mardi 19 novembre 2002

Le mythe de la monogamie


Nous vivons dans une société légalement et culturellement monogame.Pourtant, la grande majorité des cultures humaines passées ou présentes tolère ou reconnaît la polygamie. Celle-ci est d’ailleurs le régime sexuel le plus répandu dans la nature.En réalité, les chercheurs ont pris l’habitude de dissocier deux formes de monogamie : sociale (vivre toujours ensemble) et sexuelle (copuler toujours avec le même partenaire). Il semble bien, chez l’espèce humaine comme les autres, la monogamie sexuelle est un mythe. Y compris… dans les sociétés officiellement monogames !

Le sexe dans la nature : quatre régimes
On trouve dans la nature quatre principaux régimes sexuels. La promiscuité, répandue chez les mammifères et les insectes, désigne le système où les mâles et les femelles s’accouplent sans établir de véritables associations. L’orgie permanente, en quelque sorte. La polygynie est également fréquente dans l’ordre des mammifères, où le mâle dominant du groupe s’entoure d’un harem tantôt égalitaire, tantôt hiérarchisé (avec une femelle de haut rang). Quant à la monogamie, elle est rare chez les mammifères, mais domine très largement chez les oiseaux (plus de 80 % des espèces), ce qui s’explique par l’immaturité des nouveau-nés et un important niveau métabolique : une famille monoparentale aurait peu de chance de survie. Mais attention : la monogamie sociale ne signifie pas monogamie sexuelle (voir article). La plupart des singes anthropoïdes — gorilles, chimpanzés, babouins — sont polygynes, à l’exception des orangs-outangs, dont les mâles et les femelles vivent en solitaire, et des gibbons, qui sont monogames intermittents.

George Bernard Shaw, connu pour son esprit ironique et tranchant, a dit un jour : «La moralité consiste à soupçonner les autres de ne pas être légalement mariés». Le fait est que dans les sociétés occidentales d’inspiration judéo-chrétienne, la monogamie fait partie des modèles de vertu et de morale. Pourtant, comme le soulignent le zoologiste David P. Barash et la psychiatre Judith E. Lipton, non sans humour eux aussi : «Si les enfants vivent dans l’enfance, les adultes vivent… dans l’adultère !».

Dans presque toutes les sociétés humaines, les relations dans un couple constitué présentent des caractéristiques similaires : continuité dans le temps, obligations mutuelles, sanction en cas de fautes, disponibilité sexuelle de chaque conjoint envers l’autre, statut reconnu des enfants. Bien sûr, certaines sociétés tribales ignorent ce que d’autres appellent le mariage. En revanche, une alliance formelle entre (au moins) un homme et (au moins) une femme forme un universel.

Ue alliance durable, rare dans la nature
Comme le soulignent Martin Daly et Margo Wilson, «il est bon de se rappeler que dans une grande majorité des espèces mammifères, une telle alliance entre sexe est soit absente, soit une affaire très temporaire. Il est particulièrement rare qu’une alliance persiste au-delà de la gestation et de la lactation, alors que ce cas est courant dans les sociétés humaines». Nous avons donc affaire à une particularité de notre espèce, probablement inscrite dans sa constitution biologique (puisque toutes les cultures de toutes les époques connues la pratiquent), mais un peu différente de la « norme » animale.

Toutefois, l’alliance à la fois sociale, sexuelle et reproductive entre un seul homme et une seule femme n’a rien d’universel ni d’éternel. On peut bien sûr en faire un choix personnel, culturel ou religieux : mais cette option ne peut prétendre s’imposer par elle-même comme la plus « normale ».

La polygynie, régime le plus fréquent
La polygynie est aujourd’hui le système le plus répandu à travers le monde. Sur 849 cultures, 708 (83 %) tolèrent les relations sexuelles entre un homme et plusieurs femmes. 137 sont monogames et 4 sont polyandres, c’est-à-dire autorisant la liaison d’une femme avec plusieurs hommes.

Dans les systèmes où la polygynie est traditionnellement acceptée (et non seulement tolérée), soit 377 sociétés, l’homme emménage avec une femme et ses sœurs dans 20 % des cas (74 sociétés). Dans cette hypothèse, il arrive quatre fois sur cinq que tous vivent sous le même toit. En revanche, dans les cultures où la polygynie ne concerne pas des sœurs, l’homme entretient plus souvent plusieurs foyers distincts (68 % des cas, représentant 207 sociétés).
Le point est intéressant à noter, car la polygamie n’est pas du tout un régime conjugal accepté avec joie par les femmes. Les données ethnographiques témoignent au contraire de la vive jalousie, voire de la violence produite par ce système. Cela explique sans doute en partie les domiciles majoritairement séparés des épouses. Et peut-être aussi le fait que les polygamies sororales acceptent mieux un même toit : la proximité génétique des sœurs diminue en effet la dimension biologique de la jalousie (que le père investisse du temps, de l’énergie et des ressources dans une progéniture génétiquement éloignée).

Il est important de souligner que la monogamie de fait reste le cas le plus fréquent, même dans les sociétés qui tolèrent ou reconnaissent la polygynie et la polyandrie. La principale raison en est sans doute la difficulté économique à entretenir plusieurs femmes, surtout dans les sociétés tribales ou traditionnelles. Le phénomène a sans doute été comparable dans l’évolution de l’espèce humaine tout au long du Pléistocène. Depuis trois millions d’années, on note ainsi que le dimorphisme sexuel (différence de stature homme-femme) tend à diminuer par rapport à nos plus proches cousins primates. Il en résulte une moindre tendance à la compétition entre mâles pour dominer le groupe, et cela d’autant plus que les ressources sont rares ou incertaines dans l’environnement.

Polygamie et dominance sociale
La polygamie ritualisée telle que nous nous la représentons souvent (dans le monde arabe ou dans certaines anciennes aristocraties, chinoise par exemple) est probablement une invention relativement récente, datant du néolithique.

Un régime polygame suppose en effet que certains hommes puissent accaparer de vastes ressources au détriment des autres, ce qui est plus fréquent avec la sédentarité, l’élevage et l’agriculture. La société la plus proche des conditions de vie paléolithique, les ! Kung San du désert Kalahari, tolèrent la polygamie, mais celle-ci ne concerne que 5 % des hommes mariés. Ceux-ci ont très rarement plus de deux femmes.

La polygynie est un régime étroitement corrélé à la dominance de certains hommes sur les autres : nous sommes ici dans la logique de la compétition mâle-mâle propre à la sélection sexuelle en régime polygyne et patrilocal (c’est-à-dire : le domicile du couple est celui de l’homme, non de la femme qui se déplace à l’occasion du mariage ou de l’alliance).
Le nombre de femmes et d’enfants est donc proportionné à la capacité différentielle d’acquisition des ressources, de protection des biens et des personnes. Une étude menée par S.F. Faux sur les communautés mormones de l’Utah (Etats-Unis) montre par exemple que les dirigeants de l’Eglise avaient en moyenne, au XIXe siècle, 5 femmes et 25 enfants, tandis que les polygames non membres de la hiérarchie avaient en moyenne 2,4 femmes et 15 enfants, les couples monogames n’ayant que 6,6 enfants.

Comme le résume David Geary, professeur de psychologie et d’anthropologie à l’Université du Missouri (Columbia), «dans les sociétés pré-industrielles, les hommes polygynes sont typiquement en situation de domination sociale et de meilleure santé par rapport au reste de la communauté et ils ne forment guère plus de 15 % des hommes».

Polyandrie : des cas rares
La polyandrie ne concernerait aujourd’hui que quatre à dix cultures dans le monde, selon que l’on inclut des multi-paternités symboliques. Dans la plupart cas, il ne s’agit pas d’un système exclusif : la monogamie et la polygynie sont également pratiquées et reconnus. La polyandrie existe en Afrique (Niger), en Amérique latine (Venezuela, Paraguay) et dans le sous-continent indien (Inde, Tibet).

Dans le cas africain, il s’agit d’un système d’alliance où une femme est mariée aux hommes de plusieurs clans, sans nécessairement les connaître. Dans le cas asiatique, la polyandrie a souvent pour origine une adaptation aux ressources. Les Pahari, dans le Nord de l’Inde, doivent par exemple acheter une femme par le système de la dot, ce qui les oblige à se «cotiser» entre frères. Il peut en résulter des groupes matrimoniaux complexes de «polygynandrie». Chez les Tre-Bas du Tibet, la polyandrie est pratiquée lorsqu’une famille n’a que des filles et aucun fils. Par ailleurs, le système semble s’être instauré pour éviter la partition des propriétés et maintenir une seule maisonnée, même si les frères se trouvent alors dans l’obligation de vivre avec une seule femme au foyer.

La polyandrie est aussi avantageuse pour les enfants, puisque ceux-ci ont plusieurs pères apportant des ressources. Environ 60 % des enfants nés dans la tribu Ache (Paraguay) ont un ou deux pères secondaires. Dans la tribu Bari (Venezuela), l’anthropologue Stephen Beckerman a analysé le taux de survie des enfants en fonction du système conjugal. Sur 194 enfants ayant plusieurs pères, 80 % survivent à l’âge de 15 ans. Ce taux chute à 64 % pour les 628 enfants de familles monogames. Dans aucune société connue on ne trouve la polyandrie conçue comme système de «domination féminine» ou de «matriarcat».

Les deux monogamies : sociale et sexuelle
Comme nous l’avons souligné, la monogamie est particulièrement rare dans la nature. Sur plus de 4.000 espèces mammifères connues, par exemple, la monogamie n’en concerne qu’une douzaine. Parmi les primates, nos plus proches cousins, on ne note que deux espèces de singe du Nouveau Monde, assez éloignées de l’homme sur l’arbre généalogique du vivant. Aucun des grands singes ne pratique la monogamie : bonobos, chimpanzés, gorilles, orang-outans possèdent des mœurs sexuelles variées, entre harem à mâle dominant, panmixie et liaisons occasionnelles à monogamie provisoire.

La monogamie humaine, fondée sur l’alliance stable durable d’un homme et d’une femme, paraît donc très exceptionnelle. Seul le règne aviaire semble partager cette tendance, puisqu’un nombre conséquent d’oiseaux sont réputés monogames.

Toutefois, il est nécessaire à ce stade de quitter l’ethnologie pour rejoindre la biologie. On a découvert voici quelques décennies le principe de l’empreinte ADN : ce sont des régions microsatellites hypervariables du génome, qui définissent l’identité génique de chacun, tout comme l’empreinte digitale sert à reconnaître la morphologie unique de nos doigts.
Depuis une dizaine d’années, les tests d’identité génétique sont devenus courants et accessibles. Notamment pour les chercheurs de terrain – écologistes, éthologistes, sociobiologistes – qui étudient le comportement des animaux. Or, à leur grande surprise, les enfants présumés d’espèce monogame se sont souvent révélés… nés de père inconnu !

Ce qui a conduit les chercheurs à distinguer deux types de monogamies fort différentes :
- la monogamie sociale désigne deux individus de sexe opposé qui vivent ensemble, habitent la même zone de territoire (ou le même nid), cherchent des ressources ensemble, copulent ensemble.
- la monogamie sexuelle désigne les individus qui remplissent les obligations de la monogamie sociale et sont strictement fidèles au point que leur descendance est sûre de transmettre leurs gènes.

La monogamie sociale est rare dans la nature ; la monogamie sexuelle n’existe tout simplement pas. Voilà que ce D. Barash et J. Lipton ont appelé : le «mythe de la monogamie». Il n’est sans doute aucune espèce connue à ce jour dont on puisse dire : la probabilité que cet enfant résulte de ces deux parents monogames est de 100 %. Cela ne signifie pas que les espèces monogames se reproduisent au hasard, ce qui serait génétiquement équivalent à une population sexuellement panmictique. Simplement, dans toutes les espèces pratiquant la monogamie sociale, les mâles et les femelles ont une tendance à l’infidélité sexuelle qui exclut la certitude sur l’identité génétique de leur progéniture.

Voilà pourquoi les journaux spécialisés en éthologie et sociobiologie publient désormais des articles triomphants sur la rareté relative de l’« extra pair copulation » (EPC : copulation hors couple, par opposition à l’IPC, intra-pair copulation) chez des espèces dont on pensait, voici encore dix ou quinze ans, qu’elles étaient socialement et sexuellement monogames.

Infidélités humaines, trop humaines…
La première objection qui vient à l’esprit est : la vie des oiseaux, des primates et des insectes est certes passionnante, mais l’homme est tout de même une espèce très particulière, sans rapport aucun avec ces animaux privés de conscience.

Hélas, dans le domaine sexuel, les différences s’estompent parfois. Un exemple simple : les tests de paternité dont nous avons parlé (empreinte ADN) sont très pratiqués chez les humains, notamment aux Etats-Unis. En 1999, sur 250.000 tests effectués, on a constaté que la paternité légale n’est pas la paternité biologique dans… 28 % des cas !

Ces chiffres doivent bien sûr être pondérés, car les tests sont souvent demandés en cas de doute. L’échantillon est donc biaisé. Toutefois, on estime aujourd’hui qu’entre 5 et 10 % des naissances sont adultérines dans les sociétés occidentales.

Ces données sont cohérentes avec les nombreuses enquêtes sur la sexualité, dont les plus importantes sont souvent aussi les plus anciennes. Dans les études qualitatives comme dans les questionnaires quantitatifs, les hommes affirment toujours avoir plus de partenaires sexuels que les femmes (au cours de leur existence ou en marge de leur couple). Toutefois, à l’échelle d’une population, cela n’est possible que si un petit nombre de femmes ont un très grand nombre d’hommes. La prostitution semble remplir cet office, mais elle n’est sans doute pas assez répandue pour justifier le différentiel homme-femme. Il est plus probable que les hommes ont tendance à exagérer leur nombre de partenaires (ce qui est perçu comme valorisant dans la psychologie masculine de nos sociétés) et les femmes à le minimiser (car à l’inverse, les aventures extra-conjugales et le multipartenariat restent implicitement dévalorisant ou explicitement dévalorisé).

Les hommes plus volages que les femmes
Néanmoins, compte tenu de la psychologie des deux sexes au regard de l’évolution, on peut prédire que l’infidélité masculine surpasse l’infidélité féminine. Le célèbre rapport Kinsey (1948 et 1953) soulignait déjà que l’infidélité conjugale concernerait 26 % des hommes entre 26 et 40 ans, 30 % entre 41 et 45 ans, 35 % entre 46 et 50 ans. Il est à noter que pic d’infidélité correspond à la ménopause féminine, c’est-à-dire à a période où la femme devient infertile.

Côté féminin l’infidélité sexuelle a été évaluée par Kinsey à 6 % entre 16 et 20 ans, 9 % entre 21 et 25 ans, 14 % entre 25 et 30 ans, 17 % entre 31 et 40 %. On note la même corrélation avec l’approche de la ménopause. Dans la cinquantaine et la soixantaine, l’infidélité baisse à 6 %, puis 4 %.

Il existe d’autres études du même type. Ainsi, 48 % des hommes américains contre 5 % des femmes disent qu’ils souhaiteraient s’engager dans une liaison extra-conjugale (Jonhson, 1970). 46 % des Allemands et 6 % des Allemandes sont dans les mêmes dispositions d’esprit (Sigusch et Schmidt, 1971). Des sondages beaucoup plus récents révèlent la même tendance chez les Français, même si l’évolution des mœurs est sensible sur les opinions exprimées par les femmes. Ainsi, 11 % des Françaises disent avoir été infidèles, 20 % pensent pouvoir l’être un jour mais 63 % le refusent encore (Sofres, 1999). Dans une autre enquête, les hommes restent plus nombreux à avouer une aventure extra-conjugale (24 % contre 9 % chez les femmes) et à accepter des rapports sexuels sans lien émotif durable avec la personne (24 % contre 8 %, Ipsos 2001).

Infidélité masculine et infidélité féminine ne sont pas vues de la même manière à travers le monde.Dans l’ensemble, les hommes sont favorisés par rapport aux femmes.Dans son survol de 116 sociétés, l’anthropologue Gwen Broude a constaté que 63 % d’entre elles tolèrent une infidélité transitoire des hommes, 13 % pour les femmes et 13 % pour les deux sexes. En revanche, 27 % seulement exigent (formellement) une parfaite fidélité sexuelle pour les deux sexes.

Le mariage : économie ou reproduction ?
Dans les années 1960, l’anthropologue Claude Lévi-Strauss a défendu l’idée que le mariage est avant tout une structure d’échange entre groupes, généralement organisée par les hommes avec les femmes comme « objet d’échange ». Les données ethnographiques semblent lui donner raison. Une étude sur 860 sociétés montre que 205 d’entre elles (essentiellement dans les pays industrialisés) seulement ne pratiquent aucun échange obligatoire de ressources pour le mariage. Dans les 645 autres, en revanche, le mariage donne lieu à des échanges directs de femmes, à des achats, à des contre-dons en forme de travail ou de services, etc. Toutefois, au-delà de cette dimension économique, la fonction principale de l’alliance matrimoniale est en général une fonction biologique : la reproduction. A de rares exceptions près (les « harems » très fournis de certaines aristocraties fermées), l’échange des femmes ne concerne pas un grand nombre et donne lieu à des naissances pour chaque épouse.

Divorce et remariage : une polygamie en série ?
Une autre manière d’envisager les failles de la monogamie dans les sociétés occidentales est de considérer le divorce suivi du remariage comme une « polygamie en série ». Les lecteurs de certains journaux « people » (Gala et autres) savent que cette pratique est assez couramment répandue dans une partie de nos sociétés ! Plus sérieusement, chacun sait que le taux de divorce est en hausse constante depuis une trentaine d’années dans les sociétés industrialisées, du fait notamment de l’adoption de lois moins contraignantes.
Au milieu des années 1990, le taux brut de divortialité s’établissait à 1,89 en France (équivalent à 1 mariage sur 10 environ), 2,61 en Australie, 2,96 au Royaume Uni, 4,3 en Russie, 4,4 aux Etats-Unis. En indice conjoncturel (nombre de divorces rapportés aux mariages sur une année, et non sur la totalité des mariages), le divorce représente aujourd’hui 40 % des mariages en France, 41 % aux Etats-Unis.

Le remariage est plus masculin
Après un divorce, les probabilités de remariage ne sont pas les mêmes selon les sexes. Une enquête canadienne a par exemple montré qu’environ 65 et 75 % respectivement des femmes et des hommes divorcés se remarient. 48 % des femmes âgées entre 35 et 50 ans se remarient par rapport à 61 % pour les hommes. Parmi les femmes plus jeunes, âgées entre 25 et 35 ans, la probabilité est de 66 % et de près de 80 % pour les hommes. A toutes les tranches d’âge, les hommes sont privilégiés par rapport aux femmes, l’écart s’accentuant à mesure que les deux sexes vieillissent. Outre la jeunesse chez la femme, le statut socio-économique (de l’homme comme de la femme) est un facteur favorisant le remariage. Ce qui équivaut au principe de la polygamie en série, puisque seuls les plus fortunés peuvent continuer à nourrir plusieurs enfants issus de plusieurs couches.

La logique du vivant
Dans une logique évolutionnaire, la polygamie humaine s’explique par les caractéristiques biologiques des deux sexes. Le mâle étant de stature un peu plus puissante que la femelle tend à pourvoir à la sécurité et à l’approvisionnement (notamment en ressources rares comme la viande). Cette commensalité « légitime » sa sexualité. Par ailleurs, les mâles tendent à investir plus dans la compétition en vue de l’accouplement que dans les soins parentaux.
Quant à la monogamie, elle a pour principal avantage de maximiser l’investissement parental (deux adultes pour nourrir et éduquer les enfants du couple) : cette disposition est utile pour une espèce à fort développement cognitif comme la nôtre. La monogamie assure aussi la paix sociale en diminuant la compétition entre les mâles dans des sociétés comptant à peu près autant de représentants de chaque sexe. Mais elle accentue à l’inverse la compétition entre les femmes. Selon le point de vue où l’on se place, chaque système a sa vertu : en régime polygame, presque toutes les femmes ont droit à un homme ; en régime monogame, presque tous les hommes ont droit à une femme !

Pour aller plus loin
David P.Barash, Judith E.Lipton, The myth of Monogamy.Fidelity and Infidelity in Animals and People, Freeman.
Sarah Blaffer Hrdy, La femme qui n’évoluait jamais, Rivages.
Martin Daly, Margo Wilson, Sex, Evolution, and Behavior, Wadsworth.

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