lundi 17 avril 2000

Ménopause, gènes et bouc hermaphrodite

Le gène de l’anomalie qui caractérise des boucs dénués de corne (qui sont en fait des animaux atteints de pseudo-hermaphrodisme) serait semblable au gène responsable d’une maladie humaine rare, estiment des chercheurs français dans la revue Genome Research. «Pendant longtemps, raconte Daniel Vaiman, de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), les éleveurs ont cherché à sélectionner des chèvres sans cornes pour éviter que les animaux se blessent. Mais, à partir des années 1930, ils se sont aperçus qu’ils obtenaient un excès de mâles, dont beaucoup étaient stériles». Dans les années 1950, cette sélection a été abandonnée. «L’anomalie caprine se traduit par un pseudo-hermaphrodisme car contrairement au cas de l’hermaphrodisme vrai, les chèvres concernées ne sont pas dotées simultanément d’organes des deux sexes, mais seulement d’organes mâles comme les testicules, d’apparence normale», explique Daniel Vaiman. Les chercheurs ont localisé la petite région du patrimoine génétique, située sur le chromosome 1, responsable de l’anomalie. Ils ont constaté que cette zone du génome correspond à celle responsable d’une maladie héréditaire humaine rare qui s’accompagne souvent de stérilité, le syndrome SBPE (syndrome de blépharo-phimosis-ptosis-épicanthus inversé) caractérisé par des paupières tombantes qui relèvent de la chirurgie. L’absence de corne pourrait correspondre à ces anomalies du contour des yeux. La femme atteinte peut être stérile par défaut de développement des ovaires ou subir une ménopause précoce avant l’âge de 35 ans.