dimanche 29 août 2004

Autorisation de l’IVG par pilule abortive


Les femmes pourront bientôt choisir d’avorter par voie médica-menteuse sur prescription d’un médecin de ville, hors hôpital ou clinique, en vertu d’un arrêté signé le 23 juillet par le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy.La pilule anti-abortive intéresse aussi les chercheurs pour ses nombreux effets.

Cette IVG, exclusivement réalisée par voie médicamenteuse, par la prise de mifépristone (ex-RU-486, commercialisé en France sous le nom de Mifégyne, et ce jusqu’à la fin de la cinquième semaine de grossesse (sept semaines d’aménorrhée), pourra être prescrite par un médecin ayant passé une convention avec un hôpital public ou privé. Les patientes absorberont un comprimé de Mifégyne en présence de leur médecin ou gynécologue ; quarante-huit heures après, elles devront prendre deux comprimés de Gymiso, produit qui facilite l’expulsion de l’oeuf. L’expulsion peut se produire jusqu’à trois jours après l’absorption de Gymiso.

Pilule anti-abortive, qui peut aussi faciliter les accouchements difficiles en permettant la dilatation du col de l’utérus, la mifépristone semble aussi prometteuse dans le traitement de la dépression et des maladies dégénératives telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, souligne le Pr Etienne-Emile Baulieu, de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), spécialiste des hormones de renommée internationale. Découverte en 1981 à partir de travaux de chercheurs des laboratoires Roussel-Uclaf, et présentée à l’Académie des Sciences en 1982 par le Pr Baulieu, la molécule est une anti-hormone qui contrecarre l’effet de la progestérone. Au cours de la grossesse, la progestérone favorise la nidation et le développement de l’oeuf au niveau de la muqueuse utérine, et s’oppose aux contractions de l’utérus, susceptibles d’aboutir à l’expulsion de l’embryon. Elle a également des propriétés anti-cortisol. «Or, relève le Pr Baulieu, le cortisol est impliqué dans la dépression.»

Le RU 486 a donné des résultats encourageants dans une forme particulière de dépression majeure, dite dépression psychotique, ont relaté l’an dernier des chercheurs américains dans une étude publiée dans le Journal of Biological Psychiatry. Par ailleurs, on a démontré l’effet anti-apoptose du RU 486 dans le cerveau, plus précisément dans une partie du système nerveux central, le cervelet. Des scientifiques espagnols ont retrouvé cet effet protecteur de l’anti-hormone dans d’autres parties du cerveau.