lundi 19 avril 2010

Spray gorge profonde

Dans le film sur-culte de Gerard Damiano, Deep Throat (1972), Linda Lovelace se découvrait un clitoris au fond de la gorge, et devait avaler le plus loin possible les pénis de ses partenaires pour atteindre le plaisir sexuel. Dans la vraie vie, le commun des mortels a un peu plus de mal avec cette pratique, devenue depuis éponyme, en particulier à cause du « réflexe de vomissement » (tout objet titillant la glotte provoque une irrépressible envie de vomir). Mais grâce à un nouveau spray désensibilisant et parfumé (menthe, chocolat-menthe ou cannelle), pour un peu plus de 6€, la gorge profonde devient accessible à tou(te)s. On n'arrête pas le progrès...

lundi 22 février 2010

TDSH : trouble du désir sexuel hypoactif

La cohorte européenne DESIRE (Desire and its Effects on female Sexuality Including Relationships) rassemble 65219 femmes de cinq pays (France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie, Espagne). Parmi elles, 7542 ont été identifiées comme souffrant d’une faible libido – une condition qualifiée de trouble du désir sexuel hypoactif (TDSH) et touchant une femme sur 10. La question est bien sûr de savoir s’il s’agit d’un trouble ou d’une condition normale : après tout, avoir une libido très faible ou très développée ne signifie pas forcément que l’on est en présence d’une pathologie. Si le désir suit dans la population une distribution de loi normale (comme la taille ou le poids), les extrémités de cette distribution (très faible ou très fort désir) rassemblent des gens qui ne vivent pas de la même manière leur condition. L’étude DESIRE vise notamment à élucider ces questions. Ses animateurs ont donné de premiers résultats au congrès annuel de l’International Society for the Study of Women's Sexual Health, le 18 février dernier. Les résultats préliminaires font état d’une détresse personnelle et émotionnelle associée au TDSH chez un nombre significatif des femmes étudiées. Les sentiments de culpabilité, de honte et de distance avec le partenaire dominent.

mercredi 10 février 2010

Vers un kit de fertilité (masculine) à domicile ?

L’Institut de nanotechologie MESA+ (Université de Twente, Pays-Bas) vient de mettre au point un «labo sur puce» de poche, qui permet de mesurer en 12 secondes la concentration du sperme, et donc la fertilité masculine. Jusqu’à présent, un éjaculat devait être analysé en laboratoire dans l’heure qui suit, et par des méthodes de décompte non automatisées. Le système microfluidique de MESA+ utilise un système de nanobilles de polystyrène qui, avec une modification de l’impédance électrique, permettent de compter les cellules présentes dans l’échantillon. Ce kit est d’abord prévu pour un usage clinique, mais il pourrait faire l’objet d’une mise sur le marché de la grande consommation.

mardi 9 février 2010

Sexe, jalousie et attachement

La jalousie n’est pas exactement vécue de la même manière par les hommes et par les femmes, en moyenne du moins : les femmes ont tendance à être plus sensibles à l’infidélité émotionnelle (leur homme s’attache à une autre), les hommes à l’infidélité sexuelle (leur femme couche avec un autre). L’explication évolutionniste classique est la suivante : les hommes n’ayant aucune certitude sur la paternité, les plus vigilants sur le comportement sexuel de leur partenaire ont plus de chances de voir transmettre leurs gènes (que ceux du voisin) ; les femmes subissant un fort coût pour le développement de l’enfant (ovules rares, grossesse, allaitement, etc.), les plus attentives au maintien de leur partenaire dans le couple augmentent leur probabilité de survie et celle de leur descendance.

Kenneth Levy et Kristen Kelly, psychologues à l’Université de Pennsylvanie, ne remettent en cause ni les différences exprimées dans la jalousie ni la possibilité d’une base évolutive. Mais ils soulignent que d’autres explications concourent à expliquer le sentiment et le comportement jaloux. Et notamment le fait qu’une forte minorité d’hommes sont aussi bien sensibles à l’infidélité émotionnelle, et de femmes à l’infidélité sexuelle. Levy et Kelly suggèrent que la jalousie dépend aussi du degré d’attachement : au sein de leur genre, les individus diffèrent beaucoup dans l’importance qu’ils accordent aux manifestations émotives de leur partenaire et dans leur besoin de confiance en général. Certains sont plutôt autonomes (faible sensibilité à des signes de cohésion du couple, forte confiance), d’autres plutôt dépendants (forte sensibilité, faible confiance). Cet attachement, variable, dépend en partie des conditions de développement des individus.

Levy et Kelly ont analysé les réponses de 416 volontaires (99 hommes, 317 femmes) à deux questionnaires, l’un consacré à la jalousie, l’autre à la forme de l’attachement (échelle Relationship Questionnaire). Le différentiel homme-femme classique se retrouve pour l’infidélité sexuelle (53,5 % M versus 24,3 % F) et émotionnelle (46,6 % M versus 75,7 % F). Dans le même temps, les jalousies exprimées ont varié selon le degré d’attachement, entre le ssexes ou au sein de chaque sexe.

Référence : Levy KN, KM Kelly (2010), Sex differences in jealousy. A contribution from attachment theory, Psychological Science, e-pub, doi : 10.1177/0956797609357708

Fa’alafine : homosexualité et sélection de parentèle

Les habitants des îles Samoa (Polynésie) nomment Fa’alafine les hommes homosexuels, dont le comportement est socialement toléré et reconnu. Deux psychologues, Paul Vasey et Doug VanderLaan (Université de Lethbridge, Canada), ont pu profiter de ce statut particulier pour former une cohorte, analyser le comportement des homosexuels samoans et le comparer à celui d’individus hétérosexuels des deux sexes. Sans descendance directe, les Fa’alafine sont connus pour apporter beaucoup d’attention à leurs nièces et neveux – depuis la garde des enfants jusqu’à des dons pour les études en passant par toutes sortes de cadeaux au cours de leur développement. Vasey et VanderLaan ont enquêté sur cet altruisme, afin de savoir s’il est spécifiquement dirigé vers des apparentés ou s’il est généralisé à tous les enfants proches des Fa’alafine. La première hypothèse est la bonne : il existe une dissociation cognitive entre apparentés et non-apparentés, de sorte que le comportement avunculaire (propre à l’oncle) est spécifique.

Cette observation renforce une des hypothèses sur l’apparition et le maintien de l’homosexualité dans les sociétés humaines. Du point de vue de l’évolution, un comportement sexuel minimisant ou annulant la descendance devrait disparaître rapidement, si ce comportement possède lui-même une base génétique. Or tel n’est pas le cas de l’homosexualité, qui semble en partie dirigée par les gènes et pour autant persistante dans l’évolution humaine. Mais la sélection de parentèle prédit que l’aide à la survie de descendants indirects (cousins, neveux) peut aboutir au même résultat qu’une descendance directe, c’est-à-dire contribuer globalement à la fitness génétique d’une lignée apparentée.

Référence : Vasey PL, P VanderLaan (2010), An adaptive cognitive dissociation between willingness to help kin and nonkin in Samoan Fa'afafine, Psychological Science, e-pub, doi : 10.1177/0956797609359623

mercredi 3 février 2010

Sexe, taille et intelligence

Bien que les tests de QI soient standardisés pour minimiser les différences de genre dans une population, ils ne les effacent pas totalement. Une série d’études récentes a suggéré que les hommes ont un QI légèrement supérieur aux femmes (3-5 points, moyenne 100). Cette différence semble en fait varier au cours de l’existence : si les petites filles sont plus intelligentes que les petits garçons, la tendance s’inverse entre à partir de 10-14 ans. Quoique minime, la différence est significative sur le plan statistique.

Satoshi Kanazawa et Diane J. Reyniers proposent une explication simple à cette différence : la taille. Celle-ci est en effet positivement corrélée au QI (de même que le volume du cerveau et de diverses aires). Une fois la taille contrôlée, on observe… une inversion de la hiérarchie : ce sont les femmes qui sont légèrement plus intelligentes que les hommes.

Les deux auteurs examinent par ailleurs plus hypothèses évolutives pour expliquer le phénomène : appariement assorti des hommes intelligents et des femmes belles, des hommes grands et des femmes belles, facteur extrinsèque de corrélation entre taille et intelligence dans ces deux mécanismes, sex-ratio favorable aux fils dans la progéniture de ces unions.

Référence : Kanazawa S, DJ Reyniers (2009), The role of height in the sex difference  in intelligence, Am J Psychology, 122, 4, 527-536.

dimanche 24 janvier 2010

Orgasme féminin : mythes, faits, controverses

Résumé : Brusquement passée des ténèbres du continent noir où l’avait cantonné un siècle de psychanalyse, à l’aveuglante clarté de la médecine basée sur les preuves, la sexualité féminine n’en a pas pour autant livré tous ses secrets. L’orgasme des femmes, qui n’en finit pas de susciter débats et controverses depuis le xixe siècle en est une excellente illustration. Nombre de zones d’ombre persistent encore de nos jours, en particulier au niveau de l’existence du point G., qui a fait l’objet depuis les années 1980, d’un important phénomène médiatique rendant très difficile une lecture scientifique des faits s’y attachant. Il est quasiment possible de lire l’histoire récente des femmes au travers des grands débats d’idées qui nous agitent depuis près de deux siècles sur la nature de leur jouissance, vaginale ou clitoridienne. Au primat de l’orgasme vaginal de la fin du xixe siècle et du début du suivant, a succédé la dictature du clitoris des combats féministes, marquant l’émancipation sociale et sexuelle des femmes de la seconde moitié du xxe siècle. Mais les études les plus récentes, utilisant des moyens d’investigations modernes, font apparaître, derrière la classique opposition entre orgasme vaginal contre clitoridien, le concept d’une véritable unité anatomofonctionnelle liant clitoris, vulve, vagin, urètre et anus, sous la dépendance d’un même axe neurophysiologique. Le débat sur la sexualité féminine et la nature de l’orgasme au féminin est cependant toujours ouvert, après avoir mobilisé un demi-siècle de féminisme, et même si l’heure n’est plus à la guerre des sexes, il est encore très difficile de faire la part des choses entre évidences scientifiques et fausses croyances sur la sexualité féminine alimentant de trop nombreuses idées reçues.

Référence : Colson MH (2010), L’orgasme des femmes, mythes, défis et controverses, Sexologies, epub, doi:10.1016/j.sexol.2009.11.003.

Point G : aucune héritabilité

Le débat sur l’existence du point G continue de faire rage parmi les spécialistes. Bien qu’une certaine proportion de femmes rapporte l’existence de cette zone très sensible de la paroi antérieure du vagin, il n’existe pas de consensus sur sa base anatomique et biochimique. Les chercheurs du laboratoire du Timothy Spector (Kings’College, Londres) ont entrepris d’examiner l’héritabilité de ce point G, c’est-à-dire l’existence d’une base héréditaire dans les différences entre individus rapportant ou non son existence. À cet effet, 1804 jumelles âgées de 22 à 83 ans ont été interrogées. 56 % d’entre elles ont affirmé avoir un point G, cette prévalence baissant avec l’âge. Mais aucune influence génétique n’a pu être isolée. Conclusion des chercheurs : « Une des raisons pour cette absence d’héritabilité est que les femmes diffèrent dans leur capacité à détecter leur propre point G. Néanmoins, nous postulons que la raison de ce manque de variation génétique – en contraste avec tous les autres traits anatomiques et physiologiques – est qu’il n’existe aucune base physique au point G ».

Références : Burri AV et al (2010), Genetic and environmental influences on self-reported G-spots in xomen: a twin study, J Sex Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01671.x

Vélo et impuissance

Le lien entre vélo et impuissance est-il une légende urbaine ? Non. Frank Sommer et ses collègues ont passé en revue la littérature scientifique et médicale à ce sujet : leur travail confirme le risque accru de dysfonction érectile en cas de pratique régulière de la bicyclette. La compression périnéale entraîne probablement des troubles vasculaires, endothéliaux et neurogéniques. Référence : Frank Sommer et al. (2010), Bicycle riding and erectile dysfunction: a review, J Sex Med, epub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01664.x)

jeudi 21 janvier 2010

L’odeur des femmes et l’excitabilité masculine

Que l’odeur ne soit pas étrangère à la séduction, c’est ce dont témoigne trivialement le marché mondial de la parfumerie. Les femmes sont-elles cependant avisées de rechercher le secret du succès amoureux dans les dernières sophistications des créateurs ? Une étude de Jon K. Maner et de son étudiant Saul L. Miller (Université de Floride) incite à penser le contraire.

Dans cette expérience en deux temps, les chercheurs ont demandé à des femmes (4 et 11) ne prenant pas de contraceptifs oraux, ne mettant pas de parfum et n’utilisant pas de cosmétiques synthétiques de porter un T-shirt pendant trois nuits consécutives. Des hommes (37 et 68) devaient ensuite respirer l’odeur de ces T-shirts et les classer selon leur caractère agréable. Le taux de testostérone salivaire de ces hommes a été mesuré avant et après qu’ils aient reniflé le vêtement. Des T-shirts de contrôle, n’ayant jamais été portés par quiconque, ont aussi été utilisés.

Résultat : les hommes ont préféré l’odeur des T-shirts portés par les femmes à celle des T-shirts vierges de tout fluide humain. Au sein des T-shirts portés par les femmes, ce sont ceux portés pendant la période fertile (ovulation) qui ont eu le plus de succès. Le taux de testostérone a suivi l’appréciation subjective : minimum pour un T-shirt jamais porté par une femme, maximum pour les T-shirts des femmes fertiles.

Il existe donc une réponse biologique, sans doute inconsciente, à l’odeur des femmes fertiles.

Référence : Miller, S.L., J.K. Maner (2010). Scent of a woman: Men's testosterone responses to olfactory ovulation cues, Psychological Science, e-pub., doi: 10.11770956797609357733  (Téléchargeable sur la page de Saul L. Miller.)

Paraphilies : les deux-tiers des hommes concernés ?

On désigne par « paraphilies » un certain nombre de comportements sexuels jugés comme pathologiques, parce qu’ils se manifestent par une souffrance ou une détresse, chez le sujet ou chez le tiers. Pédophilie, zoophilie, voyeurisme, sado-masochisme sont quelques-unes des paraphilies les plus célèbres, mais il en existe bien d’autres.

Le caractère pathologique des paraphilies est cependant contesté pour nombre d’entre elles. Quoique fort minoritaires dans les pratiques, elles ne provoqueraient ni souffrance ni détresse particulière. Sans prétendre trancher, une équipe de chercheurs berlinois a étudié la présence des thématiques de paraphilies dans les motifs d’excitation de 367 hommes volontaires, âgés de 40 à 79 ans. Outre l’enquête sur leurs fantasmes, les sujets ont également et anonymement rempli deux autres questionnaires relatifs à leur santé et leur style de vie.

Résultats : 62,4 % des hommes ont rapporté une paraphilie comme motif d’excitation. Dans 1,7 % des cas seulement elle était associée à une détresse. Parmi les facteurs associés à la probabilité de développer (en fantasme ou en comportement) une paraphilie : le fait de vivre seul, de se masturber au moins une fois par semaine, d’avoir un faible score dans l’appréciation subjective de sa santé. Parmi les paraphilies, 8,5 % des hommes ont rapporté des fantasmes pédophiles, et 3,8 % une pratique.

Références : Ahlers CJ et al (2009), How unusual are the contents of paraphilias? Paraphilia-associated sexual arousal patterns in a community-based sample of men, J Sex Med, e-pub doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01597.x

mercredi 9 décembre 2009

Distance génétique et choix sexuel (chez le mandrill)

Le mandrill (Mandrillus sphinx) est un primate des forêts tropicales africaines, proche du babouin. Les mâles sont plus colorés que les femelles, avec une peau rouge, bleue et pourpre sur la face. Le dimorphisme assez marqué concerne aussi le poids (jusqu’à 35 kg pour un mâle, environ le tiers pour la femelle). Les mandrills sont des primates sociaux vivant dans des groupes parfois largos (jusqu’à 800 individus). Ils ont un régime sexuel polygame. Ces deux dernières caractéristiques les rapprochent de leurs cousins humains.

Une équipe internationale des universités de Durham, Cambridge et Montpellier, dirigée par Jo Setchell, a étudié la proximité génétique des partenaires sexuels, à travers des microsatellites neutres et les gènes du complexe majeur d’histccompatbilité (le système immunitaire). Leur objectif était de vérifier chez le mandrill une observation déjà faite dans de nombreuses autres espèces, dont l’homme : la tendance des individus à choisir un partenaire reproductif dont certains gènes sont différents des siens. Et c’est effectivement le cas chez les mandrills étudiés, qui appartenaient une population gabonaise vivant en régime semi-ouvert.

Cette sélectivité fait sens : des gènes complémentaires (hétérozygotes) dans le système immunitaire augmentent la résistance aux maladies de la descendance. Inversement, une endogamie trop stricte peut produire un fardeau génétique en accroissant la probabilité d’assortir des gènes récessifs liés à des pathologies. Dans les populations qui connaissent peu de migrations, il vaut donc mieux choisir un partenaire sexuel éloigné sur certains sites du génome. Mais comment s’opère cette reconnaissance sexuelle des gènes ? Au moins deux hypothèses sont ouvertes : par l’odorat (sélection depuis le phénotype par odeur corporelle) ou par des barrières de fertilisation chez la femelle (sélection directe du génotype par reconnaissance moléculaire et cellulaire).

Référence : Setchell JM et al (2009), Opposites attract: MHC-associated mate choice in a polygynous primate, J Evol Biol, e-pub, doi : 10.1111/j.1420-9101.2009.01880.x

mercredi 2 décembre 2009

Pilule pour hommes en vue

Une équipe de chercheurs vient de mettre en lumière sur un modèle murin un mécanisme relativement simple de contrôle de la fertilité masculine. Les biologistes ont mis en évidence le rôle clé des récepteurs à androgènes situés sur les cellules myoïdes, aussi appelées cellules tubulaires car elles se situent sur les tubes séminifères du testicule. Lorsque le récepteur est désactivé, la production de sperme et le résultat est l’infertilité provisoire des mâles. Ces travaux ouvrent la voie au traitement de certaines stérilités masculines, mais aussi à des pilules contraceptives ciblées sur ces récepteurs androgènes.

Référence : Welsh M et al (2009), Androgen action via testicular peritubular myoid cells is essential for male fertility, FASEB J., 23: 4218-4230, doi : 10.1096/fj.09-138412

lundi 30 novembre 2009

Les mâles ont-ils plus de personnalité que les femelles ?

C’est l’avis de Wiebke Schuett, Tom Tregenza et Sasha R.X. Dall, trois chercheurs de l’Université d’Exeter (Royaume Uni) qui publient une synthèse de la littérature parue à ce sujet depuis quarante ans. Par personnalité, il faut cependant entendre (de manière assez neutre) un schéma de comportement prédictible et prononcé au sein de la variance observée pour l'un ou l'autre sexe. Des passereaux aux humains, on observe que les mâles sont par exemple plus agressifs et plus portés à prendre des risques. Les femelles offrent des variations plus importantes pour ce qui relève des comportements territoriaux, sociaux ou reproductifs, c’est-à-dire en moyenne des comportements moins tranchés et moins prédictibles. Elles sont en revanche plus constantes… dans la sélection sexuelle des mâles porteurs des traits de personnalité en question. Ceux-ci pourraient donc être des signaux de fitness (recherche de nourriture, protection du territoire et des descendants, etc.) ayant émergé par la plus grande sélectivité des femelles.

Référence : Schuett W et al (2009), Sexual selection and animal personality, Biological Reviews, e-pub, doi : 10.1111/j.1469-185X.2009.00101.x

dimanche 29 novembre 2009

PSD502, futur remède contre l’éjaculation précoce ?

Si l’on en croit les présentations de Sciele Pharma au congrès annuel de la société américaine de médecine sexuelle, le PSD502 tient ses promesses contre l’éjaculation précoce et pourrait devenir le premier médicament mis sur le marché pour cette indication spécifique. Ce spray, à base de lidocaïne et prilocaïne, agit sur les cellules non-kératinisées du gland. L’essai randomisé mené sur 256 patients des États-Unis, du Canada et de Pologne montre un temps moyen d’intromission de 2,6 minutes avant éjaculation pour les personnes ayant reçu le PSD502, contre 0,8 minute pour ceux qui avaient reçu un placebo. L’éjaculation précoce est aujourd’hui définie comme une dysfonction sexuelle masculine caractérisée par une éjaculation survenant avant ou dans la minute suivant la pénétration du pénis lors de l’acte sexuel, et cela dans tous ou presque tous les actes. Elle se traduit par divers désagréments psychologiques (frustration, détresse, gêne, refus de l’intimité sexuelle).

samedi 28 novembre 2009

Sélection sexuelle des gènes ancestraux dans les populations latino-américaines

Les unions à visée reproductive ne se font pas au hasard dans les populations humaines, et les chercheurs se penchent de longue date sur les facteurs discriminants dans les choix du partenaire. Ce peut être l’âge, l’éducation, l’activité ou le niveau socio-économique, la taille, le poids, l’appartenance religieuse ou ethnique. On parla d’assortative mating (appariement assorti) quand des partenaires tendent à se sélectionner selon des traits partagés plutôt que dissemblables. Un groupe de chercheurs nors-américains, mexicains et portoricains a étudié les mariages au Mexique, à Porto-Rico et aux Etats-Unis, dans des zones à populations très mélangées dont les ancêtres sont d’origine africaine, européenne ou amérindienne. Ils ont utilisé 104 marqueurs génétiques ancestraux indiquant la provenance des individus. Il ressort de leur étude que les mariages actuels connaissent encore un biais de sélection en faveur de partenaires possédant les mêmes gènes ancestraux.

Référence : Risch N et al (2009), Ancestry-related assortative mating in Latino populations, Genome Biology, 10:R132, doi:10.1186/gb-2009-10-11-r132

vendredi 27 novembre 2009

L’hypersexualité est-elle un trouble ?

Jadis appelée nymphomanie chez les femmes et satyriasis chez les hommes, l’hypersexualité se définit comme un besoin compulsif de rechercher le plaisir sexuel. Elle n’est pas reconnue comme trouble psychiatrique / comportemental, mais dans le cadre de la révision du manuel diagnostique de santé mentale (DSM-V, 2012), certains plaident en faveur de cette évolution. C’est le cas de Martin P. Kafka, qui a déjà produit plusieurs travaux à ce sujet et publie une synthèse dans les Archives of Sexual Behavior. Selon Kafka, on pourrait comparer le comportement sexuel au comportement alimentaire (tous deux procurant du plaisir lié à un acte) : de même qu’il existe des anorexiques et des boulimiques, on trouve dans toute population des hyposexués et des hypersexués. La dimension de trouble apparaît quand le sujet hypersexuel ressent une détresse personnelle (incapacité à satisfaire sa libido et à nouer des relations équilibrées avec ses partenaires), quand il adopte des comportements à risque (multiplication impulsive des partenaires et augmentation conséquente du risque de contamination par MST) ou quand il provoque des problèmes sociaux et légaux (certains violeurs entreraient dans le cadre de cette hypersexualité). Kafka a d’ailleurs publié des études sur la castration chimique, sujet très débattu en France, travaux suggérant qu’un traitement sur certaines monoamines de l’humeur serait plus efficace que l’action sur les androgènes.

Référence : Kafka MP (2009), Hypersexual disorder: A proposed diagnosis for DSM-V, Arch Sex Behav, e-pub, doi : 10.1007/s10508-009-9574-7

jeudi 26 novembre 2009

Santé générale et sexuelle chez les Européens vieillissants

Selon une étude menée dans huit pays sur 3369 hommes, âgés de 40 à 79 ans (âge moyen 60 ± 1 an), plus de 50 % des hommes mûrs rapportent un souci de santé. Concernant la santé générale, arrivent en tête l’hypertension (29 %), l’obésité (24 %) et les maladies cardiovasculaires (16 %). Environ 30 % des hommes de plus de 40 ans confessent des troubles de l’érection, et ils sont 6 % à rapporter un déficit grave d’orgasme. L’âge est le principal facteur de risque pour ces deux troubles. Seulement 38 % des hommes souffrant d’une dysfonction érectile s’en plaignent, principalement entre 50 et 59 ans. Les pays en transition d’Europe orientale (Pologne, Estonie) sont plus frappés que les pays d’Europe occidentale.

Référence : Corona G. et al (2009), Age-related changes in general and sexual health in middle-aged and older men: Results from the European Male Ageing Study (EMAS), J Sex Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01601.x

mercredi 25 novembre 2009

Religion et comportement sexuel

Le sexe et la religion sont deux domaines qui intéressent les chercheurs, particulièrement d’inspiration darwinienne. Et il en va de même pour leurs interactions. Deux travaux récemment parus apportent quelques informations à ce sujet.

Dans le premier, le sociologue Alfred DeMaris s’intéresse aux déterminants du sexe extraconjugal. Ils se fondent sur une étude longitudinale, commencée 20 plus tôt auprès de 1270 volontaires maris répondant régulièrement à des questionnaires. Parmi les facteurs qui augmentent le risque de tromperie, on trouve les tentatives de séparation, la violence domestique, le moindre temps passé à des activités communes avec le partenaire. Et parmi les facteurs qui diminuent le risque, la religiosité des individus.

C’est ce rôle de modérateur de la religion qu’une autre étude, menée par David M. Njus et Cynthia M.H. Bane, a tenté d’approfondir. Le point de départ est la théorie des stratégies sexuelles du psychologue évolutionniste David Buss, selon laquelle les hommes auront en moyenne plus facilement tendance que les femmes à rechercher des aventures de court terme. Les deux chercheurs font l’hypothèse que la religion va influer sur ces stratégies sexuelles, et particulièrement sur celle des mâles, dans la mesure où les femmes engagent plus aisément dans une relation durable. Deux études ont été menées sur 1219 et 2234 étudiants en université (âge moyen 19,1 ans), dont les chercheurs ont étudié la religiosité générale et, selon le Revised Religious Life Inventory, ses trois composantes distinctes : religiosité intrinsèque (la religion valable en elle-même), religiosité extrinsèque (religion comme moyen au service d’une fin), religiosité de quête (religion comme questionnement sur le sens de l’existence). Il en ressort que le degré de religiosité générale a une influence modératrice sur le nombre de partenaires sexuels à court terme et les différences hommes-femmes. Mais que seule la religiosité intrinsèque possède cet effet.

Références : DeMaris A (2009), Distal and proximal influences on the risk of extramarital sex: A prospective study of longer duration marriages, J Sex Research, 46, 6 597-607 ; Njus DM, CMH Bane (2009), Religious identification as a moderator of evolved sexual strategies of men and women, J Sex Research, 46, 6, 546-557.

mardi 24 novembre 2009

Variabilité génétique de la réponse des mâles aux partenaires

Le fait d’être exposé à un partenaire potentiel provoque chez le mâle de nombreuses espèces une élévation du taux de testostérone et des concentrations de glucocorticoïdes. Des études ont montré que le mâle humain ne déroge pas à la règle, avec toutefois d’importantes variations individuelles. Une équipe de chercheurs du département de psychologie de l’Université de Californie (Santa Barbara) s’est intéressée aux bases biologiques de ces différences. Leur travail a d’abord montré, dans la continuité des recherches précédentes, que l’on observe une élévation des concentrations de testostérone et de cortisol dans la salive d’hommes ayant discuté avec une jeune femme attirante, alors que ces deux molécules ne changent pas (ou décroissent légèrement) lors d’une discussion avec un autre homme (les volontaires de cette recherche étant hétérosexuels). La production de testostérone semble associée d’une part à un moindre taux basal de cortisol, d’autre part à une séquence répétée (CAG) dans le gène du récepteur aux androgènes. Cette dernière observation montre qu’un polymorphisme génétique peut prédire certains patterns psychologiques dans les interactions sociales et sexuelles.

Référence : Roney JR et al (2009), Androgen receptor gene sequence and basal cortisol concentrations predict men's hormonal responses to potential mates, Proc Roy Soc B Biol Sci, e-pub (2010, 2777, 57-63), doi: 10.1098/rspb.2009.1538


lundi 23 novembre 2009

Playboy et les stéréotypes du sexe féminin

Vanessa R. Schick et deux collègues (Université de l’Indiana, Université de Washington) ont passé en revue 647 posters centraux de femmes nues publiés dans Playboy entre 1953 et 2007, et 185 autres images du même magazine (montrant toujours des femmes nues) parues en 2007 et 2008. Leur objectif : se faire une idée plus précise de l’image du sexe féminin dans les médias de masse l’exposant. Les chercheurs ont ainsi examiné en détail l’apparence génitale (visibilité du mont de Vénus et des grandes lèvres, couleur et forme des petites lèvres, style de la pilosité pubienne) et l’apparence générale (taille, hanche, buste, indice de masse corporelle) des modèles. Leur conclusion : les médias perpétuent l’image de la poupée Barbie avec une taille fille, une poitrine proéminente, un organe génital à poil rare ou inexistant rappelant celui d’une jeune fille prépubère.

Référence : Schick VR et al (2009), Evulvalution: The portrayal of women's external genitalia and physique across time and the current Barbie doll ideals, J Sex research, e-pub, doi : 10.1080/00224490903308404

samedi 21 novembre 2009

Flibansérine : un Viagra pour femme ?

La flibansérine, une molécule initialement développée comme antidépresseur, semble avoir un effet notable sur le désir féminin. C’est ce qu’a rapporté le 16 novembre dernier Elaine E Jolly (Université d’Ottawa) au congrès de la Société européenne de médecine sexuelle, qui se tenait à Lyon. Le Pr Jolly a livré les premiers résultats de quatre essais cliniques de la flibansérine menés en Europe, aux États-Unis et au Canada, sur un total de 1946 femmes âgées de plus de 18 ans et non ménopausées. Pendant 24 semaines (dont 16 de traitement effectif), ces femmes ont reçu soit un placebo, soit la flibansérine, cette dernière étant administrée en deux doses de 25 mg, deux doses de 50 mg ou une dose de 100 mg. Seuls les traitements totalisant 100 mg/jour ont été effectifs.

Les femmes ayant suivi le traitement ont été questionnées pendant les 24 semaines sur six variables : nombre d’actes sexuels ayant procuré du plaisir, évaluation du désir (par journal électronique quotidien), indice de fonctionnement sexuel (FSFI) dans le domaine du désir, FSFI total, échelle de détresse sexuelle révisée (FSDR-R), dont l’item 13 centré sur le désir. Ces différents tests ont connu une amélioration significative chez les femmes absorbant la flibansérine par rapport à celles qui prenaient un placebo. Le nombre mensuel moyen de rapports sexuels satisfaisants est par exemple passé de 2,8 à 4,5 au cours du traitement (le placebo ayant tout de même fait monter le chiffre à 3,7).

Certains commentateurs sont cependant sceptiques. Le résultat, s’il est statistiquement significatif, n’est pas forcément pertinent du point de vue clinique. Et le trouble du désir sexuel hypoactif, qui frapperait 10 à 25 % des femmes selon leur âge et leur condition, est contesté par une partie des cliniciens du sexe, qui n’y voient pas nécessairement un trouble.

vendredi 20 novembre 2009

Sélection sexuelle sarde (au siècle passé)

Un groupe de chercheurs italiens des universités de Parme et Sassari a étudié la configuration des mariages dans la ville d’Alghero (Sardaigne), entre 1856 et 1925. Les informations médicales d’origine militaire et les registres d’état-civil leur ont permis d’analyser les conditions d’accès au mariage des hommes selon leurs caractéristiques physiques et sanitaires. Les individus de petite taille et de mauvaise santé à l’âge de 20 ans étaient l’objet d’une sélection négative pour le mariage, alors même que la plupart des unions étaient encore arrangées dans la société sarde de cette époque. Plus le niveau socio-économique est élevé (et le mariage organisé par les familles), plus la sélection est forte sur les deux traits dans la population masculine.

Référence : manfredini M et al (2009), Spouse selection by health status and physical traits. Sardinia, 1856-1925, Am J Phys Anthropol, e-pub, doi : 10.1002/ajpa.21150

jeudi 19 novembre 2009

Sexualité des athlètes féminines turques

Des chercheurs turcs ont comparé divers paramètres chez un groupe de femmes athlètes (25) et un autre de femmes sédentaires en bonne santé (25). Parmi les contrôles effectués, une mesure du flux de sang clitoridien par ultrason Doppler, le questionnaire FSFI (Female Sexual Function Index) sur l’activité sexuelle. Les cinquante femmes avaient le même âge moyen, le même âge pour les premières règles, le même âge de mariage et un indice de masse corporelle comparable. En dehors du domaine du désir, comparable, les autres scores du FSFI ont montré des divergences significatives, avec une fonction sexuelle de meilleure qualité pour les femmes athlètes. Il en va de même pour le flux sanguin au niveau du clitoris.

Référence : Karatas OF et al (2009), The evaluation of clitoral blood flow and sexual function in elite female athletes, J Sexual Medicine, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01569.x

mercredi 18 novembre 2009

Nombre de partenaires sexuels : les femmes mentent-elles aux enquêteurs?

Depuis les années 1950, de grandes enquêtes ont été menées sur la vie sexuelle de nos contemporains. Leurs résultats de ces enquêtes donnent en général des portraits assez exacts du comportement sexuel des hommes et des femmes. Par exemple, lorsque l’on demande le nombre de partenaires dans l’année écoulée, la fréquence et la durée moyenne des actes sexuels, l’acceptation du sexe anal ou oral, on obtient des réponses cohérentes dans les échantillons. Mais un domaine pose problème : le nombre total de partenaires sexuels au cours de l’existence. Dans toutes les enquêtes, les hommes rapportent plus de partenaires que les femmes – assez typiquement, les réponses varient de 5 à 9 partenaires masculins et 8 à 14 partenaires féminins chez les personnes de quarante ans et plus. Or, il est statistiquement impossible que le nombre moyen des partenaires diffère d’un sexe à l’autre. La dispersion du résultat au sein de chaque sexe peut certes être différente - c’est-à-dire, par exemple, une proportion plus ou moins grande dans chaque sexe d’individus ayant un très petit ou un très grand nombre de partenaires. Mais quelle que soit cette dispersion au sein des populations féminine et masculine, la moyenne devrait être la même.

Plusieurs explications ont été avancées. La plus convaincante (car la plus fréquemment observée, par différentes méthodes) est que les femmes ont tendance à sous-estimer leur nombre de partenaires, et non les hommes à le surestimer. Un nouveau travail de Camil Castelo-Branco et ses collègues vient appuyer cette perspectives. Les chercheurs ont analysé les réponses de 2332 femmes à une enquête relative au lien entre sexualité et santé après la ménopause. Ces femmes, âgées de 45 à 64 ans, ont répondu tantôt par une interview directe, tantôt par un questionnaire anonyme. Or, on constate des différences substantielles. Le pourcentage de femmes reconnaissant avoir des partenaires occasionnels ou non-conventionnels est deux fois plus élevé dans la réponse anonyme que dans celle au praticien. La concordance la plus levée (88,07%) se retrouve pour les femmes ne reportant aucune relation sexuelle, mais elle est nettement moindre dans les autres cas.

Référence : Castelo-Branco C et al (2009), Do patients lie? An open interview vs. a blind questionnaire on sexuality, J Sexual Medicine, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01575.x

mardi 17 novembre 2009

Des jambes et des seins

Les chercheurs s’intéressent de longue date à diverses caractéristiques physiques orientant les préférences hétérosexuelles ou homosexuelles. Une équipe internationale menée par David A Frederick s’est intéressée au ratio jambe-corps – les mâles étant censés être attirés par de longues jambes chez leur partenaire potentiel. Trois échantillons (207, 940, 114 personnes respectivement) ont été composés au Royaume-Uni et aux États-Unis. Les chercheurs leur ont soumis des photographies de corps féminin dont le ratio jambe-corps avait été modifié, et les volontaires notaient l’attractivité physique de chaque modèle. Il ressort en fait qu’un ratio moyen est jugé le plus attractif. Les chercheurs soulignent que la manipulation informatique des images permet des mesures plus précises.

Ce genre de travaux laisse toujours ouverte l’interprétation de ses résultats : s’agit-il d’une préférence socialement conditionnée ou biologiquement déterminée ? Les deux hypothèses ne s’excluent évidemment pas puisqu’une préférence biologique moyenne aura tendance à produire une préférence sociale moyenne.

Dans ce registre de ce qu’il nomme la « mystique Barbie », le même David A. Frederick avait publié une autre étude, cette fois sur la taille et la forme des seins. Un impressionnant échantillon de 52.227 hommes et femmes hétérosexuels, âgés de 18 à 65 ans, a répondu à un questionnaire en ligne de satisfaction. 70 % des femmes se sont déclarées insatisfaites de leurs seins, mais 56 % des hommes n’avaient pourtant rien à redire à la poitrine de leur compagne. Plus les femmes sont jeunes et minces, plus elles sont concernées par la taille de leurs seins ; plus elles sont âgées et plus la forme prend de l’importance. Parmi les effets secondaires d’une image négative de ses seins : moindre satisfaction de son corps en général, hésitation à se mettre en maillot de bain, plus de difficulté à se déshabiller devant son partenaire et à lui montrer sa poitrine pendant l’acte sexuel. La chirurgie esthétique mammaire, qui a connu un boom impressionnant depuis deux décennies, ne devrait donc pas avoir trop de difficulté à trouver de nouvelles adeptes…

Références : Frederick DA et al (2009), The influence of leg-to-body ratio (LBR) on judgments of female physical attractiveness: Assessments of computer-generated images varying in LBR, Body Image, e-pub, doi:10.1016/j.bodyim.2009.09.001 ; Frederick DA et al (2008), The Barbie Mystique: Satisfaction with breast size and shape across the lifespan, Int J Sex Health, 20, 3, 200-211, doi : 10.1080/19317610802240170.

lundi 16 novembre 2009

Consommation précoce de pornographie et compulsivité sexuelle

Il est fréquent d’entendre dire que la consommation précoce de matériel pornographique a toute sorte de conséquences, généralement néfastes, sur le développement sexuel ultérieur de l’individu. Mais il est rare de trouver des arguments chiffrés à l’appui de cette hypothèse. Une équipe psychologues et sociologues de l’Université de Zagreb (Croatie) a analysé le lien entre l’usage du X chez l’adolescent ou pré-adolescent et l’impulsivité sexuelle chez l’adulte. Cette dernière était estimée par l’échelle de compulsivité de Kalichman et Rompa chez 1528 hommes et femmes hétérosexuels, âgés de 18 à 25 ans. Une compulsivité sexuelle élevée était associée chez cet échantillon à des prises de risque dans l’acte (principalement chez les femmes), à une faible intimité dans les relations de couple et à une faible satisfaction de sa vie sexuelle. Mais aucun lien significatif n’a été trouvé entre l’exposition précoce (14 ans) à du contenu pornographique et la compulsivité sexuelle, que ce soit chez les hommes ou les femmes.

Référence : Stulhofer A et al (2009), Is early exposure to pornography a risk factor for sexual compulsivity? Findings from an online survey among young heterosexual adults, Int J Sex health, 20, 4, 270-280, doi : 10.1080/19317610802411870

samedi 14 novembre 2009

Erreur d’emplacement de la cible érotique

Dans le cadre de la révision en cours du DSM-IV-TR (parution du DSM-V en 2012), Anne A Lawrence, psychologue à l’Université de Lethbridge, revient sur un modèle des paraphilies proposé au début des années 1990 par Ray Blanchard : l’erreur d’emplacement de la cible érotique (en anglais ETLE pour Erotic target location errors). Il s’agit d’une focalisation de l’excitabilité sexuelle sur des objets incongrus ou rares par rapport à la moyenne des pratiques humaines – les exemples les plus connus étant les fétichismes et le transvestisme. A.A. Lawrence propose que les « paraphilies » soient étiologiquement reclassées en trois catégories : préférences inusuelles de la cible érotique (par exemple pédophilie), préférences inusuelles de l’activité érotique (par exemple exhibitionnisme) et erreur d’emplacement de la cible érotique (par exemple fétichisme). Pour les sciences cognitives et comportementales, l’enjeu est de comprendre comment et pourquoi l’esprit humain en développement se détache des normes d’attractivités hétérosexuelles ou homosexuelles les plus courantes pour construire ainsi des schémas érotiques singuliers. Pour la psychiatrie et la médecine, les dimensions d’inconfort, de détresse ou de souffrance doivent être questionnées, car elles seules permettent de fixer la frontière entre ce qui est un trouble (ressenti comme tel par le sujet) et ce qui n’en est pas (quelle que soit la perception des autres, mais bien sûr en dehors des violences et contraintes exercées sur autrui).

Référence : Lawrence AA (2009), Erotic target location errors: An underappreciated paraphilic dimension, J Sex Research, 46, 2-3, 194-215, doi : 10.1080/00224490902747727

vendredi 13 novembre 2009

Spiritualité et sexualité : une influence sur les femmes

On associe couramment la religion à une pratique limitée ou codifiée du sexe. Mais qu’en est-il de la spiritualité ? Par ce trait, distinct de la religiosité, les psychologues désignent des sentiments comme le fait de sentir connecté au monde et en harmonie avec les autres, sans qu’un dieu ou une église soient nécessairement impliqués comme médiation. La spiritualité est mesurée par des questionnaires standardisés comme le Spiritual Transcendence Scale.

Jessica Burris et ses collègues (département de psychologie de l’Université du Kentucky) ont interrogé 353 jeunes adultes, âgés de 17 à 29 ans, dont 61 % de femmes. Il en ressort que la spiritualité est, pour les femmes mais non pour les hommes, un facteur prédictif du nombre de partenaires sexuels, de la fréquence des rapports sexuels et de la tendance à avoir des rapports sans préservatifs. La spiritualité explique mieux la variance de ces traits que d’autres caractéristiques mesurés comme l’impulsivité, la religiosité et l’usage d’alcool. Ce travail, s’il devait être confirmé sur des échantillons plus importants, peut bien sûr inspirer des réflexions darwiniennes sur l’émergence et la diffusion de la spiritualité dans l’évolution humaine.

Référence : Burris JL et al (2009), Relations among religiousness, spirituality, and sexual practices, J Sex Research, 46, 4, 282-289, doi : 10.1080/00224490802684582

jeudi 12 novembre 2009

Ratio 2D:4D en Chine et chez les primates

Lorsque l’on est un homme, la probabilité est forte que son annulaire (4D) soit plus long que son index (2D). Et inversement si l’on est une femme. Dans la littérature scientifique, on parle de ratio 2D : 4D, c’est-à-dire de la longueur d’index divisée par la longueur d’annulaire. Ce ratio est un trait montrant un net dimorphisme sexuel, avec des valeurs plus faibles en moyenne chez les hommes que chez les femmes (inférieures à 1 chez l’un, égal ou supérieur à 1 chez l’autre).

Le sujet peut sembler futile, il a pourtant donné naissance à des centaines de travaux. Car ce ratio digital est corrélé positivement ou négativement à un grand nombre de traits, au-delà du simple hasard des associations statistiques. En vrac : les capacités visuospatiales, les aptitudes verbales, l’émotivité, l’agressivité, la capacité sportive chez les femmes, l’homosexualité chez les Caucasiens, le poids à la naissance, le nombre de spermatozoïdes par éjaculat, la dépression, l’autisme et le syndrome d’Asperger, l’hyperplasie congénitale, l’obésité, les pathologies cardiaques…

Deux recherches récentes illustrent cet intérêt. Dans la première, une équipe de chercheurs chinois et américains a étudié le ratio 2D : 4D chez une population de 118 hommes et 103 femmes, âgés de 18 à 31 ans, hétérosexuels et droitiers. Étaient également mesurés le taux de testostérone dans la salive et le degré de masculinité/féminité des attitudes et comportements. Si les hommes ont montré un ratio inférieur aux femmes, il n’a pas été possible en revanche de retrouver des corrélations significatives entre ce ratio t les autres facteurs analysés. Les scientifiques suggèrent que la définition de la masculinité (ou de la féminité) présente une importante diversité culturelle.

L’autre travail, mené par Emma Nelson (Université de Liverpool) et Susanne Shultz (Université d’Oxford), concerne des primates de l’Ancien et du Nouveau Monde. Les chercheuses montrent que le ratio 2D : 4D, supposé provenir d’une exposition précoce aux androgènes, varie selon les espèces, qu’il est plus bas dans les espèces à mâle dominant pratiquant la polygynie et plus élevé chez celles pratiquant des unions plus stables entre deux individus. Plus la compétition intrasexuelle (intermâle) est forte et plus le ratio est bas, indiquant un rôle des hormones masculines dans le développement. L’espèce humaine se situe entre les singes du Nouveau Monde à ratio bas et les primates de l’Ancien Monde les plus adeptes de la promiscuité.

Références : Yang CFJ et al (2009), Second to fourth digit ratios, sex differences, and behavior in Chinese men and women, Social Neuroscience, 4, 1, 49-59, doi : 10.1080/17470910801942876 ; Nelson E, S Shultz (2009), Finger length ratios (2D:4D) in anthropoids implicate reduced prenatal androgens in social bonding, Am J Phys Anthrop, e-pub, doi : 10.1002/ajpa.21157 

mercredi 11 novembre 2009

Personnalité et cognition des sujets pédophiles

Autant la pédophilie bénéficie souvent d’une forte couverture médiatique, autant les recherches scientifiques et médicales sur les sujets pédophiles sont rares. Deux psychiatres allemands, Tillmann H.C. Kruger et Boris Schiffer, ont examiné 20 individus convaincus de pédophilie, neuf exclusivement attirés par les garçons et onze par les filles, en comparaison d’un groupe de contrôle de 28 sujets sains. Quatre tests cognitifs et deux tests de personnalité ont été menés. Les sujets pédophiles montrent des déficits neurocognitifs et des troubles de la personnalité dans la majorité de ces tests. Les deux psychiatres ont notamment observé une intelligence et un traitement de l’information inférieurs à la moyenne, des scores élevés en tendance sociopathe et paranoïaque, des manifestations de dysfonction et d’obsession sexuelles. Ces observations, bien que menées sur un faible nombre de sujets, convergent avec des travaux antérieurs et suggèrent que l’orientation pédophile procède d’un trouble précoce dans le développement neurocognitif de la personne. L’ensemble des facteurs génétiques, neurologiques et sociaux expliquant que les fonctions cérébrales du désir se focalisent sur des individus impubères, du même sexe ou de sexe opposé, reste à déterminer.

Référence : Kruger THC, B Schiffer (2009), Neurocognitive and personality factors in homo- and heterosexual pedophiles and controls, J Sexual Med, e-pub, doi : 10.1111/j.1743-6109.2009.01564.x

mardi 10 novembre 2009

Perversions féminines au XIXe siècle

Débauches, anomalies, inversions, perversions… à partir du XVIIIe siècle, la médecine a volontiers pathologisé l’ancienne catégorie morale et religieuse du vice. De plus en plus engagés dans une logique expérimentale, les médecins se livrent alors à des observations de cas cliniques, qui sont ensuite rattachés à des récits explicatifs. La vieille théorie humorale, héritée de l’Antiquité et encore en vogue au début du XIXe siècle, cédera peu à peu la place à des hypothèses nerveuses et psychologiques (influences de Charcot, Esquirol, Pinel…).

Nombre de ces travaux de la jeune sexologie ont été réédités et sont accessibles – on pense aux noms de Binet, Tarde, Charcot, Krafft-Ebing, Havelock Ellis, Hirschfeld. Mais ils ont pour point commun de rapporter exclusivement ou presque des cas masculins de ce que l’on nomme aujourd’hui les « paraphilies ». Sylvie Chaperon, historienne des sciences et de la médecine, comble donc un vide dans l’espace francophone en publiant cette anthologie des perversions féminines telles qu’elles furent rapportées par des médecins. Il est certes probable que l’incidence de ces « perversions » est, hier comme aujourd’hui, plus forte dans la population masculine que dans la population féminine. Mais l’exclusion de la parole féminine reflète aussi les préjugés de l’époque, où les femmes sont rarissimes dans les professions de chercheurs, médecins et universitaires, où la « biopolitique » nationale est marquée par le souci de santé des populations et la crainte de la dégénérescence.

Et pourtant, les femmes connaissent bel et bien les perversions : des cas d’onanisme, fétichisme, exhibitionnisme, nymphomanie, érotomanie, saphisme, tribadisme, et même nécrophilie, zoophilie ou pédophilie sont décrits dans ce recueil, avec bien sûr toute la dimension « littéraire » et édifiante que pouvaient avoir les annotations de l’époque, malgré le souci croissant d’une crédibilité scientifique. Cet essai, de lecture plaisante, apportera donc des éléments utiles pour comprendre la naissance de la sexologie mais aussi, plus généralement, pour mesurer les influences socio-culturelles sur l’évolution des sciences psycho- et biomédicales. Alors que le manuel psychiatrique DSM-V est annoncé pour 2012 et que de nombreux débats se lèvent notamment sur sa révision dans le domaine des « paraphilies », un tel recul historique est le bienvenu.

lundi 9 novembre 2009

Usages du lubrifiant

Selon une étude présentée ce jour par Debby Herbenick (Université de l’Indiana), l’usage de lubrifiant est un atout majeur du plaisir lors de l’acte sexuel. Les chercheurs dirigés par Herbenick ont enquêté auprès de 2453 femmes (âge moyen 32,5 ans, 85,6% hétérosexuelles, 56,4% mariées). Celles qui utilisent régulièrement du lubrifiant ont rapporté une augmentation du confort et du plaisir de l’acte dans 66,5% des cas. La première motivation de leur usage est d’éviter les déchirures tissulaires (22%), qui augmentent le risque de transmission du VIH. Une autre étude, menée cette fois sur 1834 hommes (et 8876 actes sexuels), a révélé un usage de lubrifiant dans 24,7% des actes. Dans 22,5% des cas, le gel est enduit directement sur le pénis (ou le préservatif), dans 16,2% autour du vagin, dans 16,2% encore sur les deux zones. Les hommes apprécient plus le lubrifiant avec leurs femmes (ou partenaires officielles) que lors du sexe occasionnel.

dimanche 8 novembre 2009

La sélection sexuelle... du plus gros consommateur ?

Dans un article théorique, Gianni de Fraja (universités de Rome et de Leicester) pose l’hypothèse de travail que le désir insatiable d’accroissement de la consommation a pour origine… la sélection sexuelle. La consommation ostentatoire se serait développée au sein de l’espèce humaine comme un caractère sexuel secondaire, c’est-à-dire un marqueur externe de fitness ayant pour fonction de séduire des partenaires du sexe opposé. L’hypothèse n’est pas vraiment nouvelle puisque le psychologue Geoffrey Miller l’avait formulée dans son essai The Mating Mind. Mais G. de Fraja, qui est économiste, l’applique à sa discipline et à la fonction de maximisation d’utilité. On observera que cette perspective, tout à fait recevable, n’explique cependant pas la diversité des régimes économiques (et sexuels) développés par les humains dans le passé ou le présent.

Référence : De Fraja G (2009), The origin of utility: Sexual selection and conspicuous consumption, Journal of Economic Behavior & Organization, 72, 1, 51-69 doi : 10.1016/j.jebo.2009.05.019

samedi 7 novembre 2009

Sexe, exploitation, évolution

David Buss, psychologue évolutionniste (Université du Texas), spécialiste des questions amoureuses et sexuelles, introduit dans la dernière livraison de Behavioral and Brain Sciences la question de l’exploitation et des émotions qui lui sont attachées. L’exploitation (de la femme par l’homme) est un thème classique de la littérature féministe moderne. Il intéresse aussi l’approche darwinienne.

Buss distingue trois catégories fondamentales de stratégie pour acquérir des ressources reproductivement utiles : l’acquisition individuelle (par le travail, la collecte, la chasse, etc.), l’acquisition coopérative (échange, altruisme, coalition, etc.) et l’exploitation. Cette dernière connaît divers degrés d’intensité : des formes très modérées consistent à ne pas rendre autant que l’on a reçu dans un échange fondé sur la réciprocité ; des formes extrêmes résident dans la guerre pour s’approprier les ressources (et les partenaires sexuels potentiels) d’un groupe adverse. Le chercheur observe qu’en dehors de certains travaux sur la tromperie / tricherie et sa détection dans les sciences cognitives, très peu de recherches ont été consacrées à cette notion d’exploitation et d’exploitabilité dans l’évolution, ainsi qu’aux mécanismes de défense développés pour repérer les exploiteurs ou se protéger d’eux.

Amour et sexualité occupent une place intéressante dans les stratégies interpersonnelles d’exploitation, et c’est ainsi que le problème est parfois posé dans la culture populaire (depuis l’homme profitant gratuitement du travail à domicile de sa partenaire ou brutalement de la fertilité d’une femme sexuellement agressée jusqu’à la femme exploitant les ressources issues d’un bon mariage ou de divorces plus fructueux encore). Pour Buss, des émotions comme la peur, la colère, la jalousie ont typiquement évolué pour éviter que la confiance ne soit trompée, notamment la confiance induite par le sentiment amoureux.

Référence : Buss DM (2009), The role of emotions in adaptations for exploitation, Behavioral and Brain Sciences (2009), 32, 391-392, doi: 10.1017/S0140525X09991087