lundi 24 mars 2008

Elles veulent tout (surtout les plus belles)

Les psychologues David M. Buss (Université du Texas) et Todd K. Shackelford (Université de Floride) ont réuni 214 individus (107 hommes et 107 femmes), d’âge moyen de 25 ans. Ils ont tous été évalués sur leur attractivité physique (visage, corps, ensemble) par des observateurs indépendants (n’appartenant pas à l’échantillon). Les chercheurs ont fait remplir aux femmes un questionnaire standard sur le partenaire idéal à long terme, structuré autour de quatre thèmes classiques en psychologie évolutionnaire : indicateurs supposés de bons gènes (virilité, sex appeal, forme physique, apparence soignée, intelligence), de bon investissement (revenus potentiels, caractère travailleur, niveau d’étude, statut social, être plus âgé que soi), de bon parent (intérêt pour la maison et les enfants, amour des enfants, stabilité émotionnelle, caractère gentil et compréhensif) et de bon partenaire (amour, tendresse, loyauté). À chacune de ces sous-sections, le questionnaire permettait de répondre sur une échelle de valorisation de 0 (sans importance) à 3 (indispensable). Résultat : les femmes jugées les plus attractives sont celles qui donnent les réponses les plus exigeantes dans chacune de ces quatre catégories. Ce qui tend à montrer qu’elles savent évaluer leur propre beauté et la traduire en standards élevés quand il s'agit de sélectionner un partenaire. Du moins dans la société concernée par l’étude, c’est-à-dire occidentale et industrielle.

Référence : Buss D.M., T.K. Shackelford (2008), Attractive women want it all: Good genes, economic investment, parenting proclivities, and emotional commitment, Evolutionary Psychology, 6, 1, 134-46.

Illustration : Dahmane.

mercredi 12 mars 2008

En avoir de longues, ou pas ?

Vous rêviez d'avoir les jambes interminables d'Adriana Sklenaříková (madame Karembeu) ? Peut-être faut-il modérer vos désirs, finalement.

Définir scientifiquement les caractéristiques de l'attractivité physique est une activité à laquelle les chercheurs se livrent avec assiduité dans le monde entier. On a ainsi étudié sous toutes les coutures le ratio taille-hanche, le caractère plus ou moins pulpeux des lèvres, l'avantage de la symétrie des traits, l'intérêt de montrer un beau nombril sur un vente lisse et plein d'autres choses fort croustillantes.

Deux chercheurs polonais, Piotr Sorokowskia et Boguslaw Pawlowskibc, se sont intéressés à un domaine encore non exploré : la longueur des jambes. Ils ont pris une photo d'homme et une photo de femme ayant des proportions moyennes (normales), et ils ont artificiellement raccourci ou allongé leurs jambes par morphing. 100 hommes et 118 femmes ont dû ensuite juger l'attractivité physique de chaque version. Résultat : les courts-sur pattes sont moins désirables, aux yeux des mâles comme des femelles. On s'en doutait un peu. Mais attention : l'optimum semble atteint avec une légère augmentation de la longueur des jambes seulement (5%). Au-delà, le sex-appeal en prend un coup.

On en rit peut-être de ce côté-ci du Vieux Monde : mais bon nombre de femmes asiatiques, surtout japonaises, n'hésitent pas à subir de pénibles opérations pour se faire allonger les jambes, qu'elles jugent trop courtes par rapport aux canons occidentaux ou africains. La Chine a d'ailleurs officiellement interdit cette pratique en 2006, en raison du trop grand nombre de demandes qui engorgeaient les cliniques selon le pouvoir.

Référence :
Sorokowskia P. et B. Pawlowskibc (2008), Adaptive preferences for leg length in a potential partner, Evolution and Human Behavior, 29, 2, 86-91.

Illustration : photographie Helmut Newton

jeudi 6 mars 2008

Des mots, des filles et des garçons

Les psychométriciens le mesurent depuis fort longtemps : en moyenne, les filles obtiennent de meilleurs scores que les garçons dans les tests cognitifs associés au langage. Logiquement, elles obtiennent aussi (toujours en moyenne) de meilleures notes à l’école dans les matières littéraires, de même qu’elles sont largement majoritaires dans les filières de lettres.

Comment se matérialise cette différence dans le cerveau ? Pour le savoir, Douglas D. Burman, Tali Bitanc et James R. Booth ont fait passer une imagerie par résonance magnétique à 31 garçons et 31 filles âgés de 9 à 15 ans, en bonne santé et sans problème scolaire. Les enfants devaient accomplir des tâches verbales (écrire ou épeler) pendant que les chercheurs examinaient l’activité de leurs neurones.

Premier résultat : les filles ont montré une activité cérébrale bilatérale globalement plus importante que les garçons, notamment dans les aires spécialisées dans la maîtrise du langage (gyrus temporal supérieur, gyrus frontal inférieur, gyrus fusiforme gauche). Deuxième résultat : la performance est d’autant meilleure que l’activité mentale est intense. Troisième résultat, le plus intéressant : filles et garçons ne procèdent pas de la même manière. Chez les filles, le niveau de performance dépend essentiellement de l’activité de l’aire du langage elle-même, alors que chez les garçons, il dépend aussi des activités dans le cortex associatif visuel ou auditif, selon la tâche. « Nos résultats suggèrent que le processus du langage pourrait être plus sensoriel chez les garçons, plus abstraits chez les filles », remarque Douglas D. Burman.

Référence :
Burman G.D. et al. (2008), Sex differences in neural processing of language among children, Neuropsychologia, in press, doi:10.1016/j.neuropsychologia.2007.12.021