies ». Sylvie Chaperon, historienne des sciences et de la médecine, comble donc un vide dans l’espace francophone en publiant cette anthologie des perversions féminines telles qu’elles furent rapportées par des médecins. Il est certes probable que l’incidence de ces « perversions » est, hier comme aujourd’hui, plus forte dans la population masculine que dans la population féminine. Mais l’exclusion de la parole féminine reflète aussi les préjugés de l’époque, où les femmes sont rarissimes dans les professions de chercheurs, médecins et universitaires, où la « biopolitique » nationale est marquée par le souci de santé des populations et la crainte de la dégénérescence.

Et pourtant, les femmes connaissent bel et bien les perversions : des cas d’onanisme, fétichisme, exhibitionnisme, nymphomanie, érotomanie, saphisme, tribadisme, et même nécrophilie, zoophilie ou pédophilie sont décrits dans ce recueil, avec bien sûr toute la dimension « littéraire » et édifiante que pouvaient avoir les annotations de l’époque, malgré le souci croissant d’une crédibilité scientifique. Cet essai, de lecture plaisante, apportera donc des éléments utiles pour comprendre la naissance de la sexologie mais aussi, plus généralement, pour mesurer les influences socio-culturelles sur l’évolution des sciences psycho- et biomédicales. Alors que le manuel psychiatrique DSM-V est annoncé pour 2012 et que de nombreux débats se lèvent notamment sur sa révision dans le domaine des « paraphilies », un tel recul historique est le bienvenu.

lundi 9 novembre 2009

Usages du lubrifiant

Selon une étude présentée ce jour par Debby Herbenick (Université de l’Indiana), l’usage de lubrifiant est un atout majeur du plaisir lors de l’acte sexuel. Les chercheurs dirigés par Herbenick ont enquêté auprès de 2453 femmes (âge moyen 32,5 ans, 85,6% hétérosexuelles, 56,4% mariées). Celles qui utilisent régulièrement du lubrifiant ont rapporté une augmentation du confort et du plaisir de l’acte dans 66,5% des cas. La première motivation de leur usage est d’éviter les déchirures tissulaires (22%), qui augmentent le risque de transmission du VIH. Une autre étude, menée cette fois sur 1834 hommes (et 8876 actes sexuels), a révélé un usage de lubrifiant dans 24,7% des actes. Dans 22,5% des cas, le gel est enduit directement sur le pénis (ou le préservatif), dans 16,2% autour du vagin, dans 16,2% encore sur les deux zones. Les hommes apprécient plus le lubrifiant avec leurs femmes (ou partenaires officielles) que lors du sexe occasionnel.

dimanche 8 novembre 2009

La sélection sexuelle... du plus gros consommateur ?

Dans un article théorique, Gianni de Fraja (universités de Rome et de Leicester) pose l’hypothèse de travail que le désir insatiable d’accroissement de la consommation a pour origine… la sélection sexuelle. La consommation ostentatoire se serait développée au sein de l’espèce humaine comme un caractère sexuel secondaire, c’est-à-dire un marqueur externe de fitness ayant pour fonction de séduire des partenaires du sexe opposé. L’hypothèse n’est pas vraiment nouvelle puisque le psychologue Geoffrey Miller l’avait formulée dans son essai The Mating Mind. Mais G. de Fraja, qui est économiste, l’applique à sa discipline et à la fonction de maximisation d’utilité. On observera que cette perspective, tout à fait recevable, n’explique cependant pas la diversité des régimes économiques (et sexuels) développés par les humains dans le passé ou le présent.

Référence : De Fraja G (2009), The origin of utility: Sexual selection and conspicuous consumption, Journal of Economic Behavior & Organization, 72, 1, 51-69 doi : 10.1016/j.jebo.2009.05.019

samedi 7 novembre 2009

Sexe, exploitation, évolution

David Buss, psychologue évolutionniste (Université du Texas), spécialiste des questions amoureuses et sexuelles, introduit dans la dernière livraison de Behavioral and Brain Sciences la question de l’exploitation et des émotions qui lui sont attachées. L’exploitation (de la femme par l’homme) est un thème classique de la littérature féministe moderne. Il intéresse aussi l’approche darwinienne.

Buss distingue trois catégories fondamentales de stratégie pour acquérir des ressources reproductivement utiles : l’acquisition individuelle (par le travail, la collecte, la chasse, etc.), l’acquisition coopérative (échange, altruisme, coalition, etc.) et l’exploitation. Cette dernière connaît divers degrés d’intensité : des formes très modérées consistent à ne pas rendre autant que l’on a reçu dans un échange fondé sur la réciprocité ; des formes extrêmes résident dans la guerre pour s’approprier les ressources (et les partenaires sexuels potentiels) d’un groupe adverse. Le chercheur observe qu’en dehors de certains travaux sur la tromperie / tricherie et sa détection dans les sciences cognitives, très peu de recherches ont été consacrées à cette notion d’exploitation et d’exploitabilité dans l’évolution, ainsi qu’aux mécanismes de défense développés pour repérer les exploiteurs ou se protéger d’eux.

Amour et sexualité occupent une place intéressante dans les stratégies interpersonnelles d’exploitation, et c’est ainsi que le problème est parfois posé dans la culture populaire (depuis l’homme profitant gratuitement du travail à domicile de sa partenaire ou brutalement de la fertilité d’une femme sexuellement agressée jusqu’à la femme exploitant les ressources issues d’un bon mariage ou de divorces plus fructueux encore). Pour Buss, des émotions comme la peur, la colère, la jalousie ont typiquement évolué pour éviter que la confiance ne soit trompée, notamment la confiance induite par le sentiment amoureux.

Référence : Buss DM (2009), The role of emotions in adaptations for exploitation, Behavioral and Brain Sciences (2009), 32, 391-392, doi: 10.1017/S0140525X09991087

vendredi 6 novembre 2009

Attirance pour le sexe opposé : le visage ou le corps ?

Un certain nombre de caractéristiques physiques influencent le choix des partenaires sexuels, que ce soit pour une rencontre de court terme ou pour une union de long terme. Certains concernent des propriétés du visage ; d’autres des aspects du corps ; d’autres encore des paramètres biologiques non visibles. Mais peu de recherches ont été menées pour essayer de mesurer la hiérarchisation de ces traits.

Thomas E. Curie et Anthony C Little ont souhaité analyser l’importance relative du visage et du corps dans les préférences exprimées. Dans leur expérience, 127 hommes et 133 femmes, hétérosexuels, se sont vus présenter des images de dix individus du sexe opposé. Les photos du visage et celles du corps ont été présentées indépendamment, puis combinées. Les volontaires devaient remplir un questionnaire d’attractivité, en précisant s’ils se sentaient intéressés par une liaison courte ou plus durable.

Les photographies de visages sont les meilleurs prédicteurs de l’attractivité, pour les deux sexes et pour les deux types d’union. Les femmes ne font pas de différence selon la liaison souhaitée, mais les hommes accordent un peu plus d’importance au corps quand ils envisagent une liaison à long terme. Les différentes parties du corps sont donc susceptibles de déclencher des signaux autonomes dans les stratégies sexuelles.

Référence : Curie TE, AC Little (2009), The relative importance of the face and body in judgments of human physical attractiveness, Evol Hum Behav, 30, 6, 409-416, doi: 10.1016/j.evolhumbehav.2009.06.005

jeudi 5 novembre 2009

Chéries Chéris, 15e festival de films gays, lesbiens et trans de Paris

Chéries Chéris, 15e festival de films gays, lesbiens et trans de Paris, Forum des images se tiendra au Forum des images du 16 au 22 novembre 2009.
Débats : Autour de La Domination masculine ; Act Up, quelles images ? ; Racolage ; 15 ans, le bel âge ? Le Festival a 15 ans… et après ?
Invités :  Rachid Adjane (performer-comédien », J. Aguila (scénariste et réalisatrice) Antoine+Manuel (qraphistes, designers), Meliza Banales (poétesse, performeuse et réalisatrice), Maria Beatty (réalisatrice), Ilmann Bel (acteur), Claudette (prostituée), Gilles Collot (programmeur), Catherine Corringer (comédienne, réalisatrice), José Celestino Campusano (cinéaste, écrivain), David Dibilio (réalisateur), Hugo Di Verdura (romancier, producteur), Olivier Ducastel (réalisateur), Camille Ducellier (réalisatrice), Louis Dupont (réalisateur), Nicolas Flessa (réalisateur), Stéphane Giusti (réalisateur), Yann Gonzalez (journaliste, réalisateur), Elliat Graney-Saucke (réalisatrice), Patric Jean (réalisateur), Panos H. Koutras (réalisateur), Jean-Philippe Labadie ( acteur, réalisateur, producteur), Elisabeth Lebovici (journaliste, enseignante, écrivain), Hervé Joseph Lebrun (photographe, réalisateur), Lilium Leonard (réalisatrice), Jay J. Levy (producteur et metteur en scène de spectacles), Pascal Lièvre (plasticien), Damien Manivel (réalisateur), Stéphane Marti (enseignant, réalisateur), Jacques Martineau (réalisateur), Marie Masmonteil (productrice), Nikita (prostitué, auteur, co-fondateur du Strass Syndicat du Travail Sexuel), Mina Orfanou (comédienne), Cécile Patingre (réalisatrice), Patricia & Colette (comédien), Nicolas Pleskof (réalisateur), Consuelo Ramirez (réalisatrice, créatrice de Butch Action Productions), Laurence Rebouillon (réalisatrice), João Pedro Rodrigues (réalisateur), Karine Saporta (chorégraphe), Sawssen Saya (réalisatrice), Monika Treut (réalisatrices), Lou Ye (réalisateur), François Zabaleta (écrivain, photographe, plasticien et cinéaste)
Lieu : Forum des Images / Forum des Halles, 2 rue du Cinéma, 75001 Paris.
Date : 16-22 novembre 2009. Informations sur ce site.

Orientation sexuelle et reconnaissance des visages attractifs

Plusieurs études ont montré que les individus hétérosexuels expriment en moyenne des préférences pour certains traits dimorphiques, c’est-à-dire que les hommes apprécient des traits féminins chez la femme et les femmes des traits masculins chez l’homme. Mais peu de travaux se sont intéressés au même phénomène chez les homosexuels.

Une équipe de chercheurs américains, canadiens et écossais dirigée par Aaron N. Glassenberg a présenté des photographies de visages masculins ou féminins à plus de 900 volontaires de diverses orientations sexuelles (311 hommes homosexuels, 215 hommes hétérosexuels, 159 femmes homosexuelles et 218 femmes hétérosexuelles). Les traits masculins ou féminins d’un visage sont des variations moyennes observées chez les deux sexes pour la forme de la mâchoire, du front, des pommettes, des lèvres et des yeux.

Résultats de l’expérience : les gays ont manifesté en moyenne plus d’intérêt pour les visages d’hommes les plus masculins que toutes les autres orientations. Les lesbiennes ont quant à elle préféré les visages plus masculinisés de femmes par rapport aux hétérosexuelles. Cette recherche indique donc que l’orientation sexuelle détermine des préférences spécifiques dans la reconnaissance des visages attractifs.

Référence : Glassenberg AN et al (2009), Sex-dimorphic face shape preference in heterosexual and homosexual men and women, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9559-6

mercredi 4 novembre 2009

Poids et sexualité chez les jeunes filles américaines

Une équipe de chercheurs des universités de Pittsburg et de Caroline du Sud, ainsi que de la société Novartis, a exploré le rapport entre poids et sexualité chez les lycéennes nord-américaines. Ils ont utilisé l’enquête 2005 sur la surveillance des comportements à risque, dont le questionnaire avait été rempli par 7193 jeunes filles inscrites dans l’enseignement secondaire. Trois indices de poids ont été retenus (poids réel, poids perçu, erreur d’appréciation sur son poids) ainsi que six comportements sexuels (sexe avec pénétration, sexe avant l’âge de 13 ans, plus de quatre partenaires sexuels au moment de l’enquête, rapport en état d’ivresse, usage du contraceptif oral, usage du préservatif) et les rapports violents dans l’histoire personnelle des sujets.

Ni le poids réel ni le poids perçu ne permettent de prédire le comportement sexuel de l’ensemble des lycéennes. En revanche, celles qui s’estiment en surpoids ont une sexualité moins active que les autres. Parmi les filles sexuellement actives, celles qui ont un indice de masse corporelle peu élevé mais se perçoivent comme trop grosses sont aussi celles qui utilisent le moins de préservatif, qui ont la plus forte probabilité d’avoir connu u ace avec pénétration avant 13 ans. Les critères d’ethnicité font cependant varier les résultats dans les détails. Les filles d’origine européenne s’estimant en dessous du poids normal sont aussi celles qui ont le plus de chances d’avoir plus de quatre partenaires. Les filles d’origine africaine rapportent plus souvent plus de quatre partenaires quand elles ont un IMC supérieur à la moyenne, et utilisent moins le préservatif quand elles ont un IMC inférieur. Les filles d’origine hispanique, quel que soit leur poids, sont celles qui s’engagent dans le plus de comportements sexuels à risque.

Référence : Akers AY et al (2009), Exploring the relationship among weight, race, and sexual behaviors among girls, Pediatrics, 124, 5, e913-e920, doi:10.1542/peds.2008-2797

Sexualités aujourd’hui : deux sexes, deux orientations sexuelles… et les autres alors ?

Rencontre-débat avec : Karl Mengel, auteur de Pour et contre la bisexualité, Julien Picquart, auteur de Ni homme ni femme, enquête sur l’intersexuation. Rencontre animée par Damien Mascret, médecin, sexologue, auteur de La Revanche du clitoris.
Date : mardi 24 novembre, à partir de 19h00
Lieu : La Musardine, 122 rue du Chemin-Vert 75011 Paris – 01.49.29.48.55 - M° Père Lachaise

mardi 3 novembre 2009

Traiter les complications du priapisme

Le dieu grec Priape fut puni par ses pairs pour avoir essayé de violer Hestia, et condamné à porter d’énormes attributs sexuels. Du mythe découle une condition médicale moderne, le priapisme. Celui-ci est caractérisé par une érection durant quatre heures ou plus. Son équivalent féminin existe (clitorisme). Le priapisme peut avoir d’innombrables causes (effets secondaires de médicaments, leucémie, maladie de Fabry, syphilis, drépanocytose, etc.). Sa complication la plus grave est une fibrose pénienne touchant les corps caverneux et aboutissant à l’impuissance. Un groupe de chercheurs américains et chinois vient de montrer le rôle-clé d’une enzyme, l’adénosine déaminase, dans le développement de cette complication. Des inhibiteurs de cette voie de signalisation pourraient donc soulager les patients.

lundi 2 novembre 2009

Dysfonction érectile et éjaculation précoce lors du premier rapport

Une équipe de chercheurs finlandais a étudié les problèmes sexuels lors du premier rapport chez une large cohorte de 3186 jumeaux. L’âge moyen des sujets au moment de l’enquête est de 26,17 ans. Ils ont été interrogés sur la dysfonction érectile, l’éjaculation prématurée, les contextes de l’acte, les réactions affectives au moment de l’acte, l’arrière-plan de leur éducation (rapport des parents à la nudité et à la sexualité). L’éjaculation prématurée analysée à travers les différences entre vrais et faux jumeaux montre une composante génétique significative, ce qui n’est pas le cas du trouble de l’érection. Ce dernier est assez fréquent lors du premier rapport, de même que des réactions affectives prononcées (positives ou négatives). Le bon rapport des parents à la sexualité est positivement corrélé à une première expérience réussie. Parmi les facteurs de panne physiologique et de réactions négatives : l’intoxication (drogue, alcool) au moment de l’acte, le fait de faire l’amour à une personne peu connue ou inconnue, la pression du groupe et, bien sûr, des sentiments personnels dépréciateurs de l’acte sexuel en général.

Référence : Santtila P et al. (2009), Prevalence and determinants of male sexual dysfunctions during first intercourse, J Sex Marital Ther, 35, 2, 86-105, doi : 10.1080/00926230802712293

samedi 31 octobre 2009

Halloween : sans danger particulier pour les enfants

Aux États-Unis, où la fête d’Halloween est plus populaire que sur le Vieux Continent, plusieurs municipalités, comtés et États ont pris sous pression conservatrice des dispositions pour écarter des activités festives les personnes reconnues coupables de crimes ou délits sexuels. Quatre chercheurs ont examiné si cette disposition répond à un risque d’agression sexuelle sur enfant plus prononcé à cette occasion.

67.045 agressions sexuelles non familiales sur enfant de moins de 12 ans, commises entre 1997 et 2005, ont été passées en revue. La période d’Halloween ne montre aucune anomalie statistique compte tenu de la saison et de la période de la semaine considérées. Le principal risque concerne plutôt les accidents de la route. Avec un certain bon sens, les auteurs concluent qu’il n’est pas forcément utile de légiférer contre un problème imaginaire.

Référence : Chaffin M et al (2009), How safe are trick-or-treaters?, Sexual Abuse: A Journal of Research and Treatment, 21, 3, 363-374, doi : 10.1177/1079063209340143

Après un viol : résilience ou non ?

Aux États-Unis, on estime que 13 à 26 % des femmes ont subi un rapport sexuel contraint. Mais il existe des différences importantes dans les conséquences psychologiques du viol. Environ la moitié des victimes développe un syndrome de stress post-traumatique (SSPT), tandis que l’autre ne manifeste aucun trouble psychologique décelable. Une équipe de chercheurs américains a utilisé l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle afin d’examiner 42 femmes, 14 ayant subi un viol avec SSPT, 14 ayant subi un viol sans SSPT, 14 n’ayant pas subi de viol et ne présentant pas de pathologie. Les volontaires ont été exposées à des stimuli induisant des émotions négatives. La différence la plus notable a résidé dans l’activation du cortex préfrontal : les femmes ayant subi un viol mais ne manifestant pas de trouble ultérieur semblent avoir une capacité supérieure aux autres dans cette région cérébrale. Cela suggère le développement de stratégies cognitives (conscientes ou inconscientes) susceptibles de dépasser un événement traumatisant.

Référence : New AS et al (2009), A functional magnetic resonance imaging study of deliberate emotion regulation in resilience and posttraumatic stress disorder, Biological Psychiatry, 66, 7, 656-664, doi : 10.1016/j.biopsych.2009.05.020

vendredi 30 octobre 2009

Les grands-mères sont-elles injustes ? Longévité, ménopause, investissement grand-parental


L’espérance de vie des femmes se prolonge bien au-delà de la ménopause, et elle est aujourd’hui même supérieure à celle des hommes. Les biologistes évolutionnistes s’intéressent à ce trait, qui n’est pas spécialement prédit par la théorie : pendant les 20 à 50 ans où la femme est devenue infertile, elle ne peut par définition transmettre ses gènes ; et l’on s’attendrait plutôt à une sélection nulle ou négative pour la longévité. Ce qui n’est pas le cas. Parmi les nombreuses hypothèses avancées pour expliquer la survie après la ménopause, la plus débattue est sans doute « l’effet grand-mère ». Elle s’expose ainsi : les grands-mères investissent temps, énergie et ressource pour s’occuper de leurs petits-enfants, ce qui augmente la probabilité de survie de deux-ci, donc en dernier ressort la transmission génétique.

Mais cette hypothèse, comme bien d’autres en théorie de l’évolution, est difficile à tester. L’équipe de Leslie Knapp (Université de Cambridge) a trouvé une idée intéressante : si l’investissement des grands-mères est (inconsciemment bien sûr) lié à la bonne transmission des gènes, on devrait peut-être observer un biais dans la survie des petits-enfants issus de leur fille plutôt que de leur fils. En raison du chromosome X, les grands-mères ont en effet un nombre variable de gènes en commun avec les lignées féminines et les lignées masculines. Le chromosome X contient 1529 gènes, 4,4 % de l’ensemble de l’ADN mais environ 8 % du génome humain. Selon que son X se transmet ou non, une grand-mère partage de 23 à 31 % de ses gènes avec son petit-enfant (en moyenne 25 %). Le lien génétique le plus fort se constitue entre la grand-mère paternelle et sa petite-fille (l’un des X de celle-ci provient nécessairement du père), le plus faible avec son petit-fils (dont le X unique peut provenir de la mère, et donc être non-apparenté à la grand-mère).

Pour valider ou invalider cette conjecture, les chercheurs ont analysé les données historiques de sept pays, aussi différents que l’Angleterre, le Japon ou l’Éthiopie, remontant parfois jusqu’au XVIIe siècle. Résultat : ils montrent qu’en moyenne et dans les sept pays, la probabilité de survie des petits-enfants est conforme à la probabilité de proximité génétique d’avec la lignée grand-maternelle (c’est-à-dire : investissement maximal pour une grand-mère paternelle et sa petite-fille, minimum pour une grand-mère paternelle et son petit-fils, intermédiaire pour les autres cas).

Les traditionnelles disputes des parents sur les parti-pris de leur belle-mère auraient-elles trouvé leur explication?

Référence : Fox M et al (2009), Grandma plays favourites: X-chromosome relatedness and sex-specific childhood mortality, Proc Roy Soc B Biol Sci, e-pub, doi: 10.1098/rspb.2009.1660

jeudi 29 octobre 2009

Fellation chez les chauve-souris


Cynopterus sphinx est une chauve-souris frugivore, répandue en Inde et dans le Sud-Est asiatique. Appelés aussi chauve-souris à petit nez, elles vivent suspendues, tantôt solitaires tantôt en groupes de deux ou plus. Dans ce dernier cas, il est fréquent qu’un mâle vive avec plusieurs femelles dans une niche de feuilles. Ces chauve-souris présentent une particularité : elles pratiquent la fellation hétérosexuelle. Chez Cynopterus sphinx, la femelle lèche souvent le pénis du mâle dans la phase de copulation dorsoventrale. Une équipe de chercheurs chinois et anglais s’est intéressée à ce comportement sexuel relativement atypique dans le monde animal. Ces chauve-souris à petit nez adoptent en fait une position particulière : lorsque le pénis a déjà pénétré la femelle, celle-ci lèche sa base (jamais le gland). Il existe une corrélation positive entre la durée de la fellation et celle de la copulation. On observe sur le graphique ci-joint la comparaison de durée des actes sexuels (avec et sans fellation, donc). Par ailleurs, le mâle ayant bénéficié d'une fellation consacre plus de temps aux toilettes (grooming) postcopulatoires.

On a documenté des cas de fellation chez le bonobo (Pan paniscus), mais il s’agit surtout d’un comportement de jeu entre jeunes mâles. La fellation a également été observée chez l’orang-outang (Pongo Pygmeus), l’acte étant interrompu et la femelle caressant le pénis avec sa main et sa bouche avant de le réintroduire. Une autre espèce de chauve-souris, la chauve-souris frugivore de Livingstone (Pteropus livingstonii), est aussi adepte des pratiques buccale. Les chercheurs font plusieurs hypothèses (non mutuellement exclusives) pour expliquer l’apparition de la fellation : maintien de l’érection, lubrification facilitant l’acte, fertilisation plus probable lors d’un acte sexuel plus long, propriétés bactéricides de la salive, détection d’indices chimiques informant sur la compatibilité immunitaire avec le partenaire.

Référence : Tan M et al (2009), Fellatio by fruit bats prolongs copulation time, PLOS One, 4, 10,  e7595. doi:10.1371/journal.pone.0007595

mercredi 28 octobre 2009

La femme du futur ? Plus petite, plus dodue, plus fertile

Une idée reçue énonce que l’évolution humaine a cessé. Ce qui n’a pas de sens : tant qu’il existe un différentiel de survie et de reproduction entre les femmes, l’évolution se poursuit. Stephen Stearns (Université Yale) et ses collègues s’en sont assurés en analysant les données de la célèbre cohorte de Framingham, une des plus anciennes en épidémiologie contemporaine. Débutée en 1948 pour analyser les déterminants des problèmes cardiovasculaires, cette étude analyse le parcours de vie et les données médicales de plus de 14.000 habitants de la ville de Framingham, dans la Massachusetts. Parmi eux, les chercheurs ont isolé 2238 femmes ayant aujourd’hui atteint la ménopause, dont on peut étudier la fertilité finale. Selon eux, il en résulte que les femmes un peu plus grosses et un peu plus petites que la moyenne tendent à avoir plus d’enfants que les autres. Il en va de même pour les femmes ayant moins de cholestérol et une pression sanguine plus faible. Ainsi, sans surprise, que les femmes ayant connu le plus tôt leur première grossesse ou le plus tard leur ménopause. Si cette tendance devait se poursuivre sur 10 générations, la moyenne des femmes en 2409 mesurerait 2 centimètres de moins, pèserait 1 kg de plus, aurait leur premier enfant 5 mois plus tôt et leur ménopause 10 mois plus tard. Si les traits en questions dépendent de facteurs génétiques, bien sûr, mais c’est le cas selon les chercheurs qui ont par ailleurs contrôlé les différences sociales et culturelles entre les femmes étudiées.

Référence : Byars S et al. (2009), Natural selection in a contemporary human population, PNAS, e-pub, doi: 10.1073.pnas.0906199106

lundi 26 octobre 2009

Addiction à la pornographie : un trouble à visée normative?

Dans la revue trimestrielle Sexologies, F. Voros (EHESS Paris) propose une analyse éclairante sur l’invention de l’addiction à la pornographie. L’auteur observe : «Au moment où un récit de soi de l’« accro au porno » apparaît dans l’espace public à travers des sites Internet et des émissions télévisées, et où cette catégorie intègre le langage ordinaire, l’idée selon laquelle la pornographie serait une drogue, et son usage intensif un état pathologique qu’il serait possible de distinguer d’un état normal, et donc de soigner, divise toujours les professionnels de la santé sexuelle. Si le nombre de publications traitant de la consommation «excessive» et «incontrôlée» de pornographie depuis les perspectives de l’«addiction sexuelle» ou de l’«addiction à Internet» a littéralement explosé outre-atlantique depuis les années 1990, ce nouveau langage médical suscite encore la suspicion de nombreux cliniciens, en France mais également aux États-Unis.»

L’addiction à la pornographie est ainsi une catégorie encore incertaine dont on peut retracer l’histoire : apparition des premières pratiques de prise en charge au sein de groupes de «dépendants à la sexualité» aux États-Unis à la fin des années 1970 ; développement d’une expertise médicale à partir des années 1980 au carrefour de plusieurs disciplines (psychiatrie, psychologie, sexologie, psychanalyse, neurobiologie) et domaines de savoir émergeants (addiction sexuelle, compulsion sexuelle, addiction à Internet) ; puis diffusion médiatique de la notion en France à partir des années 2000.

Comme le souligne l’auteur, l’addiction à la pornographie est sous-tendue par un discours implicitement normatif : «Au-delà des variations dans le discours des différents acteurs impliqués dans la lutte contre l’addiction à la pornographie, l’état de santé sexuelle auquel il est implicitement fait référence consiste en une sexualité relationnelle régulière (mais modérée), s’inscrivant dans une relation de couple durable n’impliquant aucun fantasme pervers (concentration sur l’acte en lui-même), et permettant une vie sociale «réussie». Un enchevêtrement de plusieurs régimes de normativité sexuelle est ainsi impliqué dans la production de cette nouvelle anomalie sexuelle : la norme de «bon fonctionnement sexuel», selon laquelle une sexualité relationnelle régulière, associée à une minimisation de l’autosexualité (perte de l’énergie sexuelle masculine), serait une source d’équilibre psychologique et de performance corporelle ; l’idéal conjugal, selon lequel le seul plaisir sexuel épanouissant est celui qui participe de la construction d’une relation de couple durable ; et enfin la norme hétérosexuelle, puisque l’opposition entre des relations sexuelles «normales» et «saines» (coït hétérosexuel) et des fantasmes pornographiques «extrêmes» ou «pervers» (représentations de viols, d’actes pédophilies, zoophiles… mais aussi des sexualités gay, trans ou SM) ne fait sens qu’au sein d’une vision profondément hétérocentrée de la diversité des genres et des sexualités.»

Référence : Voros F (2009), L’invention de l’addiction à la pornographie, Sexologies, e-pub, doi:10.1016/j.sexol.2009.09.008

dimanche 25 octobre 2009

Contrastes et cosmétiques

Dans le journal Perception, Richard Russell, professeur de psychologie à l’Université de Gettysburg, suggère que les traits moyens des visages féminins et masculins diffèrent par le contraste que l’on observe dans la zone des yeux et de la bouche (par rapport à la peau environnante). Les visages les plus féminins sont les plus contrastés, et ils sont aussi perçus comme les plus attractifs. Cette perception intuitive contribuerait à expliquer l’usage des cosmétiques, qui accentuent bien sûr le contraste en question.

Référence : Russell R (2009), A sex difference in facial contrast and its exaggeration by cosmetics, Perception, 38, 8, 1211-1219, doi:10.1068/p6331

samedi 24 octobre 2009

Quand la mouche (femelle) travaille après l’amour

Les drosophiles (mouche du vinaigre, Drosophilia melanogaster) ont deux pics d’activité, à l’aube et au crépuscule. L’après-midi est habituellement consacré à ce que nous appellerions la « sieste », soit une période de relative quiétude. Ce rythme quotidien est cependant dimorphique, car le mâle est globalement plus indolent que la femelle, celle-ci passant plus de temps à la recherche de nourriture et de lieux pour déposer ses œufs. Mais la sexualité modifie encore ces habitudes, et le déséquilibre mâle-femelle, comme vient de le montrer d’équipe d’Elwyn Isaac.

Les chercheurs ont examiné des populations de mouches vierges et d’autres venant de copuler. Ils ont observé que les insectes vierges femelles ont des rythmes se rapprochant du mâle, avec une pause marquée l’après-midi. En revanche, la femelle en phase de copulation voit son temps de repos diurne limité de 70 %, et cela pendant 8 jours après l’acte sexuel. Pourquoi ? Il semble bien que le mâle est responsable de ce changement de rythme à travers le Sex Peptide (SP), une protéine présente dans le liquide séminal. En effet, des mâles dont la sécrétion de ce peptide a été supprimée ne provoquent pas de modification comportementale chez la femelle. L’une des conséquences fâcheuses pour la femelle est que le stress induit par le SP et le surcroît de travail dans la quête de nourriture et de nid impliquent une limitation de sa longévité. Les mouches ne connaissant pas vraiment la parité…

Référence : Isaac RE et al (2009), Drosophila male sex peptide inhibits siesta sleep and promotes locomotor activity in the post-mated female, Proc Roy Soc B, e-pub, 10.1098/rspb.2009.1236

jeudi 22 octobre 2009

Adolescence, attractivité et statut social

Après une analyse récente sur le visage et la voix, le développement du désir chez les adolescents fait l’objet d’une nouvelle étude expérimentale. Une équipe néerlandaise a travaillé sur une population de 1913 individus âgés de 13 à 18 ans. Les participants ont rempli un questionnaire sur les diverses caractéristiques souhaitées chez un partenaire potentiel de court terme. Ils ont également été placés dans une situation expérimentale de rencontre (dating) où les partenaires potentiels, d’un statut social plus ou moins élevé, devaient être notés comme plus ou moins attirants. Les garçons ont dans l’ensemble accordé plus d’importance à l’attractivité physique que les filles. Les deux sexes ne montrent pas différence sur le statut social dans le questionnaire, qui est dans l’ensemble peu valorisé par rapport aux choix des adultes. Néanmoins, dans l’expérience de rencontre, les garçons ayant d’abord jugé une fille attractive tendent à sélectionner secondairement sur le statut social. Et les filles considèrent le statut social comme aussi important que l’attractivité physique. Plus un individu se perçoit comme lui-même attractif (auto-évaluation subjective), plus il sera exigeant sur ce critère.

Références : Radboud TH et al (2009), Effects of attractiveness and social status on dating desire in heterosexual adolescents: An experimental study, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9561-z

mercredi 21 octobre 2009

Une exposition pédophile à la Tate Modern de Londres ?

Cette image bien connue représente l’actrice américaine Brooke Shields, photographiée par Gary Gross, popularisée par Richard Prince qui en a racheté le droit de tirage. Elle devait figurer dans l’exposition "Pop Life", qui se tient à la Tate Modern de Londres.

Mais une unité de police spécialisée dans la chasse aux images obscènes (Metropolitan Police Service Obscene Publication Unit) a considéré qu’exposer une telle photo représenterait un délit. Les organisateurs ont donc remplacé en urgence l’image par une autre, signé Richard Prince et représentant la même actrice, à ceci près qu’elle est désormais âgée… de 40 ans. Le catalogue même de l’exposition a été interdit à la vente au dernier moment, soit une perte de 348 000 euros.

La sensibilité extrême de l’époque à la pédophilie a donc des conséquences inattendues dans le monde de l’art. L'an dernier, la FIAC de Paris avait vu la saisie par la police d'une oeuvre supposée zoophile de l'artiste russe Oleg Kulik.

(Source : Le Monde. Image : DR)

mardi 20 octobre 2009

Evaluer une silhouette attirante : ratio taille-hanche ou indice de masse corporelle ?

Les études comportementales ont suggéré deux caractéristiques importantes dans le choix d’un partenaire féminin : la distribution de graisse, que représente le ratio taille-hanche, et la graisse totale, que mesure l’indice de masse corporelle. Qu’est-ce qui motive vraiment l’observateur quand il examine un corps ? Pour le savoir, une équipe de chercheurs anglais ont utilisé la technique de l’eye-tracking (oculométrie), qui permet de suivre avec précision les mouvements de l’œil dans l’espace attentionnel.

Trois groupes de 10 hommes et trois autres de 10 femmes ont évalué 46 photographies de corps féminins. À chaque groupe, on demandait respectivement de juger de l’attractivité, du ratio taille-hanche ou de la masse corporelle totale de la personne photographiée. Les chercheurs ont donc pu isoler les mouvements de vision spécifiques au jugement d’attractivité, pour examiner ensuite leurs convergences ou divergences avec les deux autres. Il en ressort que l’indice de masse corporelle et l’évaluation d’attractivité obéissent à des répartitions très semblables, alors que le ratio taille-hanche est fort différent.

Référence : Cornelissen PL et al. (2009), Patterns of eye movements when male and female observers judge female attractiveness, body fat and waist-to-hip ratio, Evol Hum Behav, 30, 6, 417-28, doi : 10.1016/j.evolhumbehav.2009.04.003

lundi 19 octobre 2009

Les critères d’attirance changent avec l’adolescence

Biologistes et psychologues d’inspiration darwinienne analysent les facteurs d’attractivité qui sous-tendent certains choix de partenaires. Parmi les indices les plus répandus figurent les formes du visage et les tons de la voix. Ces travaux sont menés chez l’adulte. Une équipe de chercheurs anglais s’est intéressé à l’émergence de ces préférences (moyennes) dans l’adolescence, avec un groupe de volontaires âgés de 11 à 15 ans. Ceux-ci devaient observer des photographies de visages plus ou moins moyens, féminins et symétriques. (On a montré que les visages « moyens » obtenus par fondu de plusieurs visages sont jugés plus attractifs que les autres, sans doute parce que la moyenne ainsi obtenue tend à lisser les traits rares et potentiellement inattirants). Ils devaient aussi juger plusieurs ton de voix.

Les adolescents ont jugé les visages moyens, féminins et symétriques plus attirants qu’ils ne l’auraient fait par un choix aléatoire. Ces choix varient cependant avec l’âge et le sexe. Il en va de même pour les voix. Les filles les plus âgées (mais pas les jeunes) tendent à préférer les voix masculines plus graves, les garçons les plus jeunes (mais pas les plus âgés) tendant de leur côté à préférer les voix féminines plus haut perchées.

Le contrôle par âge et degré de développement pubertaire montre que les critères sélectifs sont modifiés par l’entrée dans l’âge pubère. Ils rejoignent ainsi ceux des adultes lorsque les individus atteignent la maturité sexuelle et que la sélection du partenaire devient pertinente pour eux.

Référence : Saxton TK et al. (2009), Face and voice attractiveness judgments change during adolescence, Evol Hum Behav, 30, 6, 398-408, doi:10.1016/j.evolhumbehav.2009.06.004

dimanche 18 octobre 2009

Suivi des transsexuels après réassignation chirurgicale

Quatre chercheurs suédois ont examiné l’évolution de 42 patients transsexuels ayant connu une réassignation chirurgicale (25 M>F et 17 F>M). 26 d’entre eux (62 %) ont ressenti précocement le trouble de genre contre 16 (38 %) chez qui celui-ci s’est manifesté plus tardivement dans l’existence. 29 (69 %) se définissaient comme homosexuels, 13 (31 %) comme hétérosexuels (par rapport à leur sexe biologique avant opération).

Au moment de l’enquête, 32 patients avaient achevé la phase chirurgicale de changement de sexe, 5 étaient en cours de procédure et 5 avaient décidé d’abandonner l’intervention sur les organes génitaux. Aucun ne regrettait sa décision. Les médecins ont estimé l’issue globalement favorable dans 62 % des cas (contre 95 % selon l’auto-évaluation des patients sur questionnaire). 90 % des sujets ont une existence stable pour ce qui est de la vie professionnelle, de la vie amoureuse et de la sexualité. Mais 5 à 15 % expriment des difficultés avec les suites post-opératoires, le traitement hormonal ou une des autres étapes de la procédure. On observe aucune différence significative selon le sexe après opération (M>F ou F>M).

Les personnes ayant choisi tardivement la réassignation sexuelle diffèrent par plusieurs points : ce sont principalement des M>F (88 contre 42 %), ils sont plus âgés au moment de l’opération (42 contre 28 ans), ils se définissent plus volontiers comme non-homosexuels (56 contre 12%).

Référence : Johansson A et al (2009), A five-year follow-up study of Swedish adults with gender identity disorder, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9551-1

samedi 17 octobre 2009

Beauté et contexte : l'implantation nasale selon les Brésiliens

Lors du congrès de l’Association américaine d’otorhinolaryngologie, des chercheurs ont présenté une étude sur les différences culturelles en matière d’évaluation de la beauté du visage. Le matériau pour l’analyse des préférences rassemblait les observations de professionnels de la chirurgie esthétique, de sculpteurs et artistes, et des citoyens américains (Etats-Unis) et brésiliens. Ces groupes ont visionné des photographies travaillées par ordinateur de six visages féminins, âgés de 18 à 30 ans, variant par la position relative de la base du nez (au niveau de la pupille et de la paupière). Les Brésiliens accordent ainsi leur préférence à une position haute (53 %) ou moyenne (36 %), une position basse faisant l’objet d’un rejet assez partagé (73 %). Ces proportions ne se retrouvent pas dans les jugements nord-américains. Si certains traits faciaux et corporels sont de nature transculturelle (appréciation de la symétrie ou d’un certain ratio taille-hanche, par exemple), d’autres sont en revanche bien plus dépendants des contextes sociaux, culturels ou historiques.

Représentations des organes génitaux et pratiques sexuelles

Debby Herbenick, directrice associée du Centre de promotion de la santé sexuelle de l’Université d’Indiana, a mis au point une échelle de mesure de l’attitude vis-à-vis des organes génitaux féminins. «Notre culture représente souvent les organes génitaux féminins comme sales, ayant besoin d’être lavés ou toilettés. Certaines femmes peuvent être plus exposés à ces messages négatifs, ou se montrer plus susceptibles à leur impact», observe-t-elle. Son étude a analysé les attitudes de 362 femmes et 241 hommes, en majorité d’origine caucasienne, âgés de 18 à 23 ans. «Les femmes sont souvent plus critiques à l’égard de leurs organes géniaux, ou de ceux d’autres femmes, que ne le sont les hommes.» L’étude montre également que les femmes ayant une image positive de leur sexe sont aussi celles qui recherchent plus volontiers le plaisir, atteignent plus aisément l’orgasme, et adoptent des pratiques sans risque. L’image du corps et le plaisir du sexe semblent ainsi étroitement associés.

Référence : Herbenick DL (2009), The development and validation of a scale to measure attitudes toward women's genitals, International Journal of Sexual Health, 21, 3 153-166, doi : 10.1080/19317610903149692

vendredi 16 octobre 2009

Fabrique du mâle : l'estrogène compte aussi

Le comportement des mâles est souvent rapporté à la testostérone, hormone sexuelle de différenciation. Mais une nouvelle étude publiée dans Cell rapporte que la testostérone ne raconte pas toute l’affaire et que l’estrogène, hormone « féminine », est également nécessaire lors de la constitution d’un organisme masculin, tout particulièrement de son cerveau.

«On sait depuis des décennies que l’estrogène peut jouer un rôle dans le fait que les mâles se comportent comme des mâles. Ce que nous avons fait, c’est mettre en lumière la logique par laquelle l’estrogène régule ainsi le comportement», explique l’un des investigateurs, Nirao Shah (Université de Californie, San Diego). La souris est le modèle animal ayant servi à l’expérience. En exposant des souriceaux femelles à un excès d’estrogène, il a été observé que celles-ci devenues adultes se comportent de manière plus masculine (en terme d’agressivité et de défense de territoire), même si elles restent en deçà des scores observés chez leurs congénères de l’autre sexe. L’examen anatomique et moléculaire révèle qu’une enzyme, appelée aromatase, est produite par les neurones convertissant la testostérone en estrogène. Or, les cerveaux mâles en comptent bien plus que les cerveaux femelles – c’est-à-dire que tôt au cours de leur développement, une partie de la testostérone est convertie en estrogène par l’aromatase.

On ne sait pas encore si le modèle murin est transposable au développement humain. De nombreux travaux antérieurs suggèrent que l’équilibre hormonal aux premiers instants de la vie intra- puis extra-utérine conditionne pour partie l’orientation sexuelle ultérieure des individus.

Référence : Wu MV et al (2009), Estrogen masculinizes neural pathways and sex-specific behaviors, Cell, 139, 1, 61-72, doi:10.1016/j.cell.2009.07.036

jeudi 15 octobre 2009

Sondage sur la sexualité des Français : âge des rapports et primauté des sens

Selon un sondage réalisé par Ifop pour le laboratoire Lilly, et publié le 13 octobre 2009, plus de 8 Français sur 10 estiment qu'il n'y a pas d'âge à partir duquel on cesse définitivement de faire l'amour. Cette proportion décroît avec l'âge : de 25% chez les moins de 25 ans, elle passe à 19% chez les 25 à 34 ans et à 16% chez les 35 à 49 ans avant de tomber à 9% chez les 50 à 64 ans. Elle remonte (20%) à partir de 65 ans. Par ailleurs, le toucher apparaît comme le sens le plus important lors d'un rapport sexuel (87%), aussi bien pour les hommes que pour les femmes. La vue est aussi valorisée (39%), les hommes y étant deux fois plus sensibles (53%) que les femmes (27%). A l'inverse, l'odorat et l'ouïe jouent beaucoup plus pour les femmes que pour les hommes. Le goût arrive loin derrière pour les deux sexes. Les gestes qui éveillent le plus le désir sexuel sont les caresses sur le corps (97%) et le baiser langoureux (93%). Enfin la baisse du désir pour son partenaire apparaît à la fois comme «le plus grand tabou» dans le couple et le problème rencontré le plus fréquemment dans sa vie sexuelle.
Source : AFP, Ifop, Lilly.

Sida en Afrique : une «conduite sexuelle irresponsable» ?

Lors d'une conférence de presse sur le synode sur l'Afrique, réunissant 200 prélats au Vatican, le cardinal sud-africain Wilfrid Fox Napier a déclaré : «Quelle est la cause [du] développement considérable du virus en Afrique du Sud ? Généralement, c'est en raison d'une conduite sexuelle irresponsable (…)  Si c'est la cause, le meilleur moyen (pour y remédier) est de traiter la cause, ce qui veut dire amener les gens à changer leur conduite (…) Si vous êtes marié, vous devez pratiquer la fidélité (...) et si vous êtes célibataire, vous devez pratiquer la chasteté et vous abstenir de toute activité sexuelle». Les chercheurs considèrent que le cause du sida est de nature virale et que le préservatif est le meilleur moyen de prévenir sa transmission.
Source : AFP

mercredi 14 octobre 2009

Sexualité, bien-être et santé

Les femmes préménopausées et ménopausées qui s’estiment sexuellement satisfaites ont également un score plus élevé de bien-être psychologique et de vitalité. L’étude dirigée par Sonia Davidson (Université Monash, Australie) a concerné 295 femmes sexuellement actives (au moins deux rapports dans le mois écoulé). Les problèmes le plus souvent rencontrés par les femmes concernent respectivement le désir, l’intérêt et le plaisir sexuels. Contrairement à ce qui se passe pour les troubles masculins de dysfonction érectile, les problèmes sexuels des femmes ne peuvent être observés par la simple fréquence des rapports, beaucoup de femmes continuant d’être sexuellement active tout en expriment une insatisfaction liée à cette activité. L’équipe de chercheurs australiens a donc recruté de femmes âgées de 20 à 65 ans, réparties ensuite en quatre groupes : satisfaites et insatisfaites, pré- ou postménopausées. Sonia Davidson commente : «Nous avons montré que les femmes insatisfaites sexuellement ont un bien-être et une vitalité moindres que les autres. Le problème d’interprétation de ce résultat est qu’il est impossible de déterminer si les femmes éprouvaient peut de bien-être parce qu’elles étaient sexuellement insatisfaites ou si l’inverse est vrai, c’est-à-dire qu’un bien-être déjà entamé se traduit secondairement par des troubles de l’activité sexuelle». Plus de 90 % des femmes ayant participé à l’enquête ont une activité sexuelle impliquant un partenaire, et ce dernier prend l’initiative dans la moitié des cas.

Dans le même numéro du Journal of Sexual Medicine, quatre experts (gynécologue, endocrinologue, urologue et psychologue) débattent des liens entre sexualité et santé. Une pensée non-scientifique, souvent d’inspiration religieuse, a eu longtemps tendance à associer la sexualité avec le risque, la maladie ou la mort. Un nombre croissant d’études suggère pourtant une corrélation entre la santé générale et l’activité sexuelle, sauf bien sûr en ce qui concerne les maladies sexuellement transmissibles. Les experts débattent de ce sujet qui manque à ce jour d’études épidémiologiques systématiques, sauf pour certains domaines comme le cancer de la prostate.

Références :
Davidson SL et al (2009), The relationship between self-reported sexual satisfaction and general well-being in women, Journal of Sexual Medicine, 6, 2690-97, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01406.x
Jannini EA et al (2009), Is sex just fun? How sexual activity improves health, Journal of Sexual Medicine, 6, 2640–48, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01477.x

Lancement de French Lover TV

[Nota : nous reproduisons les communiqués de presse reçus et ayant trait à l’évolution des sexualités. Ils sont diffusés à titre informatif, sans appareil critique, dans la section « communiqués » de ce site.]

Communiqué de presse : Savoir « aimer » est l´occasion de découvrir, ou de mieux connaître, ce sujet complexe qu’est le sexe et d´apporter des solutions concrètes à toutes les interrogations qui vous taraudent, même celles auxquelles vous n´aviez jamais pensé avant! Frenchlover TV est la 1ere chaine d’éducation sexuelle pour adultes qui vous accompagne dans votre apprentissage du plaisir avec de nombreux programmes interactifs. Frenchlover TV crée ses programmes en s’inspirant de la vie de tous les jours, et fait tout son possible pour diffuser du sexe vrai et réduire le fossé entre la pornographie classique et votre réalité. Vous bénéficierez d’images explicites, de conseils, d’explications précises et détaillées dispensés sur un ton ludique par une équipe de professionnels pour vous permettre de vivre une sexualité épanouissante et sans tabou. Frenchlover TV est une chaine de télévision pour adultes, disponible sur satellite, câble, et IPTV en version hardcore et softcore. Notre offre comprend également des heures de programme, de la VOD ainsi qu’un site internet, www.frenchlover.tv.

Notre département production
Chez Frenchlover TV nous tenons à nous entourer des meilleurs professionnels et à diffuser des programmes originaux et de qualité. Ainsi, en avril 2008, Ovidie, celle que les médias appellent «  l’intello » du milieu pornographique qui est aujourd’hui réalisatrice de films pour adultes et auteur de nombreux guides sur la sexualité a pris la tête de notre département production.. Sa créativité, son expérience et sa volonté d’améliorer l’éducation sexuelle des couples adultes sont des labels de qualité pour l’ensemble de nos programmes.

Des programmes originaux, ludiques et pratiques
- Sexo Tips : Des conseils pour vous aider dans votre apprentissage du plaisir sexuel. Nous avons tous des choses à apprendre en matière d´érotisme. Point G, bisexualité, infidélité, plaisir anal féminin et masculin,     fellation, strip tease... tant de sujets à aborder le temps d´une leçon coquine durant laquelle nous vous fournirons des informations détaillées et ludiques, des conseils précis accompagnés d’une démonstration live  ……pour vivre une sexualité riche et épanouissante.
- Sexy docs : Des reportages sur le monde du sexe, les dernières tendances. Ovidie revêt pour vous la casquette de sex-reporter afin de vous ramener des images de ses dernières trouvailles, des sujets originaux pour vous faire découvrir de nouveaux aspects du sexe…( Le marathon de la masturbation, les cosmétiques intimes…)
- Sex Toys Tips : Pour aider à faire son choix dans la profusion des nouveaux modèles. Face à la déferlante des nouveaux modèles de sex toys, comment faire son choix ? Nous avons testé pour vous des sextoys que nous avons sélectionnés pour leur originalité.
- Des films avec de véritables scénarios imaginés pour satisfaire vos désirs, disponibles en version soft et hard. Frenchlover TV décline ces programmes en version hardcore et softcore pour s’adapter aux différentes législations ainsi qu’aux envies de chacun. Les émissions diverses et variées vous permettront de vous retrouver dans cette chaîne unique et innovante.

Nos valeurs
Dans le cadre d’une démarche éthique, FLTV s’engage à respecter la personne humaine dans la production et la diffusion de ses programmes. Frenchlover TV respecte une charte sécurité pour les acteurs (port obligatoire du préservatif, tests HIV obligatoires…). FLTV est un vous  montre du sexe exemplaire en matière de sécurité et vous enseigne comment le pratiquer. Frenchlover TV pense qu’il est possible de faire des productions pour adultes tout en respectant la personne humaine, notamment celle de la femme.

mardi 13 octobre 2009

Hijab, intelligence et beauté : influence de la religion sur le regard masculin

Deux chercheurs (Yusr Mahmud et Vien Swami) ont analysé l’effet du port du hijab sur la perception de la beauté et de l’attractivité féminines par les hommes. 57 volontaires musulmans et 41 non-musulmans devaient noter des photographies de femmes, pour la moitié d’entre elles voilées. Une analyse globale de variance montre que les femmes voilées sont notées plus négativement que les autres pour les deux critères analysés. Pour l’attractivité, la religion des hommes ne produit pas de variation significative, bien que les non-musulmans tendent à mieux juger les femmes non voilées. Pour l’intelligence, ces hommes non-musulmans ont eu tendance à donner de meilleurs scores aux deux catégories de femmes que les hommes musulmans. Les scores attribués pour les critères de beauté et d’intelligence aux femmes portant le hijab étaient proportionnés au degré de religiosité (musulmane) rapporté par les hommes.

Référence : Mahmud V, V Swami (2009), The influence of the hijab (Islamic head-cover) on perceptions of women's attractiveness and intelligence, Body Image, e-pub, doi:10.1016/j.bodyim.2009.09.003

Nouvelle revue en ligne : Genre, Sexualité & Société

Genre, sexualité & société est une revue francophone à comité de lecture, consacrée à la sexualité et aux questions de genre. Créée en 2009 par un groupe de jeunes chercheur-e-s en sciences humaines et sociales, la revue Genre, sexualité & société se revendique comme un espace de dialogues et d’échanges, ouverte à différentes approches disciplinaires. Genre, sexualité & société est soutenue par l’Institut de Démographie de l’Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne (IDUP), l’Iris – Institut de recherches interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (CNRS-Inserm-EHESS-Université Paris 13), ainsi que par la Maison des Sciences Humaines de Paris-Nord (MSH-PN). Consacrée, sans exclusive, aux problématiques du genre et de la sexualité, elle se définit héritière des débats épistémologiques féministes, antinaturalistes et minoritaires.