mardi 29 novembre 2005

Frigidité : et si c’était les gènes ?

Une femme sur trois n’éprouve jamais ou rarement l’orgasme, aussi bien lors d’un acte sexuel que lors d’une masturbation.Fait surprenant : cette frigidité possède une solide composante génétique.

Entretien avec Kate Dunn
Kate Dunn travaille à l’Unité d’Epidémiologie Génétique et de Recherche sur les Jumeaux de l’Hôpital Saint-Thomas, Londres (Royaume-Uni).

Comment êtes-vous parvenue  à ces résultats ?
Nous avons mené une étude de jumeaux classique, sur la base d’un autoquestionnaire sur l’orgasme rempli par environ 4000 femmes, dont 683 paires de jumelles monozygotes et 714 paires de jumelles dizygotes. Une femme sur trois n’éprouve jamais ou rarement l’orgasme durant l’acte sexuel. Une proportion significative de cette variation dans l’orgasme féminin s’explique par des facteurs génétiques : 34 % pour l’orgasme par acte sexuel et 45 % pour l’orgasme par masturbation.

L’absence d’orgasme ne résulte donc pas d’une éducation répressive ?
Nos données suggèrent que les différences de capacité des femmes à avoir un orgsme possèdent une base biologique, et donc une possible base évolutive. Les variations de cette fonction sexuelle ne peuvent s’expliquer uniquement par des facteurs culturels, même si ceux-ci semblent jouer également un rôle important.

Comment affiner ces résultats à l’avenir, et corriger l’anorgasmie ?
De nouveaux travaux sont nécessaires pour mieux comprendre les fondements biologiques de l’orgasme féminin, et le fonctionnement sexuel de la femme en général. A long terme, nous serons capables d’identifier les gènes impliqués. Cela pourra aider au développement de traitement pour les femmes insatisfaites de leur capacité ou de leur incapacité à l’orgasme.

Références : K.M. Dunn, L.F. Cherkas, T.D. Spector, Genetic influences on variation in female orgasmic function : a twin study, Biology Letters, Royal Society, DOI : 10.1098/rsbl.2005.0308

dimanche 30 octobre 2005

Hormones et homosexualité masculine


Les origines de l’homosexualité sont-elles nichées dans nos hormones cérébrales ? Oui, s’il faut en croire Per Lindström, médecin au département de science neurologique à l’Hôpital Universitaire de l’Institut Carolin, à Stockholm. «Nous avons découvert que les homosexuels masculins réagissent comme les femmes aux androstérones (dérivées de la testostérone, principale hormone mâle), ils sont excités», explique-t-il. Son étude révèle que les homosexuels, contrairement aux hétérosexuels, ne sont pas sensibles aux oestrogènes féminins mais réagissent aux odeurs qui provoquent l’excitation sexuelle chez les femmes.
«Cela montre que les réactions à ces phéromones ne sont pas liées au sexe mais à la préférence sexuelle», explique M. Lindström – en admettant cependant que l’étude des phéromones humains est un sujet controversé. En effet, alors que les experts s’accordent généralement sur le rôle joué par les phéromones dans le monde animal entre mâles et femelles, il n’y a pas de consensus sur leur influence chez les humains. «Il n’est pas encore admis que les humains aient un système phéromonal», a indiqué M. Lindström, soulignant toutefois que ses recherches ont montré un lien très clair entre les phéromones et l’attraction sexuelle.

Observation cérébrale de l’excitation sexuelle
Quand une femme hétérosexuelle perçoit des androstérones, qui ont une odeur presque indétectable, une partie de son cerveau qui commande l’excitation sexuelle est activée. Si elle perçoit des phéromones d’une autre femme, seul son odorat est stimulé, a-t-il expliqué. «Nous croyons que nos études donnent plus de crédit à l’explication biologique qu’à la thèse psychologique sur l’homosexualité. Et cela peut avoir pour résultat d’éliminer le sentiment de culpabilité qui accompagne encore souvent l’homosexualité», a déclaré le médecin.

Pour cette étude, les chercheurs ont utilisé une technique complexe d’imagerie du cerveau mesurant le niveau d’excitation sexuelle dans quatre groupes distincts : homosexuels et hétérosexuels des deux sexes. M. Lindström et les deux autres auteurs de l’étude, Ivanka Savic et Hans Berglund, poursuivent leurs recherches cette fois sur les réactions des lesbiennes aux phéromones.

samedi 29 octobre 2005

Génétique de l’orientation sexuelle

L’équipe de Brian Mustanski vient de publier dans la revue de biométrie Human Genetics une étude sur les gènes de prédisposition à l’homosexualité masculine. Les génotypes de 456 individus appartenant à 146 familles comptant au moins deux frères homosexuels ont été intégralement scannés. Des marqueurs ont été identifiés dans trois régions d’intérêt des chromosomes 7, 8 et 10. «Je pense que ces régions sont réellement impliquées dans l’orientation sexuelle, explique Brian Mustanski. Les gènes que nous avons découverts influencent le développement hormonal et cérébral. La prochaine étape consiste à trouver de nouveaux échantillons pour examiner les gènes exacts qui s’expriment à travers l’orientation sexuelle».

jeudi 29 septembre 2005

Sexualité de mouche

Le changement d’un seul gène bouleverse le comportement sexuel des drosophiles, révèlent des scientifiques autrichiens dans une étude récente. Des mâles auxquels on a donné la version femelle du gène responsable de la fabrication d’une certaine protéine dite « stérile » ont davantage tendance à faire des avances amoureuses à d’autres mâles ou à ne pas se livrer du tout aux rites de séduction envers les mouches femelles, expliquent Barry Dickson, de l’Institut de Biotechnologie Moléculaire, de l’Académie des Sciences d’Autriche, et ses collègues. En revanche, des femelles auxquelles a été donnée la version mâle de ce même gène agissent comme des mâles. «Nous avons inversé les rôles dans les rites de séduction amoureuse des drosophiles», en changeant un seul gène, résume l’équipe de chercheurs. Dans une deuxième étude conduite par Barry Dickson, également publiée dans Cell, des chercheurs affirment que «la différence clef entre les comportements sexuels des mouches femelles et mâles réside dans le fonctionnement de leurs circuits nerveux, et non dans la manière dont ils sont construits».

vendredi 29 juillet 2005

Intelligence féminine, intelligence masculine


Les hommes et les femmes possèdent en moyenne le même QI.Pour autant, chaque sexe ne réfléchit pas de la même manière.Une étude d’imagerie cérébrale montre que la matière grise, la matière blanche et la localisation du traitement cérébral diffèrent selon les sexes.

On sait que les hommes et les femmes obtiennent sensiblement les mêmes scores aux tests de QI, qui mesure l’intelligence ou capacité cognitive générale. Il existe toutefois des différences entre les deux sexes. Ainsi, l’écart-type des femmes est plus resserré que celui des hommes : cela signifie que l‚on trouve moins de femmes aux deux extrémités de la courbe statistique de distribution de l’intelligence (moins de femmes en moyenne chez les très faibles et très hauts QI). Au sein des tests de QI, les deux sexes n’ont pas non plus les mêmes performances. Ainsi, les femmes dépassent les hommes dans les tests de capacité verbale, alors que l’inverse est vrai pour les tests faisant appel aux capacités visuospatiales (rotation de figure dans l’espace). Le Dr Richard Haier (Université du Nouveau Mexique) a voulu vérifier si le cerveau des hommes et des femmes procède de la même façon face à un test d’intelligence. Pour cela, ils ont cartographié le cerveau à l‚aide de deux techniques de pointe, l’imagerie par résonance magnétique et la morphométrie à base voxel.

Différences cérébrales
Les résultats se sont révélés très intéressants. Les hommes utilisent leur matière grise 6,5 fois plus que les femmes, les femmes leur matière blanche 10 fois plus que les hommes. La matière grise désigne les centres de traitement de l’information, la matière blanche les connexions entre ces centres. En d’autres termes, l’intelligence féminine est mieux distribuée que l’intelligence masculine : plutôt que faire travailler « à fond » un module cognitif, les femmes en font travailler plusieurs qui traitent simultanément les informations. Selon les chercheurs, cela pourrait expliquer pourquoi les hommes sont meilleurs en tâches analytiques appelant un traitement local (mathématiques par exemple), les femmes en tâches synthétiques requérant un traitement global (langue par exemple). Matière blanche et matière grise ne sont pas les seules différences entre les sexes. La localisation du traitement de l’information n’est pas non plus la même. Chez les femmes, 84 % de la matière grise et 86 % de la matière blanche utilisées sont situés dans les lobes frontaux, alors que ces taux chutent à 45 % et 0 % respectivement chez les hommes.

mardi 19 juillet 2005

Les contraires ne s’attirent pas

Dans la psychologie populaire, deux grandes conceptions s’affrontent concernant les partenaires durables (que les Anglo-Saxons qualifient de «partenaires romantiques» par opposition aux «partenaires sexuels») : certains affirment que nous sommes attirés par nos contraires (des personnalités et des types éloignés du nôtre), d’autres par la similitude. Pour trancher la question, Eva C. Klohnen et Shanhong Luo (Université de l’Iowa) ont fait passer une batterie de tests standardisés à 291 jeunes couples. Résultat : nous sommes plutôt attirés par la similitude dans le domaine des valeurs et des attitudes. On ne trouve pas de caractéristiques remarquables dans le domaine de la personnalité (ni proximité ni éloignement). Quand il s’agit de tester le bonheur du couple, en revanche, le meilleur prédicteur devient la proximité des personnalités. Le schéma serait le suivant : nous sommes attirés par des valeurs et des attitudes parce qu’il s’agit de traits saillants et facilement identifiables ; mais nous trouvons le bonheur sur le long terme si la personnalité du partenaire s’accorde avec la nôtre. Cette étude en confirme plusieurs autres, qui concluent toutes à l’attirance par similitude. Le phénomène se nomme « assortative mating » ; il ne concerne pas que les traits psychologiques, puisqu’on a par exemple montré que les hommes ont un penchant (statistique) pour les femmes dont les yeux et les cheveux rappellent ceux de leur mère.

dimanche 6 février 2005

Régimes hyperprotéinés et fécondité


Les régimes hyper-protéinés pourraient réduire chez les femmes les chances d’avoir un enfant, selon une étude récente. L’équipe, conduite par David Gardner, directeur scientifique du Centre de Médecine Reproductive du Colorado, a constaté qu’un régime contenant 25 % de protéines perturbait le développement des gènes des embryons de souris dès les tout débuts de leur implantation. De plus, ce régime a des effets négatifs sur l’implantation des embryons dans l’utérus et sur le développement du foetus. «Bien que les recherches aient été menées chez des souris, a indiqué le Dr Gardner, les résultats sur les régimes et la fécondité sont transposables chez l’homme».

Des recherches antérieures avaient montré que la consommation importante de protéines augmentait le taux d’ammonium. Or, les scientifiques avaient déjà prouvé qu’un fort taux d’ammonium nuisait au développement des embryons de souris cultivés en laboratoire et altérait le développement du gène H19 responsable de la croissance du foetus.

Les régimes hyper-protéinés, inspirés de celui préconisé par le Dr Atkins dès 1975, sont très en vogue actuellement aux Etats-Unis. Pour le directeur médical d’Atkins Nutritionals, Stuart Trager, contacté par l’AFP, il y a des preuves que certaines femmes en surpoids, qui souffrent du syndrome d’ovaire polycystique, une des grandes causes de stérilité, pouvaient concevoir des enfants en réduisant leur consommation de glucides. Selon Atkins Nutritionals, qui vend des produits réputés faire perdre du poids, vingt-cinq millions d’Américains suivent le régime Atkins et 100 millions sont des adeptes de régimes contrôlant la consommation de glucides.

mercredi 2 février 2005

Le nombre d’IVG stable depuis 1990 en France

Le nombre d’IVG a atteint 198.700 en 2001, soit 13,8 IVG pour 1.000 femmes de 15 à 49 ans en moyenne, un chiffre stable sur dix ans, selon une évaluation de la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES, du ministère de la Santé).

Le nombre d’IVG, qui avait reculé de 1990 à 1995, est en légère augmentation depuis 1996, malgré la diminution depuis cette date du nombre de femmes âgées de 15 à 49 ans. Près de 90 % des femmes ayant eu recours à l’IVG en 2001 avaient entre 18 et 39 ans. A ces âges, une femme sur 51 est concernée, contre une sur 110 chez les mineures et une sur 335 chez les quadragénaires.

Alors que le taux de recours à l’IVG chez les femmes de 18 à 39 ans a diminué de 1990 à 1995 pour remonter ensuite, la tendance est à la baisse depuis 1990 chez les femmes de plus de 40 ans et plus et à la hausse chez les mineures. Depuis 1990, souligne la DREES, 8.000 à 10.000 de celles-ci pratiquent une IVG chaque année.

Les recours à l’IVG sont plus fréquents dans le sud de la France, en Ile-de-France ainsi que dans les départements d’outre-mer. En 2001, plus de 17 femmes sur 1.000 ont été ainsi concernées en Ile-de-France, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Corse, contre moins de 10 en Pays-de-Loire et Basse-Normandie, observe la DREES, qui estime que ces écarts sont «vraisemblablement le fruit des différences régionales de comportement relatives à la sexualité, à la contraception et au désir d’enfant».

Alors que le secteur public regroupe moins de 60 % des lits d’obstétrique, deux tiers des IVG ont lieu à l’hôpital public, part qui a tendance à s’accroître. Désormais, près de 30 % des IVG sont pratiquées par mode médicamenteux, soit deux fois plus qu’en 1990.

samedi 29 janvier 2005

Les bases génétiques de la fidélité

Le campagnol volage qui devient fidèle grâce à l’injection d’un gène : c’est le résultat d’une expérience de modification du compor-tement à laquelle s’est livrée une équipe américaine spécialiste de l’étude de l’attachement social chez ces petits rongeurs.

Moins de 5 % des espèces mammifères ont une structure sociale monogame, qui inclut typiquement la formation d’un couple et l’élevage conjoint des petits, souligne l’équipe de Larry Young, du Centre des neurosciences du comportement de l’Université d’Emory, à Atlanta (Géorgie), dont les travaux viennent d’être publiés dans la revue Nature.

Les chercheurs ont modifié le comportement du campagnol des champs (Microtus pennsylvannicus) solitaire et polygame qui trouve une nouvelle partenaire à chaque période de reproduction, contrairement à son cousin, le campagnol des prairies (Microtus ochrogaster) monogame par nature, fidèle à sa compagne sa vie durant.

Pour transformer le volage en un être fidèle, les chercheurs lui ont transféré un gène dans le cerveau, au niveau du centre de la récompense (pallidum ventral). Résultat : le rongeur infidèle est devenu un modèle de vertu, n’ayant plus d’yeux que pour sa partenaire du moment. En quelque sorte, grâce au changement de sa chimie cérébrale, il devient «accro» à la fidélité qui lui procure une sensation de bien-être ou «récompense».

Des travaux précédents avaient montré que des récepteurs à une hormone, la vasopressine, dans le cerveau favorisaient la formation des couples. Le mulot fidèle en est généreusement doté, au contraire de son cousin volage. Chez celui-ci, ces protéines (récepteurs), qui interagissent avec l’hormone, sont plutôt en nombre clairsemé. C’est donc le gène du récepteur de la vassopressine (V1a) qui a été utilisé pour modifier le comportement sexuel de l’animal.

Les recherches du Centre des neurosciences du comportement d’Emery, en particulier une expérience similaire sur la souris conduite avec le Pr Tom Insel (1999), suscitent le débat. «La technique très prometteuse de la transgenèse pourrait-elle, un jour, transformer l’homme en mari fidèle» s’interrogeait ainsi le magazine Vogue en 2001 dans un article intitulé : «Le campagnol et les hommes adultères»…

On ignore si la chimie du cerveau humain est similaire à celle des campagnols, mais l’idée qu' «une pilule puisse être un jour proposée à certains hommes est une perspective intéressante», relève un anthropologue américain Melvin Konner, dans un commentaire également publié dans Nature.