vendredi 7 janvier 2000

A-t-on découvert le gène de la fidélité ?

La fidélité dépendrait-elle de nos gènes ?C’est la question que l’on peut se poser après l’étonnante expérience récemment menée par une équipe de chercheurs américains. En modifiant le patrimoine génétique de souris, ceux-ci sont parvenus à modifier le comportement d’un mâle solitaire et volage en le transformant en animal sociable et monogame.

Tom Insel et Larry Young travaillent tous deux à l’Université Emory (Atlanta, Géorgie).Leurs travaux, publiés dans un récent numéro de Nature (vol. 400, p. 766, 19 août 1999), ont connu un retentissement qui dépasse largement le cadre souvent confidentiel de la recherche scientifique.

L’équipe américaine a créé quatre lignées de souris transgéniques en les dotant d’un gène du campagnol des prairies (Microtus ochrogaster).Ce petit rongeur nord-américain est connu pour son comportement monogame et sociable. Les souris modifiées par le transfert du gène ont à leur tour adopté le comportement du campagnol, alors qu’elles ne montrent naturellement aucune prédisposition à la fidélité.

Tom Insel et Larry Young étudient depuis longtemps la vasopressine, une hormone naturellement produite par l’hypophyse (une glande à la base du cerveau) chez la plupart des mammifères, homme compris. Cet agent chimique est notamment impliqué dans les comportements d’agression, de communication et de reproduction.Ils ont déjà montré l’influence de l’hormone sur le comportement social des campagnols mâles. Après administration de vasopressine, les animaux modifiés se sont mis à fréquenter plus souvent la même femelle. Ils en ont alors déduit que l’hormone facilite l’affiliation, l’attachement du couple, les soins paternels du campagnol des prairies.

Mais l’action de l’hormone varie énormément selon les animaux : la vasopressine laisse par exemple de marbre des espèces très voisines du campagnol des prairies (Microtus montanus et M. pennsylvanicus). Grâce à l’étude moléculaire de la structure du gène des récepteurs de la vasopressine, les chercheurs apportent maintenant une explication à ces phénomènes. Les campagnols sylvestres et des prairies, monogames et grégaires, possèdent un long morceau d’ADN, déterminant pour activer le gène, tandis que les autres espèces de campagnols, plus solitaires et volages, en sont dépourvues.

Pour vérifier l’effet de cette différence génétique, les chercheurs ont introduit ce gène du récepteur d’un campagnol des prairies dans le patrimoine génétique de souris. Ces dernières ont à leur tour développé dans leur cerveau le modèle de récepteurs hormonaux du campagnol et adopté son comportement. « Même si de nombreux gènes sont susceptibles d’être impliqués dans l’évolution des comportements sociaux complexes, nos données indiquent que le changement de l’expression d’un seul gène peut avoir un impact sur l’expression, au moins pour partie, de ces comportements », soulignent les chercheurs.

Ces découvertes s’appliquent-elles à l’homme ?Tom Insel le pense. Directeur du célèbre Centre d’étude des primates de Yerkes, professeur de psychiatrie et de psychologie à l’école de médecine de l’université Emory, ce chercheur s’est spécialisé depuis une quinzaine d’années dans la neurobiologie des comportements sociaux complexes. Au milieu des années 80, il avait démontré l’influence de la sérotonine dans les troubles obsessionnels-compulsifs.Et il s’était ensuite intéressé au rôle de l’oxytocine et de la vasopressine dans le mécanisme des attachements sociaux.

Son équipe s’apprête donc à étudier ces variations de comportement chez l’homme. Que l’on se rassure, Tom Insel ne souhaite pas mettre au point des tests génétiques prénuptiaux pour conjoint potentiellement adultérin ! En fait, on connaît aujourd’hui très peu de choses sur la formation des liens sociaux au niveau anatomique, chimique ou physiologique. Or, dans le processus d’hominisation, l’« investissement parental » joue un rôle important dans la mesure où l’enfant n’atteint sa maturité que tardivement.La coopération des parents pour sa protection, son alimentation et ses soins ont donc représenté une valeur sélective. Selon Tom Insel, on découvrira peut-être que de nombreuses mutations du «gène de la fidélité » sont survenues au cours de l’évolution et ont facilité la monogamie, dans certaines circonstances socio-écologiques.

Autres  applications, beaucoup plus concrètes, de ces recherches : favoriser la thérapie des pathologies marquées par l’isolement et le détachement : autisme, schizophrénie, voire maladie d’Alzheimer.

De la pilule au timbre

Les derniers essais cliniques d’un timbre contraceptif pour les femmes sont actuellement en cours dans le laboratoire Ortho-McNeil, filiale du groupe Johnson et Johnson. Le timbre, appelé Evra Contraceptive Patch, sera présenté à la FDA au courant de l’année 2000. Appliqué sur les bras, l’abdomen ou les fesses, il sera actif pendant une semaine, avec une efficacité comparable à celle des meilleurs contraceptifs.

Un contraceptif pour les hommes

La société canadienne de biotechnologie Immucon a annoncé, le 12 juillet 1999, avoir obtenu du Bureau Américain des Brevets un brevet pour une nouvelle technologie destinée à la mise au point d’un vaccin contraceptif masculin. Le vaccin, dont les essais cliniques devraient débuter l’an prochain, pourrait être disponible sur le marché d’ici cinq à sept ans. Il aurait l’avantage d’être réversible, avec une période d’efficacité d’un an, et – selon les tests effectués sur des hamsters – de ne pas provoquer d’effets secondaires comme la plupart des méthodes contraceptives actu­elles, principalement féminines, qui agissent au niveau hormonal. La technologie utilise le fragment d’une protéine, la P26h, pour neutraliser la capacité fécondante du sperme.

Les spécialistes de l’érection en ébullition

Un congrès sur les dysfonctions érectiles, qui s’est déroulé du 1er au 3 juillet 1999 à Paris, a été le théâtre de sévères affrontements sur l’efficacité réelle du Viagra. Phénomène rare, les principales études présentées lors de ce congrès ont donné des résultats diamétralement opposés sur les performances attribuées à la célèbre petite pilule bleue. Chez ces hommes qui souffrent d’impuissance ou de «pannes» à répétition, l’efficacité du Viagra tourne, selon Pfizer, autour de 70 %, avec un indice de satisfaction des utilisateurs situé entre 48 et 78 %. C’est ce que confirme une étude menée en France et en Italie dans 18 centres médicaux. Mais de leur côté, les laboratoires Schwarz Pharma arrivent à des conclusions inverses. Pour eux, le Viagra a été abandonné dans 68 % des cas et 90 % des personnes en échec déclarent être venues, ou revenues, aux injections. Avec satisfaction. Une troisième étude a été réalisée par le Dr Ronald Virag. Pour ce médecin, seulement 32 % sont restés fidèles au Viagra, 34 % ont surmonté leurs appréhensions et sont passés aux injections et enfin, 25 % ont choisi d’alterner le médicament oral et l’injectable. «Entre les labos, c’est la lutte à mort car, à la clef, il y a des millions, voire des milliards de dollars» souligne le Dr Ronald Virag, spécialiste français de la sexologie. L’insuffisance de la fonction érectile touche en effet environ 40 % de la population de 40 à 70 ans partout dans le monde : un marché fabuleux pour «le» remède miracle.

Vers la procréation sans limite ?

Des scientifiques de Toronto pensent avoir trouvé un moyen de conserver des ovules et de les développer sans les détériorer, marquant un progrès supplémentaire dans la possibilité pour les femmes de procréer à partir de leurs propres ovules quel que soit leur âge.

Le groupe de chercheurs a réussi à faire incuber par des souris en laboratoire des ovules immatures de jeune jusqu’à leur maturité. Avec cette découverte, les scientifiques croient qu’il sera bientôt possible pour une femme de congeler des ovules immatures au cours de sa jeunesse, puis au moment où elle souhaite avoir un enfant, de laisser des souris développer ces ovules. «Nous avons l’accord pour essayer d’abord avec des ovules de bovins et du sperme de taureau, et par la suite transférer l’embryon dans une vache», a indiqué le Dr. Robert Casper, responsable du département des sciences de la reproduction à l’Université de Toronto. «Si cela fonctionne bien, nous nous dirigerons probablement, avec l’accord du comité d’éthique, vers les essais cliniques».

Les travaux des chercheurs sont surtout orientés vers la possibilité de conserver des ovules pour les femmes infertiles en quête d’un donneur, ou pour celles souffrant de cancer dont le traitement endommage le fonctionnement de leurs ovaires. Ces dernières pourraient stocker ainsi leurs ovules encore sains et envisager plus tard une grossesse. Seulement une demi-douzaine de naissances, à partir d’ovules congelés, ont été signalées jusqu’à présent dans le monde.

Pilule abortive en Europe

La pilule abortive RU 486 a été autorisée, le 6 juillet 1999, dans huit pays européens.Outre la France, la Grande-Bretagne et la Suède, la pilule abortive est désormais prescrite en Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, Grèce et Pays-Bas.