dimanche 29 août 2004

Autorisation de l’IVG par pilule abortive


Les femmes pourront bientôt choisir d’avorter par voie médica-menteuse sur prescription d’un médecin de ville, hors hôpital ou clinique, en vertu d’un arrêté signé le 23 juillet par le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy.La pilule anti-abortive intéresse aussi les chercheurs pour ses nombreux effets.

Cette IVG, exclusivement réalisée par voie médicamenteuse, par la prise de mifépristone (ex-RU-486, commercialisé en France sous le nom de Mifégyne, et ce jusqu’à la fin de la cinquième semaine de grossesse (sept semaines d’aménorrhée), pourra être prescrite par un médecin ayant passé une convention avec un hôpital public ou privé. Les patientes absorberont un comprimé de Mifégyne en présence de leur médecin ou gynécologue ; quarante-huit heures après, elles devront prendre deux comprimés de Gymiso, produit qui facilite l’expulsion de l’oeuf. L’expulsion peut se produire jusqu’à trois jours après l’absorption de Gymiso.

Pilule anti-abortive, qui peut aussi faciliter les accouchements difficiles en permettant la dilatation du col de l’utérus, la mifépristone semble aussi prometteuse dans le traitement de la dépression et des maladies dégénératives telles que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson, souligne le Pr Etienne-Emile Baulieu, de l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM), spécialiste des hormones de renommée internationale. Découverte en 1981 à partir de travaux de chercheurs des laboratoires Roussel-Uclaf, et présentée à l’Académie des Sciences en 1982 par le Pr Baulieu, la molécule est une anti-hormone qui contrecarre l’effet de la progestérone. Au cours de la grossesse, la progestérone favorise la nidation et le développement de l’oeuf au niveau de la muqueuse utérine, et s’oppose aux contractions de l’utérus, susceptibles d’aboutir à l’expulsion de l’embryon. Elle a également des propriétés anti-cortisol. «Or, relève le Pr Baulieu, le cortisol est impliqué dans la dépression.»

Le RU 486 a donné des résultats encourageants dans une forme particulière de dépression majeure, dite dépression psychotique, ont relaté l’an dernier des chercheurs américains dans une étude publiée dans le Journal of Biological Psychiatry. Par ailleurs, on a démontré l’effet anti-apoptose du RU 486 dans le cerveau, plus précisément dans une partie du système nerveux central, le cervelet. Des scientifiques espagnols ont retrouvé cet effet protecteur de l’anti-hormone dans d’autres parties du cerveau.

jeudi 29 juillet 2004

Spermatozoïdes et ARN messager

Le sperme paternel apporte à l’ovule maternel non seulement des chromosomes, mais un autre matériel génétique, des molécules d’ARN (acide ribonucléique) messager. Cette découverte, estiment Stephen Krawetz, de l’Université d’Etat Wayne à Détroit, et ses collègues, pourrait avoir un impact sur les recherches sur la stérilité masculine et faciliter l’amélioration des techniques de clonage.

Six ARN messagers qui sont présents à la fois dans le sperme humain et l’œuf fécondé, mais que l’on ne trouve pas dans l’ovule avant la fécondation, ont été identifiés par les chercheurs. Dans les organismes vivants, l’ARN messager sert à traduire sous forme de protéines le message génétique contenu dans l’ADN (acide désoxyribonucléique). Non seulement l’ARN messager contenu dans les ovules maternels, comme on le supposait jusqu’ici, mais aussi celui apporté par le père pourraient jouer un rôle important dans le développement de l’œuf fécondé et de l’embryon, soulignent les chercheurs. Si tel est bien le cas, les ARN messagers apportés par le sperme du père pourraient détenir la clef permettant d’améliorer les techniques de clonage ou «d’identifier des facteurs d’origine masculine expliquant la stérilité», déclarent les scientifiques.

Le succès d’expériences de clonage, avec transfert de l’ADN d’une cellule vers une autre sans utiliser de sperme, pour produire des lignées de cellules souches embryonnaires notamment, est actuellement limité, «cela, peut-être, parce que l’ARN contenu dans le sperme contribue au développement initial», notamment en donnant un signal d’activation, avancent les chercheurs.

Les molécules d’ARN venant des cellules germinales masculines pourraient jouer un rôle dans la différenciation des cellules souches embryonnaires en différents types de cellules. «Les hommes pourraient avoir dans le développement initial de l’embryon un rôle plus grand qu’on ne le pensait. […] Ce que nous montrons, concluent Stephen Krawetz et ses collègues, en faisant allusion à la naissance, annoncée en avril, d’une souris avec du matériel génétique exclusivement d’origine femelle, sans l’aide de spermatozoïdes ni de la technique de clonage, c’est que les hommes ne sont pas obsolètes».

jeudi 29 avril 2004

Histoire naturelle du viol


Le viol existe dans toutes les sociétés humaines et à toutes les époques. On peut incriminer une mauvaise éducation ou des conditions socio-économiques défavorables ou encore le considérer comme le symptôme d’une pathologie mentale. Pour Craig T. Palmer et Randy Thornhill, il en va tout autrement : le viol serait un phénomène naturel, sélectionné par l’évolution comme stratégie reproductive des mâles. Une hypothèse qui n’excuse en rien le violeur...

15 questions sur le viol
L’argumentation de Thornhill et Palmer vise à répondre aux questions suivantes :
• Pourquoi les violeurs sont-ils presque exclusivement des hommes ?
• Pourquoi le viol est-il une expérience traumatisante pour la victime ?
• Pourquoi le traumatisme de la victime varie-t-il selon son âge et son statut marital ?
• Pourquoi le traumatisme de la victime est-il inversement proportionnel à la violence du viol ?
• Pourquoi les jeunes hommes violent-ils plus que les hommes âgés ?
• Pourquoi les femmes violées sont-elles plus souvent en âge de procréer, et non ménopausées ou prépubères ?
• Pourquoi les viols sont-ils plus fréquents dans certaines situations que dans d’autres (par exemple : la guerre) ?
• Pourquoi le viol existe-t-il dans toutes les cultures humaines connues ?
• Pourquoi le viol est-il puni dans ces mêmes cultures ?
• Pourquoi certaines personnes, en particulier les maris de femmes violées, sont-ils plus susceptibles de mettre en doute la parole de la victime ?
• Pourquoi le viol est-il souvent considéré comme une punition contre le mari de la femme violée ?
• Pourquoi toutes les réformes législatives et juridiques concernant le viol n’ont-elles eu que peu d’effet ?
• Pourquoi le viol existe-t-il chez certaines espèces animales ?
• Pourquoi le viol existe-t-il encore dans les sociétés humaines ?
• Comment le viol peut-il être évité ?

Selon une étude américaine de 1992, 13 % des femmes âgées de 18 ans ou plus ont, au moins une fois dans leur vie, subit l’épreuve d’un viol. Celui-ci se définit selon la loi comme une pénétration orale, vaginale ou anale obtenue par la force. Randy Thornhill et Craig T. Palmer, auteurs de A Natural History of Rape. Biological Bases of Sexual Coercion, ne cachent pas leur volonté d’éradiquer ce phénomène de la surface du globe humain et estiment que toute société moderne devrait en vouloir autant. Pour eux, cette entreprise ne peut être envisagée qu’à travers une meilleure connaissance des causes du viol : cela interdit de faire l’économie de la théorie évolutionnaire.
Depuis près de trente ans, l’interprétation dominante du viol l’analyse comme un phénomène social et culturel, sans aucune liaison avec le désir sexuel. Pour la majorité des théoriciens sociaux, le viol est un symptôme de sociétés malades dans lesquelles les hommes voient leur pouvoir remis en question par les femmes. Cet ultime manque de respect se comprendrait alors, comme a pu l’affirmer la féministe Susan Brownmiller en 1975, non pas selon une motivation sexuelle, mais comme une volonté masculine de domination et de contrôle. Jusqu’à aujourd’hui, cette thèse a été largement diffusée. Ainsi, les violeurs seraient-ils « incités à violer » par leur culture, leur environnement, leurs antécédents, etc.
L’œuvre de Thornhill et Palmer entend critiquer scientifiquement ce constructivisme social et récuser l’hypothèse d’une incitation environnementale exclusive. Même s’il est évident qu’un violeur a de nombreuses motivations pour commettre son méfait (comme par exemple impressionner ses amis en perdant sa virginité ou encore «punir» une femme qui l’aurait repoussé), même si l’environnement social, culturel, économique ou familial joue un rôle dans les causes du viol, l’hypothèse culturaliste est selon eux incomplète, voire fausse, et passe trop rapidement sur le lien entre viol et motivations sexuelles. Pour Thornhill et Palmer, la stimulation sexuelle est le dénominateur commun de tous les viols, qu’il s’agisse des rapports non consentis au sein d’un couple, des viols d’enfants, des viols de femmes sous anesthésie ou encore des viols collectifs commis par des soldats.

L’erreur du déterminisme biologique
Le viol peut alors être vu comme un phénomène naturel et biologique, produit de l’héritage évolutif. Néanmoins, il n’en devient pas pour autant inévitable : Thornhill et Palmer suivent ici l’exemple de John Maynard Smith. Ils refusent tout déterminisme génétique strict : « Il n’y a aucun lien entre ce qui est sélectionné biologiquement ou naturellement et ce qui est bon ou mauvais moralement parlant. Procéder à une telle conclusion est une erreur et relève du ‘sophisme naturaliste’».
De la même façon que les lois naturelles ne sont pas des vérités morales, elles ne sont pas non plus des déterminations rigides échappant à toute modulation par la conscience : « Contrairement au préjugé qui voudrait que l’explication évolutionnaire des comportements enlève toute responsabilité aux individus, les personnes saisissant vraiment le fondement évolutif de leurs actions, seront plus à même de se comporter de façon ‘adaptée’ à ne pas causer de tort aux autres. Comme l’a souligné Alexander en 1979, la connaissance du soi comme produit de la sélection darwinienne confère à l’individu un potentiel incroyable de libre-arbitre ».
En somme, pour Thornhill et Palmer, le fait que le viol soit un phénomène consubstantiel à la nature humaine n’excuse en rien le violeur.

Stratégies de transmission des gènes
D’un point de vue darwinien, chaque type d’organisme a évolué pour se reproduire et permettre ainsi la bonne transmission de son héritage génétique. Les mécanismes sont simples : les animaux qui naissent sans cette propension à se reproduire disparaissent, tandis que ceux qui se reproduisent le plus assurent la postérité de leurs gènes. Tout au long de l’histoire de l’évolution, les hommes et les femmes ont été confrontés à des défis reproductifs différents. Comme chez la plupart des mâles d’autres espèces, les hommes réussissent à se reproduire sans que cela leur demande trop de temps et d’énergie : une fois le rapport sexuel terminé, leur contribution peut s’arrêter là. Au contraire, une femelle mammifère, et a fortiori une femme humaine, doit au moins investir plusieurs mois dans une gestation aboutissant en général à une mise au monde risquée. A cela, nos ancêtres féminins devaient ajouter une longue période d’allaitement et plusieurs années de soins si elles voulaient s’assurer de la survie de leurs gènes.
En résumé, si les hommes peuvent avoir beaucoup d’enfants sans trop d’efforts, il incombe à la femme plus de difficultés pour mener à bien des tentatives plus rares. Cette différence s’avère être la clé de la compréhension d’adaptations importantes qui perdurent encore de nos jours : étant donné le faible coût de la reproduction masculine, la sélection naturelle a favorisé les hommes s’accouplant souvent. Les femmes encouragées par l’évolution ont été celles qui ont effectué sérieusement le choix de leur partenaire, contrebalançant ainsi un coût reproductif élevé par l’assurance d’une descendance saine. Dans ce sens, les hommes se montrent plus attirés que les femmes par des relations sexuelles nombreuses, variées et peu « réfléchies ». C’est ce que montrent par exemple les études de David Buss montrant que les femmes décrivent majoritairement en termes de richesse, de statut social ou de possibilité de revenus leurs critères de sélection de leurs partenaires sexuels.
De nombreux mâles passent beaucoup de temps à s’assurer de leur conquête. C’est ainsi chez le coq de bruyère qui, pour attirer l’attention de sa partenaire, saute dans les airs et retombe de façon sonore à terre. Chez les oiseaux à berceaux, le mâle, pour séduire la femelle, fabrique des petits nids qu’il décore avec tout ce qu’il trouve de coloré : des fleurs, des morceaux de tissu ou tout autre déchet voyant.

Une copulation consentie… ou non
On dénombre ainsi, chez un grand nombre d’espèces, de longues préparations masculines pour conquérir les femelles. Une fois la femelle captivée, diverses parades nuptiales la rendent sexuellement réceptive. Selon les espèces, on assiste à des danses, des soulevés de plumes ou des cadeaux de nourriture. Chez l’araignée par exemple, ces présents sont de véritable diversion pour que le mâle puisse saillir la femelle sans risquer de se faire dévorer.
Ces attentions galantes ne sont néanmoins pas généralisées. Chez beaucoup d’espèces, le viol est occasionnel (insectes, oiseaux, amphibiens, reptiles, mammifères marins, primates non-humains) ou courant. C’est le cas chez la mouche scorpion (ou panorpe, de la famille des Mécoptères).
Chez cet insecte, étudié durant plusieurs années par Thornhill, le mâle possède deux stratégies de reproduction : soit il séduit la femelle en lui offrant une boule de salive ou un insecte mort, soit il la poursuit et la prend de force. Cette mouche possède d’ailleurs à l’extrémité de l’abdomen un organe spécifique pour ce genre de copulation : une sorte de pince, ressemblant à la queue d’un scorpion, qui maintient la femelle en place et l’empêche de s’enfuir en lui bloquant les ailes. Cet organe semble d’ailleurs ne pas avoir d’autre utilité : si on le neutralise en le recouvrant par exemple de cire d’abeille, le mâle ne viole plus.
Les femelles préfèrent s’accoupler avec un mâle séducteur qu’avec un mâle violeur : elles suivent spontanément un mâle avec un cadeau et restent indifférentes à ceux qui n’en ont pas. De même, la copulation consentie semble aussi préférée des mâles : ceux-ci ne violent que s’ils n’arrivent pas à trouver un cadeau. Si par exemple, alors qu’ils poursuivaient la femelle, ils trouvent sur leur route un cadeau potentiel, ils redeviennent séducteurs. Cette préférence n’est pas innocente d’un point de vue évolutionnaire : lors d’une copulation consentie, le mâle a plus de chance d’achever sa pénétration et d’assurer l’arrivée à bon port de son sperme.
On pourrait résumer la situation ainsi : depuis que les femmes ont le choix, les hommes ont été sélectionnés pour trouver des moyens d’être choisis. Un de ces moyens est de posséder un caractère apprécié par les femmes, comme par exemple la symétrie des traits, caractère indicateur de bonne santé. Un autre peut être la victoire sur d’autres hommes qui permet d’obtenir du pouvoir, un statut social important ou des ressources : autres caractères que les femmes apprécient chez leur partenaire.
Le viol représente une troisième sorte de stratégie sexuelle : dans le cas par exemple d’hommes ne pouvant trouver grâce aux yeux des femmes par leur richesse ou leur apparence. De même, le viol offre un avantage évolutif quand la femme est seule et sans protection et quand l’homme est assuré de ne pas être blessé. Durant les millions d’années d’hominisation, certains ont ainsi perpétué leurs gènes à travers le viol, perpétuant du même coup ce comportement. Pour Thornhill et Palmer, le viol peut s’appréhender en tant que stratégie reproductive, mais aussi comme aspect secondaire de certains caractères, comme par exemple un désir sexuel plus fort chez les hommes, ou encore leur plus grande propension à la polygamie. De même, pour Margo Wilson, le viol est une conséquence du différentiel de force des hommes par rapport aux femmes, différentiel parfois inverse dans le règne animal.

Une simple conséquence du différentiel de force ?
Pour Thornhill et Palmer, les deux hypothèses se tiennent, l’un étant partisan de la première et l’autre de la seconde. La sélection de l’hypothèse la plus conforme aux faits demandera de nombreuses études, encore trop rares sur un sujet aussi important. Dans tous les cas, il est évident pour les auteurs que le viol possède une base évolutionnaire et donc génétique. Si le viol est une adaptation en elle-même, les hommes devraient posséder un ou des gène(s) spécifique(s) qui augmenterai(en)t ainsi les chances reproductives.
Si le viol est originellement adaptatif, il devrait toucher principalement à des femmes en âge de procréer. Cette hypothèse semble confirmée par les faits : la majorité des femmes violées sont fertiles, les femmes ménopausées et les filles prépubères étant sous-représentées dans toutes les études sur le sujet.
Dans la même logique, les violeurs ne devraient pas tenter de blesser ou de tuer leurs victimes, pour ne pas compromettre une future grossesse. C’est le cas dans la majorité des viols : les violeurs se limitent à une violence nécessaire pour maintenir leurs victimes et empêcher qu’elles ne s’enfuient. Une étude menée par Palmer dans un centre d’aide aux femmes violées montre que seulement 15 % d’entre elles témoignent de violence excessive ou gratuite.
Une autre étude datant de 1979, menée par le sociologue Thomas McCahill, montre de même que, sur 1401 femmes interrogées, 22 % d’entre elles affirment avoir été fortement violentées, la majorité ayant été poussées ou maintenues suffisamment pour ne pas pouvoir s’enfuir. De plus, selon les statistiques criminelles américaines, une infime minorité (0,01 %) des viols se termine en meurtres.
Pour les femmes, le viol est le type de violence le plus traumatisant. Encore une fois, la théorie évolutionnaire peut expliquer ce fait. Pour le psychologue Randolph M. Nesse, le traumatisme psychologique est une adaptation qui permet aux individus de se prémunir contre des circonstances pouvant affecter leur réussite reproductive. C’est ainsi que les événements considérés comme les plus traumatisants sont la mort d’un membre de sa famille, l’altération de statut social, la perte de partenaire ou le viol chez les femmes.

Les effets secondaires du viol
Le viol réduit le succès reproductif féminin pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la femme peut être blessée. De plus, si la grossesse est menée à son terme, la femme perd la chance de trouver le meilleur père pour son enfant. Elle peut aussi perdre l’investissement de son partenaire habituel, qui considère qu’il n’a pas à s’occuper d’un enfant dont l’origine est « douteuse ».
Une série d’études a été menée par l’anthropologue Nancy W. Thornhill dans le but de mesurer la souffrance des femmes violées. Ces études ont confirmé l’hypothèse évolutionnaire selon laquelle plus le viol influe son cycle reproductif, plus la femme ressent de souffrance.
Les données ont été obtenues par le sondage de 790 filles et femmes (de 2 mois à 88 ans) ayant été hospitalisées à Philadelphie entre 1973 et 1975. Pour celles en état de répondre ou de comprendre, les questions portaient sur une évaluation du degré d’affection psychologique. Entre autres choses, les scientifiques ont analysé les changements du rythme de sommeil, les sentiments vis-à-vis d’hommes familiers ou inconnus, les relations sexuelles, les habitudes alimentaires et les activités sociales.
Les conclusions de ces études ont révélé que les femmes en âge de procréer ressentent un plus grand traumatisme psychologique que les enfants ou les femmes ménopausées. De plus, les femmes mariées sont plus traumatisées que les femmes célibataires et appréhendent plus que les autres le viol comme un événement hypothéquant leur avenir.
Autre donnée importante de ces analyses : moins le viol est violent, plus il est vécu comme traumatisant, comme si dans ces circonstances, la femme était moins à même de prouver sa « bonne foi » à son mari ou à son partenaire habituel. Dans tous les cas, le facteur décisif du traumatisme est le risque d’une grossesse non désirée.
L’initiative de Thornhill et Palmer ne s’arrête pas à une description factuelle. Pour eux, le viol est une calamité. Ils entendent ainsi mettre en place un véritable programme, fondé sur l’enseignement évolutionnaire, permettant de réduire la fréquence du viol dans nos sociétés.
En ce qui concerne les hommes, Thornhill et Palmer entendent leur faire comprendre que la sélection darwinienne est à l’œuvre quand ils entrent en érection à la simple vue d’une photo, quand ils se trompent sur les intentions d’une femme ou encore dans la possibilité qu’ils ont à forcer une femme à faire l’amour. Du côté des jeunes filles, elles doivent apprendre qu’elles sont plus attirantes lors de leur période de fertilité ou encore qu’un homme est prêt à tout pour lire en elles une intention sexuelle.

Une nécessaire éducation sexuelle des individus
Le viol s’insère dans l’évolution de la psychologie sexuelle masculine : seule cette compréhension rend effectifs les efforts des sociétés pour en réduire la prévalence. L’appréhension exclusivement sociale du viol est dangereuse : elle ignore son mécanisme en faisant reposer toutes les différences comportementales entre les sexes sur des différences environnementales. Cette vérité est tout aussi cruelle que peut l’être parfois la nature : les hommes, comparativement aux femmes, sont plus agressifs, plus assurés et avides de relations sexuelles, moins regardants quant à la qualité de leurs partenaires.
Pour Thornhill et Palmer, le choix qui s’effectue entre l’explication constructiviste et politique des sciences sociales et l’explication évolutionnaire de la biologie qu’ils défendent est « essentiellement l’alternative de la connaissance contre l’idéologie ».

A lire
Randy Thornhill et Craig T. Palmer, 2000, A Natural History of Rape, Biological Bases of Sexual Coercion, Cambridge, Londres, MIT Press.
Cheryl Brown Travis (dir.), 2003, Evolution Gender and Rape, Cambridge, Londres, MIT Press, 472 pages.
Dolf Zillmann, 1998, Connections Between Sexuality And Agression, New York, Laurence Erlbaum.
Matéi Visniec, 1998, Paparazzi suivi de : Le sexe de la femme comme champ de bataille, Arles, Actes-Sud.

samedi 24 janvier 2004

Du nouveau sur le désir sexuel

Libido en berne ? 15 % des hommes en souffrent et leur cerveau pourrait bien en être le premier responsable.Une corrélation entre le « désir sexuel hypoactif masculin » et le non fonctionnement de certaines zones cérébrales impliquées dans le processus du désir vient en effet d’être mise en évidence par une équipe de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). D’autres chercheurs s’intéressent de très près au jatoba, un végétal amazonien qui semble posséder de puissantes capacités aphrodisiaques et que l’on surnomme le « Viagra naturel »…

Inhibition cérébrale des centres du désir
Que se passe-t-il au juste dans le cerveau désirant ? Les chercheurs, qui ont travaillé sous la direction d’Yves Burnod, Serge Stoléru et Jérôme Redouté (unité Inserm 483), et leurs collaborateurs du CERMEP (Centre d’études et de recherches médicales par émission de positons, à Lyon), relèvent, dans la revue Psychiatry Research : Neuroimaging, que l’inhibition cérébrale observée entraîne un manque d’activation au niveau des régions cérébrales impliquées dans l’imagerie motrice, fonction qui permet une représentation mentale des actions que l’on souhaite accomplir.

«Cette découverte pourrait permettre une meilleure prise en charge de ce trouble, notamment par la psychothérapie», estiment les chercheurs. Selon eux, 1 à 15 % de la population adulte masculine souffrirait d’un désir sexuel diminué, voire absent. Les traitements actuellement utilisés, notamment l’administration de testostérone ou la psychothérapie, sont peu efficaces.

L’équipe de Serge Stoléru avait déjà identifié les zones cérébrales impliquées dans le contrôle du désir sexuel chez les hommes ne présentant pas de trouble clinique de la sexualité. Leurs derniers travaux ont comparé l’activité des différentes régions cérébrales chez des hommes souffrant de désir sexuel hypoactif et des hommes sains.

Pour identifier les zones cérébrales activées, les chercheurs ont utilisé avec leurs collègues du CERMEP une technique d’imagerie fine : la tomographie par émission de positons, qui mesure le flux sanguin dans les différentes régions du cerveau. Sept volontaires souffrant de désir sexuel hypoactif et huit volontaires sains ont ainsi été soumis à des images génératrices de désir sexuel, clips vidéo muets de 3 minutes et trois séries de photographies allant « du neutre à l’explicite ».

Jatoba, le Viagra naturel ?
Après le succès commercial des molécules de la performance sexuelle (Viagra, Ixense, Cialis), des chercheurs brésiliens étudient maintenant les propriétés aphrodisiaques de la sève d’un arbre amazonien, le jatoba (Hymenaea courbaril), auquel les paysans attribuent des pouvoirs de stimulation sexuelle, au point de l’avoir surnommé « viagra naturel ».

Les scientifiques de l’Université Fédérale de l’Etat de l’Acre effectuent ces recherches sur le jatoba. «Les connaissances traditionnelles des habitants de la forêt amazonienne attribuent mille qualités au jatoba, telles que d’être énergétique, un stimulant sexuel et même une substance contre le stress».

«Nous devons prouver maintenant scientifiquement les propriétés physiques et chimiques» du Jatoba, a déclaré le Pr Andrea Alexandre, du département des sciences agronomiques de cette université. Selon Mme Alexandre, la recherche vise aussi à breveter l’utilisation pharmaceutique de ce viagra naturel en faveur des «seringueiros», forestiers qui récoltent le latex de la région. Au cours des six derniers mois, ils ont récolté 2.500 litres de sève de jatoba.

Le jatoba est un arbre qui produit un bois dur non flottable de cœur brun à rouge à violacé (orange à brun violacé), presque noires avec veines ou sans veines, sans odeur prononcée. Sa répartition géographique va du Mexique et d’Amérique Centrale à l’Amérique du Sud tropicale, en passant par les Caraïbes. Le bois de jatoba est commercialisé notamment sous le nom de courbaril.

vendredi 23 janvier 2004

Les césariennes en augmentation

Les accouchements par césarienne sont en constante progression dans la plupart des pays développés, avec une augmentation de 4 % en dix ans pour la France, une évolution due en partie à la plus grande part des femmes de plus de 30 ans dans les accouchements, selon une étude de la (Direction de la Recherche, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES). Une femme sur cinq y a désormais recours. « Depuis plusieurs années, la pratique des césariennes ne cesse de se développer dans la plupart des pays développés. Le taux de césariennes est passé en France de 14 % en 1991 à 18 % en 2001 », précise la DREES. En dehors des évolutions d’âge, la croissance des césariennes peut également s’expliquer par l’évolution des pratiques médicales : le recours à cette opération a ainsi augmenté chez les femmes présentant un facteur de risque. Un quart des patientes ayant recours à la pratique ont un antécédent de césarienne. Une forte proportion de césarienne se fait aussi pour dystocie (complication d’origine maternelle), présentation anormale du foetus ou détresse foetale.